Faut-il se réjouir du retour des Strokes ?
On leur a fait tous les procès : fils à papa, musiciens sans imagination, photocopieurs des œuvres de leurs aînés moins gâtés par la nature…Mauvaise foi ? Pas que : désastreux sur scène, où leurs maladresses (euphémismes) pouvait s’attribuer à leur ébriété, leur nonchalance, ou leur technique - ou cela alternativement ou simultanément -, ils ne faisaient pas grand chose pour défendre les espoirs placés en eux à leurs débuts. Et pourtant, ils ne manquaient pas de cartouches, des refrains chewing-gums qui collaient aux oreilles (Last Nite), des couplets tendus (Hard to Explain). Le costard de sauveurs du rock était peut-être grand (ou étriqué?) pour eux. S’ensuivirent les habituelles péripéties du genre : ego sous stéroïdes, le reste sous opiacés divers, albums solos, etc. Ces escapades en solitaire ont sans doute à la fois sauvé le groupe (et les rentes afférentes à leurs tournées) et alimenté leur feu créatif. A défaut d’être toujours convaincants, les albums se succédaient, se ressemblant toujours un peu, mais tentaient d’approcher l’écriture sous des angles inédits. Une pincée d’électronique, quelques salissures ici et là, un chant plus affirmé. Après un septennat d’absence - discographique -, ils ont annoncé leur retour aux affaires, à l’occasion d’un meeting de soutien au candidat aux primaires démocrates, Bernie Sanders. en jouant deux nouvelles chansons, annonçant dans la foulée la publication en avril de l’album The New Abnormal. (On est en droit de trouver un rien cynique cette stratégie promotionnelle, activée à l'occasion de ce qui était au premier chef un moment politique…). Les quelques dates de concerts qui se profilent affichant complet en une poignée de secondes (les places pour l’Olympia du 18 février s’échangent à plus de 1000 euros sur certaines plateformes), on se concentrera (et consolera?) avec le clip du tout frais At The Door. Drôle de chanson, à deux vitesses, comme dansant avec des béquilles, hésitante, irritante, attachante. A l’image d’un groupe décidément insaisissable….