Chez Louis Vuitton, une collection croisière entre mythe et modernité
Dans le cadre majestueux du Palais des Papes, Nicolas Ghesquière signe un défilé où passé et futur s’entrelacent.
En l’an 2000, alors que le XXIe siècle n’en était qu’à ses balbutiements, Nicolas Ghesquière posait le pied dans la cité ensoleillée d’Avignon, attiré par le mysticisme du Palais des Papes et une exposition d’art célébrant le passage au nouveau millénaire. Ce monument, immense vaisseau de pierre ayant jadis abrité le cœur spirituel de l’Occident, s’imposa à lui non seulement par sa grandeur gothique, mais par la promesse d’un dialogue intemporel entre passé et avenir. Vingt-cinq ans plus tard, le directeur artistique y revient, non plus en spectateur, mais en créateur visionnaire, déposant au pied des murailles son offrande : la collection croisière 2026 de Louis Vuitton. Sous les voûtes séculaires, son défilé devient un rite moderne, fusion exaltée de manuscrits enluminés et de mythologies arthuriques, d’icônes glam rock et de broderies liturgiques. Chaque silhouette raconte une épopée, où le cuir, les mailles, les sequins et les chaînes sculptent une armure à la fois terrestre et éthérée. Ghesquière, alchimiste du présent, capte les vibrations du monde — ses héros pop, ses légendes vidéoludiques, ses foules en quête de mythe — et les distille dans des vêtements où la réalité se pare d’une aura sacrée. À Avignon, il ne s’agit plus seulement de mode, mais d’une dramaturgie de l’imaginaire, où chaque look est une incantation, et chaque pas sur les dalles du Palais, une prière adressée aux dieux du style et de l’histoire.