Pop Culture

Viv Albertine, l'amazone rock

Dans le Londres de la fin des années 1970, Viv Albertine a dynamité les codes machos du rock avec les Slits, groupe punk féminin sans compromis. La musicienne et réalisatrice revient sur son parcours dans deux livres, où l’on croise Vivienne Westwood et les Sex Pistols.
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Entre 1976 et 1982, avec une poignée d’albums et de singles fiévreux, les Slits ont fait entendre leurs voix féminines indomptables sur la scène rock anglaise. Dès leur premier album, Cut, on comprend que leur subversion n’est pas gratuite : sur la pochette, les membres du groupe posent comme des guerrières, recouvertes de boue, seins nus, regards de défi. Leur combat féministe se lit sur leurs visages, mais aussi dans les paroles de leurs chansons et sur leurs vêtements. Dans leur sillage, les Raincoats, Bikini Kill, Kim Gordon, les Yeah Yeah Yeahs, Beth Ditto et Warpaint revendiquent leur influence, tout comme Kurt Cobain et Chloë Sevigny.

Après la séparation du groupe, Viv Albertine, leur ex-guitariste, se reconvertit dans la réalisation pour le cinéma et la télévision, se consacre à sa fille et à sa mère, tout en continuant sa carrière musicale. Elle signe deux livres autobiographiques, De fringues, de musique et de mecs, qui vient de ressortir en format poche, puis À jeter sans ouvrir, récemment publié en français. On suit le destin de cette femme attachante, les excès de la scène punk, son passage à l’âge adulte, ses idéaux d’aujourd’hui et ses souvenirs scintillants. Entre l’euphorie de l’instant et la sagesse de plusieurs décennies de recul, ces récits regorgent d’anecdotes : Viv a côtoyé Sid Vicious (il a joué dans le même groupe qu’elle avant de rejoindre les Sex Pistols), Mick Jones (son petit ami de l’époque, pilier des Clash), Chrissie Hynde des Pretenders, ou encore Vivienne Westwood (dont elle fréquente la célèbre boutique Sex). “Personne ne m’empêchera d’avoir l’allure que je veux”, écrit Viv.

Il y a trois ans, invitée à une rétrospective punk à la British Library, la toujours sauvageonne s’indigne devant l’absence de femmes dans l’exposition. Sans hésiter, elle prend un feutre et griffonne sur le cartel une liste de musiciennes qui ont marqué l’histoire de ce mouvement. Respect éternel.

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