Pop Culture

Faye Webster réchauffe les cœurs

Élevée dans la culture hip-hop d’Atlanta, la musicienne et photographe Faye Webster a bifurqué vers une country-pop enivrante. Ses mélodies langoureuses réchauffent les cœurs.
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Baignée d’une lumière pastel et entourée d’une végétation luxuriante, une jeune fille chante parmi les flamants roses, adossée à un palmier ou au bord d’un lac d’où jaillit une fontaine. Elle porte un ensemble orangé et des manches faites de plumes. Une autre séquence la montre alanguie en pyjama de soie rouge sang, regardant l’objectif droit dans les yeux. Dans ce clip illustrant le morceau Kingston, qu’elle a réalisé elle-même, Faye Webster apparaît dans toute sa splendeur : une Américaine hors de l’espace-temps autant dans son look que dans ses chansons. Dévoilée en novembre dernier, cette vidéo a marqué la signature de l’auteure- compositrice chez le label indépendant Secretly Canadian (maison-mère de Damien Jurado, Anohni, Alex Cameron, Cherry Glazerr...) pour un nouvel album qui devrait arriver avant la fin de l’année.

Faye Webster n’en est pas à son coup d’essai : avant de rejoindre cette nouvelle équipe, elle a déjà sorti deux albums depuis 2013, et elle faisait partie d’Awful Records, un label d’Atlanta regroupant la crème du hip-hop local. Un choix étrange pour une artiste qui a fait de la country-pop sa spécialité, mais qui s’explique facilement : Faye Webster vient elle-même d’Atlanta et reste très attachée à sa ville. C’est là qu’elle a grandi, dans une famille où la musique était primordiale. Son grand-père était un guitariste bluegrass professionnel, sa mère joue du violon et de la guitare, l’un de ses deux frères a fait partie d’un groupe de rock... Biberonnée aux sonorités americana, elle découvre le hip-hop au lycée. Devenue grande amie du rappeur et producteur Ethereal, elle s’improvise photographe de la scène rap qui bourgeonne autour d’elle, notamment Offset de Migos, Abra, Killer Mike, D.R.A.M., ou encore Lil Yachty, qu’elle connaît depuis le collège. En 2017, elle a eu l’honneur de mettre en images une campagne pub Nike pour la nouvelle Airmax 97 – le modèle d’origine était sorti l’année de la naissance de Faye. Le résultat de cette carrière parallèle est toujours visible dans la rubrique Photography de son site officiel. En décembre dernier, elle expliquait au site britannique The Line of Best Fit : “Les gens me demandent toujours comment je combine la photographie et la musique. Je crois que ce n’est pas le cas. Ce sont juste deux choses distinctes que j’aime vraiment beaucoup.”

Car c’est aussi en tant que musicienne, chanteuse et songwriter que Faye Webster s’est fait un nom, dans une veine country-americana qui lui va à ravir. Après avoir sorti son premier album alors qu’elle n’avait que 16 ans, elle a continué son chemin avec un deuxième disque portant son nom en 2017. La même année, elle s’est illustrée en première partie de Julia Jacklin et de Phoebe Bridgers. L’acteur et musicien Charlie Heaton, vu dans la série Stranger Things, où il tient le rôle de Jonathan Byers, l’accompagnait parfois à la batterie. Ex-étudiante en graphisme, Faye aime se charger de ses propres visuels et de son merchandising, ajoutant au passage “directrice artistique” dans ses occupations multiples.

Aujourd’hui âgée de 21 ans, elle continuera son ascension en 2019 : elle a déjà prévu une ribambelle de dates pour accompagner Deerhunter ou Lord Huron, en attendant un troisième album en préparation, dont le single Kingston donnait un avant-goût alléchant. Son univers à la fois country et moderne, teinté de soul comme chez Natalie Prass, déclenche des rêveries agréables, des vagabondages de l’esprit. “Tell me where you want to go” (“dis-moi où tu veux aller”), susurre-t-elle dans le refrain de cette chanson capiteuse. On n’a qu’une envie : la rejoindre dans ce jardin paradisiaque et ensoleillé, au milieu des flamants roses et des palmiers.

Single Kingston (Secretly Canadian), disponible.
Troisième album à venir en 2019.

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