Pop Culture

Zoë Bleu : "le cinéma m’aide à rêver"

La fille de Rosanna Arquette, que l'on verra prochainement au cinéma dans "Signs of Love" au côté de sa mère, n'a pas qu'une seule corde à son arc. Elle se consacre également à l'écriture, à la musique et au stylisme, notamment au costume de cinéma. Rencontre avec une passionnée des arts. 

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L’OFFICIEL : J’imagine que le cinéma est une vocation depuis l’enfance, quand on est descendante de la famille Arquette, un pilier de l’industrie hollywoodienne...
ZOË BLEU SIDEL : Oui, je suppose que c’est vrai... Ma famille joue au cinéma depuis les années 1800! C’est dans le sang depuis un certain temps.

L’O : Lorsque vous avez intégré le Sarah Lawrence College, aviez-vous des doutes sur votre envie de faire du cinéma ?
ZBS : À Sarah Lawrence, j’ai étudié la poésie et l’histoire de l’art, de la Renaissance au Baroque. À cette époque, je pensais que je me dirigerais peut-être un jour vers l’écriture de scénarios (ce qui est toujours un de mes rêves!) mais je ne me sentais pas assez sûre de moi pour cela. J’ai étudié l’art pour apprendre à connaître les vêtements historiques et le spectre de la lumière qui compose la couleur. Je me pose toujours la même question, certains jours, à savoir est-ce que c’est un métier pour moi, parce que c’est vraiment une industrie très dure qui peut parfois remettre en question votre sens des valeurs, surtout en tant que femme. Mais le cinéma m’aide à rêver, j’avais besoin de lui quand j’étais enfant. Aujourd’hui et pour toujours, il m’aide à m’évader. J’aimerais continuer dans cette voie pour que le spectateur puisse lui aussi continuer à rêver, à s’évader en se connectant à un personnage, un sentiment, un mouvement ou un paysage qui lui rappelle un de ses propres rêves.

L’O : Vous avez étudié la technique Meisner, qui apprend aux acteurs à réagir instinctivement à l’environnement qui les entoure. Cela vous a-t-il aidé?
ZBS : À l’adolescence, John Ruskin m’a enseigné la technique Meisner à Los Angeles, un travail incroyable et stimulant. Cette technique m’a appris à avoir un instinct presque animal lorsqu’il s’agit de faire face aux mots et au langage corporel des gens qui m’entourent. Apprendre cette technique, c’est être comme un caméléon, aussi amusant qu’effrayant. Elle m’a aussi inculqué l’idée de réagir au lieu d’agir. Pendant mon enfance, j’ai beaucoup lutté contre la dissociation, et là encore elle m’a aidée à rentrer dans mon corps émotionnellement, physiquement, et permettre à mes sentiments de se manifester sans jugement. C’était un travail important personnellement et c’est quelque chose que j’essaie d’emporter devant et derrière l’écran. Cette technique m’a également appris à être sur mes gardes et à observer attentivement tout en suivant mon instinct. Depuis quelques mois, je reprends des cours de théâtre – ce qui n’était pas arrivé depuis le lycée – avec la fabuleuse Sheila Gray. Avant de la rencontrer, j’avais l’impression de planer un peu au-dessus de mon corps depuis la pandémie. Son cours m’a encouragée à me remettre dans mon corps en me donnant des conseils, de la force et en mettant un miroir derrière mes yeux. Elle m’a permis d’incarner mon propre critique intérieur en tant que personnage, c’était un travail très puissant, j’en ai encore la chair de poule rien que d’en parler. Mais surtout, ce travail avec Sheila, m’a aidée à briser cette vitre entre moi et mon moi. Je la recommande fortement à tous ceux qui veulent devenir acteur.

L’O : Quel est votre film préféré de votre mère?
ZBS : La performance de ma mère dans le film de Scorsese, After Hours. Elle est absolument envoûtante et brillante avec un certain sens de la comédie. Une année, pour la fête des mères, j’ai décidé de me faire tatouer “Surrender Dorothy” à l’encre rouge sur la nuque, en hommage à la scène culte du restaurant et à notre amour mutuel pour Le Magicien d’Oz. J’aime aussi The Linguini Incident, avec David Bowie, pour les costumes et la romance étrange et surréaliste entre ma mère, qui joue une femme obsédée par Harry Houdini, et Bowie, l’un de mes musiciens préférés, qui joue un escroc assez sexy.

