William Abadie : "Mode et cinéma se complètent et sont indissociables"
Entretien exclusif avec William Abadie au Festival de Cannes : entre confidences de carrière et passion pour le cinéma.
L'OFFICIEL : Cannes, c’est à la fois glamour et intense — quel est votre rapport personnel avec ce festival légendaire ?
William Abadie : Il est multiple, la Méditerranée… J’y suis né, au bord de l’eau, à trente minutes de Cannes. J’y pataugeais enfant. Alors, quand j’arrive et que je vois cette belle Méditerranée, il se passe quelque chose en moi. Et puis, il y a ces souvenirs de mon enfance, de jeune téléspectateur ébloui : voir les Belmondo, Gabin, Cary Grant, Grace Kelly… tous ces monstres du cinéma y venir. Ce sont ces souvenirs en noir et blanc qui m’ont donné envie de devenir acteur. C’est comme un miracle fou de me retrouver ici aujourd’hui, un aboutissement dans une carrière d’acteur. Être présent ici, c’est un peu comme refermer une première boucle. J’aspire à revenir un jour pour présenter un film au festival alors la grande boucle sera complète. Patience…
WA : C’est une organisation qui dépend de la durée du séjour. En général, les maisons de mode avec lesquelles je collabore me proposent des looks. Ensuite, c’est une question de stratégie, de beaucoup (beaucoup) de préparation, et de logistique. J’ai été plus que comblé ces dernières années avec des tenues provenant des plus grandes maisons de mode pour homme. Pour tout ce qui est glam, j’ai aussi la chance d’être entre les mains expertes d’Ilham Mestour. Il m’arrive encore de ne pas en revenir des conditions incroyables dans lesquelles je me trouve. Je suis entouré par les meilleurs au monde dans chaque corps de métier : les marques que je porte et représente, mes agents, ou les équipes (comme celle d’Ilham) qui me soutiennent et m’aident à m’aligner au plus haut niveau pour satisfaire les partenaires qui me font confiance. C’est assez fou, il y a des jours où je me pince, littéralement !
LO : Avez-vous une Maison de couture ou un créateur fétiche avec lequel vous collaborez pour ce genre d’apparitions ?
WA : Brunello Cucinelli a été ma principale bénédiction ces dernières années. Mais une nouvelle venue — et ultra talentueuse — a récemment fait son apparition et me soutient depuis l’été dernier : elle s’appelle Caroline Scheufele. Sa maison de couture porte le nom de Caroline’s Couture. Caroline est également co-présidente de Chopard.
WA : J’essaie de m’assurer que ma routine quotidienne reste en place, malgré l’intensité folle des journées cannoises (et de ses soirées). En particulier, ma routine matinale consiste à faire du sport : c’est ce qui me permet de fonctionner et d’entamer mes journées de la meilleure manière. Course à pied, salle de sport, ski nautique, tennis… À cela s’ajoute une phase de préparation avec mon agent, où nous entrons dans le détail : nous passons en revue tous les éléments clés de l’événement à venir : thème, destination, guest list, déplacements, glam, un déroulé complet !
WA : Ski nautique ce matin (vraiment). Après ça, je suis d’attaque et prêt à donner le meilleur de moi-même. À rester concentré sur la ou les missions du jour. En tant qu’ambassadeur, mon but est de servir Chopard du mieux que je le peux. Mon agent et moi nous efforçons d’éviter les urgences de dernière minute, car certaines peuvent tout gâcher. Nous passons toutes les pièces du puzzle en revue. Une fois, deux fois, trois fois, toujours à la recherche de la faille à éviter.
WA : Je pense qu’ils se complètent : ce sont des partenaires indissociables. Les deux sont à la fois intemporels, mais les tendances marquent les époques. En tant qu’acteur, on raconte une histoire : celle-ci est ancrée dans le temps, et la mode comme les costumes que nous portons sont méthodiquement choisis pour contribuer à raconter l’histoire du personnage et du film. Quelle époque ? Quelle année ? Un événement précis — 1968, peut-être ? L’imaginaire est lancé, les images de style défilent… n’est-ce pas ?
Le cinéma donne vie aux créations, et la mode façonne l’identité du personnage. Certains films sont iconiques par leur style, et certaines montées des marches sont inoubliables. Les deux univers s’enrichissent et offrent à tous une expérience (et donc une image) visuelle unique.
WA : J’ai travaillé comme serveur pendant de nombreuses années pour payer mon loyer à New York (j’y habite depuis 25 ans), afin de me permettre de persister dans ma passion. Ce métier vous apprend énormément sur la vie, sur les gens, sur les dynamiques humaines. Il y a le côté client, et le côté serveur.
Aujourd’hui, je vis un conte de fées, mais je sais d’où je viens. Je suis pleinement conscient de la chance que j’ai, et je n’ai pas l’intention de l’oublier. Les serveurs des palaces cannois, les femmes de ménage — ce sont mes collègues : ils l’étaient hier, et ils le sont toujours aujourd’hui.
WA : Un bain de minuit avec Caroline Scheufele, la co-présidente de Chopard, mon agent Caroline Simon et notre cher ami Werner Kiser. C’était mon tout premier festival, le soir de la clôture de la 75e édition. Un moment simple, vrai, festif et joyeux — au plus près de la nature, dans notre magnifique mer ou plutôt Mère Méditerranée.
WA : Robert De Niro, Al Pacino… désolé pour le cliché, mais ils sont en grande partie responsables de ma trajectoire d’acteur et donc, de ma présence ici. On oublie vite… mais rappelons-nous : leur art a été mon choc, ma révolution, ma révélation, mon rêve. (Je ne me compare pas, évidemment.)
WA : Glamour. Magique. Intense.
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