Cannes : Le fun fact (rebelle) du jour
Légendes urbaines ou urbanités légendaires, ici tout est bon à savoir. Considération du jour : qui sont les « Thug » du festival ?
A tous ceux qui ignorent encore quel est le point commun entre Isabelle Adjani et Paul Newman (en terrain cannois s’entend), c’est ici que ça se passe. Il est de notoriété publique que la légende du festival de Cannes repose autant sur ses mondanités que sur ses incivilités. Et quoique qu’en pensent certains, les deux sont parfois liés. Ainsi l’actrice française et l’acteur américain ont tous les deux été « blacklisté » par les photographes - haie de déshonneur, appareil-photos à terre - lors de leur montée des marches, respectivement en 1983 (pour L’Été meurtrier) et en 1975 (pour La Chatte sur un toit brulant), pour cause de relations tendues avec les paparazzi sur place. En 1995, c’est toute l’équipe de La Haine, film de Matthieu Kassovitz, qui a eu droit au même traitement de la part cette fois des services de sécurité, dos tournés, en réponse à ce qu’ils estimaient être « un pamphlet anti-police ». Les cinéastes Gaspar Noé et Julia Ducournau ont quant à eux pour point commun de détenir le record du nombre de malaises en salle lors des projections officielles d’Irréversible (en 2002) et de Titane (en 2021), cumulant près de 200 évacuations. Lars Von Trier, habitué des polémiques sur la Croisette, fut déclaré en 2011 persona non grata par les officiels pour ses propos antisémites en conférence de presse lors de la promotion de Melancholia, après avoir déjà remué les foules avec Antichrist deux ans plus tôt. Il n’y reviendra qu’en 2018. Maurice Pialat et Quentin Tarantino se sont quand à eux distingués lors de la remise de leur Palme d’or pour respectivement Sous le Soleil de Satan (en 1987) et Pulp Fiction (en 1994), le premier avec la célèbre phrase « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus » et le second avec un doigt d’honneur adressé à un esprit un peu trop critique dans la salle. Mais nul n’a jusqu’à présent su égaler la romancière Françoise Sagan qui en 1979, alors qu’elle était présidente du jury du festival, a laissé derrière elle une note de frais salée de son séjour cannois aux organisateurs, en signe de mécontentement : elle estimait que la direction du festival avait exercé une pression sur les jurés afin de décerner une Palme d’or à Francis Ford Coppola pour Apocalypse Now - ex-aequo avec Le Tambour de Volker Schlöndorff - pour le remercier de sa venue sur La Croisette. Des légendes comme s'il en pleuvait.