L’O : Quel souvenir de tournage gardez-vous de Signs of Love, que vous avez tourné avec votre mère, Hopper et Dylan Penn ?
ZBS : Nous avons partagé une seule date de tournage. Je l’ai regardé jouer et j’ai beaucoup aimé. Mais quand ce fut à elle de me regarder jouer, j’étais extrêmement stressée parce que je voulais qu’elle soit fière de moi. C’est un film sur les sacrifices que nous faisons pour ceux que nous aimons, comme oublier nos propres rêves pour que ceux des autres se réalisent. C’est donc l’histoire d’un jeune homme nommé Frankie (Hopper Penn) qui vient d’une famille brisée dans un quartier difficile de Philadelphie. Il essaie de garder sa famille unie en soutenant sa sœur alcoolique (Dylan Penn) et son fils (Cree Kawa), depuis que leur mère est décédée et que leur père s’est tourné vers la drogue et la rue pour combler le vide. Mais un jour, il se retrouve pris dans le feu d’une guerre de la drogue au moment où il rencontre une jeune femme sourde, Jane (moi), issue d’une famille aisée. Je vous laisse découvrir la suite au cinéma, il sort cet automne.

L’O : Depuis ce tournage, vous avez quitté Hollywood et le cinéma pour Londres et la mode, en particulier le stylisme. Pourquoi ?
ZBS : C’est l’une des meilleures décisions que j’ai prise. Je ne me sentais pas très bien à Hollywood, j’avais l’impression qu’on allait m’y aspirer mon âme, un peu comme le prisonnier d’Azkaban dans Harry Potter. En plus, j’adore l’Angleterre, sa très belle architecture et ses fabuleux musées. J’y suis très heureuse. J’ai récemment vécu entre Londres, Mexico et Rome pour concevoir des costumes in- spirés par des personnages féminins sur lesquels j’ai écrit. Je travaille dessus, depuis un an, avec mon ami Viktor Gichev. Je travaille également sur la pré-production de Mandrake, un court métrage sur la danse que j’ai écrit et pour lequel Viktor et moi imaginons les costumes et réalisons la musique. Le cinéma, la mode, la musique, et même mes voyages, tout mon univers se retrouve dans ce film. J’ai hâte de voir à quoi cela va ressembler.

L’O : Parlez-nous de votre style empreint de nostalgie, mi-antique mi-Renaissance. Quelles sont vos références et pourquoi aimez-vous ces périodes de l ’histoire ?
ZBS : Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas où j’en suis côté esthétique personnel ces jours-ci... Je n’ai pas de références spécifiques, j’aime prendre des pièces de différentes époques, les mélanger et voir ce qui se passe. Pendant des années, j’ai dépensé tellement de temps et d’argent dans mon look, toute mon énergie passait dans ma garde-robe. Je pense que mes vêtements couvraient plus que mon corps. Pendant longtemps, j’ai voulu me cacher derrière mon look toujours plus extravagant que ma véritable personnalité. Lui-même était vaguement basé sur des personnages et des caricatures de moi-même dans d’autres royaumes du temps. Je voulais ressembler à une femme qui savait ce qu’elle voulait, mais en fait, j’étais perdue. Depuis que je travaille sur moi-même et que je poursuis la carrière que je souhaite, mon look est juste une histoire de plaisir. Et puis j’ai grandi, j’utilise mon temps différemment.

L’O : Votre style est si fort que vous donnez l’impression de jouer un rôle dans votre vie quotidienne, à la façon d’une performance avec Instagram comme projecteur. Est-ce une fausse impression ?
ZBS : Je suppose que c’est la façon dont tout le monde utilise Instagram, n’est-ce pas ? Donc oui, Instagram m’aide à posséder mon personnage, c’est sûr. Certaines personnes sont très claires sur qui elles sont, d’autres beaucoup moins. J’aime penser que je suis assez réelle sur les choses dont je parle sur ce réseau social. Parfois, on me fait des reproches, on me dit que je partage trop de choses personnelles et que je cherche à attirer l’attention. Mais je pense qu’il est important de partager nos histoires et nos expériences pour se rapprocher les uns des autres, apprendre et grandir.

L’O : Parlez-nous de votre marque Kaka Kouture que vous allez lancer..

ZBS : Nous allons proposer autant de la couture que du prêt-à-porter. Notre équipe qui s’occupe de la couture est à Londres alors que celle du prêt-à-porter est au Mexique. Pour le reste, je vous laisse découvrir par vous-même.

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