French Riviera

Lewis OfMan : "la mode est une bonne boussole d’inspiration esthétique"

On l’attendait avec impatience : après une poignée d’ep resplendissants, et à l’occasion de la résidence à la villa Galaxie dans le massif de l’Esterel, nous avons rencontré l’artiste français au look de dandy moderne signé Erevan, qui sort son premier album, “Sonic Poems”, parfaite démonstration de pop bondissante et réjouissante.

L’OFFICIEL RIVIERA : Quelle est la première musique que tu te souviennes d’avoir écoutée et qui t’a ému ?
LEWIS OFMAN : Un extrait d’un album des Fall Out Boy, j’avais le cœur brisé pour une histoire de CM2, et cette chanson me mettait du baume au cœur. Je l’écoutais en rêvant de Lisa, si je me souviens bien de son nom. Je ne faisais pas encore de la musique, mais bientôt je commencerais à jouer avec Garage Band, en assemblant des boucles. Avec un pote, on avait un groupe qui s’appelait The Timers, on chantait en yaourt sur ces prods. On avait même fait des CD pour des potes... Après la sixième, je suis parti un an à New York, et là j’ai découvert la batterie. Je prennais des cours et je jouais sans arrêt. Dans mon école, il y avait une petite pièce pour jouer de la musique, et à la pause déjeuner je courais pour y arriver le premier. Chez moi, j’avais fait une batterie avec des coussins sur mon lit, et je tapais dessus. Les cours théoriques m’ennuyaient, moi, ce que je voulais, c’était jouer sur Artic Monkeys, Bob Marley, Red Hot Chili Peppers, The Police... Avec le recul, je me rends compte que mon prof avait raison de me montrer pourquoi, par exemple, il fallait écouter encore et encore la partie de batterie de Billie Jean...

L’OR : D’où viennent tes compositions : une boucle rythmique, une mélodie, une idée qui attend de trouver sa forme musicale ?
LO : La plupart des chansons de l’album viennent d’un rythme. Je l’ai fait avec Tim Goldsworthy, qui a travaillé avec LCD Soundsytem. Il balançait des samples, et j’improvisais avec mes synthés, ce qui nous a donné des démos à partir desquelles travailler. Sur une autre chanson, comme Sorry, Not Sorry, on est partis d’une boucle de violons, un peu disco, mais j’ai voulu prendre le contre-pied pour faire quelque chose de plus sombre.

L’OR : Qui sont tes modèles ?
LO : Karl Lagerfeld, pour sa capacité à suivre ses idées et les imposer, parce qu’il y croyait. Lou Reed aussi, ou Fela Kuti, qui savait jouer de tout. Mais mes modèles changent tous les jours, cela dépend de ce que je découvre, écoute. Il y a un mois, je t’aurais parlé de Jim Morrison...

L’OR : Tu évoques Lagerfeld, tu t’intéresses à la mode?
LO : C’est une bonne boussole d’inspiration esthétique. Récemment, j’ai fait la musique pour un défilé Versace, la scénographie était sublime, extraordinaire. C’est ça que je recherche. J’aime réfléchir aux covers des disques, aux clips un peu moins. J’adore les covers d’albums, celles des Stones, de Jobim, notamment celle de Wave, ou des disques de jazz. La musique me passionne, et j’aime l’idée qu’il y ait un lien. Au moment où je te parle, j’ai mon disque sous les yeux, et à côté il y a celui de João Gilberto, Amoroso. Et ça me fait kiffer, on est sur le même support, mais je ne dis pas qu’on est au même niveau! Quand tu achètes des fichiers, ou que tu streames, tu vois encore la cover apparaître. Ça ne m’empêche pas d’être sur les réseaux sociaux.

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Chemise, pantalon et lunettes de soleil, EREVAN.

L’OR : Quel est ton rapport à la création ?
LO : C’est très instinctif, je me laisse porter. Mais ensuite, je bosse beaucoup. J’ai mis trois ans à terminer mon disque. Il y a eu deux ans de recherches, qui ont conduit à d’autres morceaux, d’autres rencontres. Entre l’enregistrement et le mix final, je dois écouter les chansons 600 fois... Mais une fois que c’est terminé, je n’y reviens plus. Je porte beaucoup d’attention aux fins des morceaux, à la façon des Beatles, pour que la chanson ne soit pas juste conçue pour que le DJ fasse un enchaînement. Notamment Love Parade, qui m’a été beaucoup inspirée par l’album de Gilberto dont je te parlais, où les arrangements de cordes sont sublimes.

L’OR : Tu as du plaisir à être sur scène ?
LO : J’adore et je ne suis pas obsédé par la perfection. L’époque où on pouvait être quarante sur scène est révolue. J’essaie d’être dans l’énergie, de jouer à fond, pour me connecter avec le public.

L’OR : Est-ce que l ’endroit où tu habites influence ton travail ?
LO : Pas du tout. Il se trouve que je suis né à Paris, mais cette ville ne m’inspire rien du tout. Quelques rares fois, elle m’enchante. Je peux travailler partout, même quelques jours, à Londres, Barcelone ou Les Sables-d’Olonne, où j’ai composé Midnight Sex, écrit sur un Casio chiné dans une brocante.

L’OR : Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
LO : Beaucoup de musique brésilienne. Notamment des groupes vocaux, comme Quarteto em Cy, ou Trio Mocotó. Les harmonies vocales, les mélodies sont dingues. Les polyphonies sont stupéfiantes de beauté. J’écoute aussi Earth, Wind & Fire, notamment la chanson Beijo. Lonnie Liston Smith aussi.

L’OR : Est-ce que tu rêves de musique, et si oui, à quoi ça ressemble ?
LO : Ça m’arrive. Notamment à Conca dei Marini, sur la côte amalfitaine. Je me suis réveillé avec une mélodie en tête, et je l’ai enregistrée. En la réécoutant, c’était plutôt un murmure rauque... Récemment, j’ai rêvé que je jouais de la batterie, ce que je n’ai plus fait depuis longtemps, je pense que je devrais m’y remettre, cela résoudrait peut-être quelques névroses!

L’OR : Enfin, quelles sont tes actualités pour les mois à venir ?
LO : Une tournée, pour faire découvrir l’album.

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Veste et lunettes de soleil, EREVAN.

" Je peux travailler partout, même quelques jours, à Londres, Barcelone ou les Sables-D'Olonne, où j'ai composé 'Midnight Sex', écrit sur un Casio chiné dans une brocante"

-Lewis OfMan

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Veste et lunettes de soleil, EREVAN.
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Veste et pantalon, EREVAN.

Photographie KENZIA BENGEL DE VAULX

Stylisme JENNIFER EYMÈRE

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