Prince Harry Kane
C'est l'histoire d'une photo a priori anodine, prise il y a treize ans dans le Nord de Londres. On y voit Harry Kane, gamin dodu aux joues rosées, rencontrer son idole de l'époque, un certain David Beckham. Né à quelques pas de White Hart Lane, stade mythique du club de Tottenham, la trajectoire du meilleur buteur de cette Coupe du Monde (six réalisations au compteur) tient du conte de fée ! Pourtant, à l'âge où l'on rêve de jouer sur les plus grands terrains du monde, l'enfant âgé de 9 ans subit une cruelle déconvenue. Recalé du centre de formation d’Arsenal car jugé « petit et joufflu », le garçonnet se forgera au fil des ans un moral d'acier. Et puisque Arsenal, son club de coeur, n'a pas voulu de lui, c'est chez le grand rival Tottenham qu'il fera ses classes. Mais là encore, rien n'est simple. Alors "Prince Harry" comme le surnomment aujourd'hui les supporters anglais se bat. Pour parfaire sa formation, on l'envoie s'aguerrir dans des clubs de divisions inférieures. De Leyton Orient à Millwall en passant par Norwich, le jeune garçon écume les terrains de sa Majesté et part finalement à Leicester au début de l’exercice 2012-2013. Barré par une concurrence féroce, Kane n'y jouera que 15 matchs pour 2 buts marqués. Pas assez pour montrer toute l'étendue d'un talent encore discret...
A l'orée de la saison 2013-2014, tout change pourtant. Son entraineur de l'époque, le portugais André Villas-Boas, lui donne enfin sa chance. Le sosie de l'acteur Ryan Gosling ne tarde pas à la saisir. Dès qu'il entre en jeu, Kane se fait remarquer. Pour sa première saison à White Hart Lane, l'attaquant disputera ainsi 19 rencontres et inscrira 4 buts. Son sens du placement et ses qualités de finisseur se dévoilent enfin. Kane acquiert alors un nouveau statut et devient bientôt incontournable dans le cœur des supporters londoniens. Tournant par la suite régulièrement a plus de 30 buts marqués par saison, c'est surtout l'année dernière que l'anglais a épaté son monde par ses qualités de buteur. Il inscrira la bagatelle de 51 buts en 55 matchs joués, devenant par la même occasion le joueur à la côte la plus élevée au monde. Avec ses cheveux gominés et son allure vintage, Kane tranche avec l'image habituelle du footballeur anglais. A mille lieues des bad boys éthyliques Paul Gascoigne et Wayne Rooney, "HurriKane" oppose l'image d'un joueur normal et sans histoire, sobre et efficace. Et même s'il est finalement resté muet en demi-finale face à une accrocheuse équipe croate, son pari à lui est déjà gagné : le prince Harry est, à n'en pas douter, la star british de cette Coupe du Monde !