LO: Quels sont les réalisateurs qui vous ont le plus marquée?
EB: J’ai adoré travailler avec Emily Mortimer, qui est extra-ordinairement intelligente et empathique. J’ai toujours aimé son travail et tourner avec elle The Pursuit of Lovea été un vrai cadeau de Noël! Et j’ai un merveilleux souvenir deHail,Cesar! : les frères Coen avaient créé une atmosphère familiale très détendue sur le plateau, qui laissait une grande place à l’improvisation.
LO: Est-ce différent de travailler avec des réalisatrices?
EB: Cela fait deux ou trois ans que je reçois des projets de réalisatrices, auparavant c’était uniquement des hommes. Je crois que les femmes sont porteuses d’un discours honnete ouvert autour de diverses expériences, à commencer parla sexualité, et qu’elles traitent de sujets non abordés jusqu’à maintenant, comme le vieillissement. En général, leurs personnages sont plus nuancés et plus intéressants. Jessica Hausner et Emily Mortimer sont très différentes l’une de l’autre mais elles sont toutes deux extrêmement ouvertes et intelligentes. Jessica est particulièrement audacieuse, elle est très douée pour diriger le public dans une direction et en suite le désorienter avec un demi-tour inattendu.
LO: Que pouvez-vous nous raconter de The pursuit of Love,le roman de Nancy Mitford écrit en 1945 et adapté dans une nou-velle série de la BBC?
EB: J’ai de merveilleux souvenirs du tournage, avec Lily (Col-lins, avec qui elle partage l’écran, ndr) et Emily (Mortimer,la réalisatrice), nous échangions constamment des poèmes et la playlist de la bande-son est tout simplement magni-fique : Liza Minnelli, Cat Power... On n’avait pas la sensa-tion de tourner une énième adaptation du drame historique de Nancy Mitford. Nancy est l’aînée des six sœurs Mitford,personnages objets d’une attention médiatique spasmodique.Elles sont restées très proches toute leur vie, alors qu’elle savaient des convictions sociales et politiques très différentes.Unity, par exemple, était une fervente admiratrice du Führer et a tenté de se suicider lorsque l’Allemagne est entrée en guerre contre l’Angleterre, tandis que Jessica, communiste,s’est enfuie de chez elle pour épouser son cousin parti com-battre les franquistes en Espagne. L’histoire s’étend sur une période de dix-sept ans avec un scénario fidèle au style drôle,radical et émouvant du livre, qui suit les hauts et les bas del’amitié entre mon personnage, Fanny, et sa cousine Linda (Lily James). Linda abandonne sa fille et son mari, tandis que Fanny, qui a vécu le traumatisme de l’abandon par sa mère,fait des choix plus conventionnels et respectables, au point que, devenue mère elle-même, elle ne peut plus pour suivre sa carrière d’écrivain, à laquelle elle tenait beaucoup. Emily (Mortimer) nous a montré un documentaire sur Ingrid Bergman concernant sa décision d’abandonner ses enfants,le regard de la société sur elle et la réaction de ses enfants. Je pense que des films comme celui-ci, qui permettent de parler honnêtement des problèmes de la maternité, de la dépression post natale, de l’avortement, sont importants. Mais les sujetq abordés ne sont pas seulement la perte, la maternité et l’aban-don, le thème de la xénophobie est également très présent. Et en même temps, c’est un grand divertissement.