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Serge Ruffieux : "depuis tout petit, je suis un grand rêveur"

Le designer Serge Ruffieux, connu pour son travail chez Dior et Carven, a présenté "13 09 SR", sa première collection d’accessoires composée de chaussures, de lunettes de soleil et de straps. Rencontre.

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De Serge Ruffieux, on connaît le travail pour la maison Dior où il est resté neuf ans. Il travaille alors avec John Galliano puis Raf Simmons, et c’est au départ de ce dernier, en 2015, qu’il devient au côté de Lucie Meier directeur artistique de la célèbre maison de l’avenue Montaigne, jusqu’à l’arrivée de Maria Grazia Chiuri un an plus tard. À peine le temps de souffler qu’il est nommé directeur de la création de Carven pendant un an. Et c’est l’année dernière, juste avant le premier confinement, qu’il fonde avec l’ex-journaliste du Figaro, Émilie Faure, la marque d’accessoires 13 09 SR.

Les prémices

Originaire de la vallée de Joux, en Suisse, le jeune Serge déve- loppe son goût pour la mode aux côtés d’une mère et d’une grand-mère attentives à leur style, et d’une tante qui travaille dans les ateliers Swarovski. À l’âge de 8 ans, il photographie au Polaroid ses personnages Playmobil dans des défilés très scèno- graphiés qu’il fait évoluer au rythme de ses envies. Peu à peu, il rêve de Paris, pas de ses paillettes et ses boîtes de nuit mais de ses ateliers et ses coulisses de défilés. Afin de devenir styliste, il quitte l’école à 15 ans, suit une formation de couture avant d’intégrer la Haute École d’Art et de Design de Genève dont il sort diplômé en 1997. S’ensuivront des stages chez Chris- tian Lacroix, Martine Sitbon et Sonia Rykiel à Paris, avant un départ pour l’Italie où il intègre la maison Moschino en tant que styliste. Mais Paris lui manque, et il regagne la capitale pour ne plus la quitter. De toutes ces années passées au sein de ces différentes maisons, il dit que cela l’a construit. “Avec Sonia, John ou Raf, j’ai appris des façons de regarder, de travailler, une cer- taine rigueur mais aussi des moments de folie... Aujourd’hui, tout ce ressenti, j’essaie de le traduire au mieux dans mon travail, que ce soit dans l ’organisation ou dans la manière de digérer une photo, une envie, une couleur. Finalement, je pense que je suis très proche de la manière de travailler de Sonia et Raf.”

Commencer à l’envers

Lors d’une conversation avec la journaliste Émilie Faure, ve- nant juste de terminer sa formation en business mode, celle-ci lui demande pourquoi il ne crée pas sa propre marque, et puis, après tout, pourquoi ils ne travailleraient pas ensemble, comme si c’était un exercice...? Il n’attend même pas 24 heures pour la rappeler. Et lui lance alors : “Oui, je suis d ’accord, mais ce ne sera pas un exercice. Je pense que je sais ce que je veux, et toi aussi, alors faisons-le.” “On a mis longtemps à mettre les choses en place, poursuit-il. C’est un travail de longue haleine. Être jeune entrepreneur, c’est beaucoup de pression, mais c’est aussi très riche. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière, je suis très heureux de faire cela avec Émilie, heureux qu’elle m’ait poussé. C’était déjà dans un coin de ma tête, mais je trouvais qu’il y avait trop de vêtements, qu’il y a tout à dire et rien à dire... Je dois commencer à imposer mes codes par les extrémités, donc les accessoires, pour définir une silhouette. Je trouve plus intéressant de commencer à l’envers, j’ai toujours procédé ainsi.”

Signature responsable

Pour sa marque 13 09 SR, Serge Ruffieux s’inspire du sport, de l’artisanat, du courant Arts & Crafts qu’il adore... “Depuis tout petit, je suis un grand rêveur, et dans ma chambre d’enfant à la montagne, je me suis créé un univers qui a évolué au fil du temps grâce, entre autres, à mes études aux Arts-déco où j’ai découvert autant la Grèce antique que l’art contemporain. Je voulais réaliser mon rêve, devenir styliste et coudre.” 13 09 SR est une marque écorespon- sable, mais quoi de plus normal pour ce designer originaire du pays pionnier du tri sélectif. Il voit donc cela comme un auto- matisme. “Beaucoup essaient de se corriger, mais c’est plus facile de partir avec de bonnes attitudes.” Lancée sur les réseaux sociaux, la marque a su retenir une attention comme rarement. Ces réseaux sociaux influencent Serge Ruffieux, mais ce qui l’amuse par-des- sus tout c’est qu’ils lui donnent la possibilité d’être encore plus créatif. “La marque débute, elle se doit d ’avoir de l ’impact.” Mais sur qui? À qui veut-il plaire? “Moi, je n’ai pas de muse, je trouve cela ennuyeux et réducteur. C’est une femme, une f ille, multiple et plurielle. Je n’ai jamais voulu mettre les gens dans une case, ça me rend dingue. Les choses se feront avec le temps, j’imagine qu’il y aura un certain type de femmes qui auront envie de ces produits-là, et j’espère que le spectre sera large. Là, je parle d ’un point de vue commercial. Pour ce qui est du fantasme de la femme, moi, je ne l’ai jamais eu, j’ai toujours beaucoup travaillé avec des femmes, je n’ai jamais eu besoin de les fantasmer. Regardez mes chaussures, elles n’ont pas de talons, rien n’est amplifié ou fantasmé. J’essaied’exprimerunsensavecuneréalité,ças’arrêtelà.” Ces accessoires sont en vente, entre autres, chez Modes à Paris, au 10 Corso Como à Milan, chez Ikram à Chicago, sans oublier Marc Le Bihan à Paris pour les lunettes. “On a une dizaine de points de vente et on est très contents, explique Émilie Faure. C’est une marque de luxe où de nombreuses choses sont réalisées à la main, souvent de manière exclusive. Il vaut mieux aller doucement et réussir durablement, c’est le choix responsable de 13 09 SR.”

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