Voyage

L’Italie des écrivains : le bleu d'Ischia

C’est la plus italienne de nos écrivains. Née à Padoue en 1961, Simonetta Greggio ne cesse de faire revivre sa terre natale à travers ses livres, Dolce Vita 1959-1979, Les Nouveaux Monstres ou encore Elsa mon amour consacré à la romancière Elsa Morante. Elle nous embarque ici sur l’île d’Ischia où elle a coutume de passer ses vacances tous les ans.
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La première fois que j’ai mis les pieds à Ischia, île bénite en face de Naples, j’ai pensé à Truman Capote, qui y avait vécu avec son grand amour Jack Dunphy. À Luchino Visconti et à ses longs étés dans sa splendide villa de la Colombaia, au-dessus d’une ravissante baie. À sa scénariste Suso Cecchi d’Amico, qui passait ses journées à ses côtés, chicissime en pantalon cigarette blanc et sandales capresi, un bloc-notes à la main pour ne rien laisser perdre de la précieuse pensée du Maestro. À Alain Delon et Romy Schneider, tous deux hôtes du réalisateur, et à la plus belle période de leurs amours. A leur divine beauté. A Pasolini qui, vert de jalousie, n’y avait pas ses entrées. A sa meilleure amie, Elsa Morante la grandissime écrivain (c’est elle qui préférait le masculin), qui mélangea l’ambiance de Procida à celle d’Ischia pour écrire le plus charmant de ses romans, >L’Île d’Arturo.> Et encore à Elsa, qui aima follement le réalisateur et en fut récompensée par le plus furieux des courroux : pensez ! Elle avait imaginé lui faire un enfant ! J’habitais alors à Rome, j’avais 17 ans, tout était frais et jeune et neuf, je ne connaissais rien d’autre que les livres et les films, et pour la vraie vie j’avais un appétit démesuré et une ignorance tout aussi phénoménale. J’ai passé quelques jours entre Noël et le jour de l’An à parcourir l’île en Fiat Ape, le taxi à trois roues pavoisé de lanternes chinoises et de loupiotes clignotantes, seul moyen de locomotion à l’époque. J’ai découvert les jardins de la Mortella, totalement étranges dans ce paysage méditerranéen, voulus par Susana Walton, l’épouse de Walter, un très bon compositeur un peu oublié, avec le concours du paysagiste Russel Page. Et puis…

Et puis je suis arrivée à cet endroit incroyable qui deviendrait une sorte de paradis promis pour ma mère et moi pendant presque quarante ans : La pensione Casa Garibaldi, trois terrasses entre ciel et mer à Sant’Angelo d’Ischia. Du bleu partout où l’on tourne les yeux. Du bleu qui reste dedans toute l’année.

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