L’Arlatan, entre utopie radicale et manifeste esthétique
Le lieu
Situé au centre d’Arles, cet hôtel particulier a été construit sur les fondations d’une ancienne basilique romaine. Il a évolué au l des siècles, depuis le Moyen-Âge jusqu’au XVIIIe siècle, sous l’égide des comtes d’Arlatan de Beaumont, pour devenir un des bâtiments historiques emblématiques de la ville.
Une femme de tête
Avec l’hôtel Le Cloître, réinventé par India Mahdavi en 2013, L’Arlatan fait partie intégrante du projet urbain ambitieux, voire utopique, de la collectionneuse et mécène suisse Maja Hoffmann dans le cadre de l’ouverture de sa fondation Luma, en 2020, qu’elle qualifie d’“écosystème artistique, écologique et social”. Il inclut la tour conçue par Frank Gehry, mais aussi un parc immense, des salles de spectacle et deux restaurants.
L’artiste
Maja Hoffmann a donné carte blanche à l’artiste américain d’origine cubaine Jorge Pardo pour la rénovation complète du lieu. Les travaux ont duré trois ans. Pardo a créé plus d’un millier de meubles (tables, chaises, lampes, portes...) qui ont été réalisés dans son studio au Mexique, à Merida. Mais pas seulement...
Une œuvre en soi
Presque à la manière de Gaudi ou de l’art mauresque, Pardo a conçu les gigantesques mosaïques de carrelage qui tapissent les sols et murs de L’Arlatan en hommage à Van Gogh, autre visiteur emblématique d’Arles. Plus de deux millions de pièces produites dans un atelier spécialisé à Ticul, au Yucatán, dans onze formes différentes et dix-huit couleurs surgies d’une palette fantastique : brique, jaune poussin, myosotis pâle, lavande, vert forêt ou parme.
L’effet
Maximaliste ! L’effet kaléidoscopique coupe le souffle : la lumière, les couleurs vives au mur, l’escalier monumental, les portes et les lustres en dentelles de métal coloré, à la manière de moucharabiehs futuristes, dans l’entrée ou dans le bar à cocktails créent un effet spectaculaire. Que ce soit pour y boire un verre, y dîner ou y vivre, L’Arlatan est sans conteste un des lieux les plus intagrammables du moment.
Le plus
Au delà de ses trente chambres, L’Arlatan comprend aussi onze résidences d’artistes. Les clients se mêlent donc à ces derniers pour que le dialogue continue. Déjà invités sous l’égide de Julie Boukobza, responsable du programme de résidence de la fondation Luma : l’artiste turc Ahmet Ogut, la critique française Anna Colin ou encore le philosophe et activiste transgenre Paul B. Preciado.
Qui y vient ?
Gilbert & George y sont passés cet été avant l’ouverture, en octobre dernier. On imagine que L’Arlatan va accueillir une bonne partie de l’intelligentsia artistique qui va envahir la ville pas seulement pour les Rencontres d’Arles ou l’ouverture de fondation Luma, mais également pour les nombreuses manifestations (musique, architecture, vidéo, etc.) prévues au cours de l’année.