Stop Making Sense est-il le grand film rock de l'histoire ?
Mythique, l’arrivée de David Byrne sur la scène du Pantages Theatre à Hollywood : il est seul, dépose un ghetto blaster sur le sol, et lance une cassette. L’assise rythmique de Psycho Killer retentit, il la suit, s’accompagnant d’une guitare acoustique.
Les musiciens le rejoignant progressivement, tandis que les techniciens achèvent d’installer le dispositif scénique. Byrne dansant dans un costume XXL…
D’immenses chansons, telles Burning Down The House, Once in a Lifetime, This Must Be The Place (Naive Melody), défilent, et les années n’ont rien abîmé de leur grâce bondissante.
La copie magnifiquement restaurée proposée ici par la maison Carlotta leur donne même un éclat particulièrement contemporain.
Stop Making Sense est autant une captation d’une extraordinaire musicalité - le fin livret écrit par Christophe Conte a raison d’insister sur la vitalité créative du groupe, et son influence sur tout un pan de l’indie rock (Franz Ferdinand, Vampire Weekend lui doivent beaucoup, pour le dire poliment) - que la trace concrète d’une vision complète de ce que doit être la musique. Une démarche intellectuelle, un geste esthétique, un plaisir sensuel. Dans l’histoire de la musique, peu ont réussi à faire ainsi au son d’un concept. Le grand musicien brésilien Caetano Veloso (avec qui Byrne enregistra un délicat album live) a une formule éclairante, résumant tout ce que l’on peut attendre d’un(e) artiste : «Le plaisir rend intelligent, et l’intelligence rend heureux. »
DVD Carlotta Films.