Le crépuscule des idoles
Le raz-de-marée a commencé à submerger Instagram et Twitter lundi soir avec une force peu commune. La mort de Luke Perry, victime d’un AVC à seulement 52 ans, a brisé le cœurs de toute une génération : ceux qui étaient collé à leur poste pendant une décennie entière entre 1990 et 2000 pour regarder Beverly Hills 90210, la série addictive créée par le grand maître des séries bling bling « guilty pleasure » Aaron Spelling. D’un rapide calcul mental, on peut donc évaluer la tranche d’âge touchée entre 20 ans et 50 ans, toute une population émue par ce héros rebelle de leur adolescence qui disparaît. Souvenez-vous : à l’époque pas de Netflix (même si finalement Luke Perry a connu un revival grâce à son rôle dans la série teen de Netflix Riverdale), on avait le choix entre Dynasty McGyver, Alf, et Starky et Hutch. Pour le public plus adolescent, on avait le choix entre le Prince de Bel Air (une vraie sitcom avec rires enregistrés et décors à déclencher de la claustrophobie), et 21 Jump Street, avec Johnny Depp soit mais un chouia trop polar et dark. Quand Beverly Hills 90210 arrive sur le petit écran, les ados du monde entier n’en reviennent pas : cet univers, très californien, déborde de soleil, de palmiers et de voitures de courses, avec des costumes à gogo et de nouvelles idoles toutes prêtes à être adorées / détestées : Brandon et sa sœur Brenda tout juste débarqués (comme nous !) de Minneapolis qui se frottent soudainement avec une flopée de lycéens très riches, la blonde Kelly, le pourri gâté Steve, la nerd Andrea, la vertueuse Donna et évidemment le bad boy solitaire, Dylan, incarné par Luke Perry qui opère le chaînon manquant entre MTV et le James Dean de La Fureur de Vivre. Il est gentil, mélancolique juste ce qu’il faut et a un charme fou. Une icône est née. Fast Forward en 2019. Luke Perry disparaît et avec lui nos rêves d’enfants, une certaine naïveté, un eldorado qui n’a jamais existé. Avec Keith Flint, l’incroyable performer de Prodigy ce sont les années 90s rave qui s’effacent définitivement, cette folie de la nuit en KWay dans les fumigènes, et les lumières néons.
Autre crève-cœur, avec cette fois une lumière au bout du tunnel, l’actrice Selma Blair, idole des années 2000, vue dans Cruel Intentions (1999), dans le cultissime Legally Blonde (2001), héroïne dark et incendiaire dans les deux Hellboy (2004 et 2008), et aussi chez Todd Solondz, John Waters, ou même dans Friends (en collègue sexy de Chandler) a appris l’été dernier qu’elle était atteinte d’une sclérose en plaques. Elle est apparue avec bravoure et flamboyance aux derniers oscars, avec une belle canne noire, habillée de mousseline par Ralph and Russo. Magnifique et blessée. Une super héroïne à l’humour noir, une icône de son époque (voir ses apparitions pendant deux décennies pour Chanel, marc Jacobs, Stella McCartney ou Miu Miu), et mère d’un petit garçon, Arthur, qui nous a touchés en témoignant avec beaucoup de sensibilité de plateaux en posts sur son compte instagram (@selmablair - un million d’abonnés depuis quelques jours !). Selma Blair a une classe folle et un grand cœur. On la reverra avec joie dans la nouvelle série de science-fiction sur Netflix en 2019 Another Life. Godspeed ❤