Cannes, toute une histoire

Le Festival de Cannes a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale, à une époque où le cinéma européen, notamment français, cherchait à se reconstruire. C’est en 1946 que la première édition, assez modeste, est organisée. À l’origine, il devait rivaliser avec celui de Venise. Malheureusement, il s’avère plutôt un rendez- vous de professionnels que de stars de cinéma. Mais au fil des années, il gagne en visibilité avec l’apparition d’une sélection of- ficielle. Dans les années 50 puis 60, Cannes devient peu à peu la référence internationale du cinéma et accueille des films d’une grande diversité comme La Dolce Vita de Federico Fellini (1960) et Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda (1962). Loin des blockbusters hollywoodiens, il devient le porte-étendard du cinéma d’auteur.

Dans les années 1970 et 1980, le Festival devient un incontournable du cinéma mondial avec des films qui interrogent la société, comme Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979). Il s’engage envers des œuvres fortes et parfois controversées. En 1978, la section Un Certain Regard est créée, offrant un espace pour les films plus expérimentaux. À la fin des années 1980, Cannes devient plus que jamais une vitrine du glamour cinématographique avec la montée en puissance des grandes stars hollywoodiennes, des robes de gala et des flashs des photographes soulignant l’aspect médiatique de l’événement. L’édition de 1993 est marquée par le triomphe de La Leçon de piano de Jane Campion, premier film dirigé par une femme à remporter la palme d’or. C’est également à cette époque qu’est célébré Pulp Fiction de Quentin Tarantino (1994) qui revitalise le cinéma américain avec son style ultra-novateur. Dans les années 2000, le Festival confie sa présidence du jury à de grandes figures du cinéma comme David Lynch (2002), Quentin Tarantino (2004), Tim Burton (2010), Steven Spielberg (2013) ou Spike Lee (2021), pour ne citer qu’eux. Dans un contexte de changement dans le monde du cinéma – avec l’émergence du numérique, du streaming, de nouvelles formes de consommation de films –, Cannes s’adapte tout en préservant son âme avec une sélection exigeante, parfois audacieuse, voire provocatrice. Aujourd’hui, le Festival de Cannes est LA vitrine de la culture cinématographique mondiale où les questions sociales et politiques trouvent un écho.

Depuis 1962, la Semaine de la Critique récompense les jeunes talents de la création cinématographique en présentant leur premier ou leur second long-métrage. Cette section parallèle, qui se tiendra du 14 au 21 mai, sera cette année soutenue par AMI Paris à travers un prix portant son nom. La marque, qui a coproduit le biopic sur Niki de Saint Phalle réalisé par Céline Sallette avec Charlotte Le Bon, sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard l’année dernière, devient ainsi le principal partenaire de cette partie du Festival. Son directeur créatif, Alexandre Mattiussi, a exprimé son souhait de pérenniser ce partenariat sur plusieurs années.

Créée en 2010, cette récompense ne fait pas partie du palmarès officiel mais prime un long-métrage abordant les questions LGBTQI+. Pour cette édition, c’est le réalisateur Christophe Honoré (Marcello Mio ou Plaire, aimer et courir vite, etc.) qui présidera le jury. Ce dernier a déclaré : “Alors que la création contemporaine est de nouveau attaquée par l ’Internationale réactionnaire, il semble d ’autant plus urgent de mettre en lumière les films queer.”

Lauréat de la palme d’or pour les films Taxi Driver de Martin Scorsese en 1976 et Mission de Roland Joffé en 1986, l’acteur de 81 ans viendra cette année recevoir une palme d’or d’honneur lors de la cérémonie d’ouverture, le 13 mai. “J’ai des sentiments très forts pour le Festival de Cannes. Surtout aujourd’hui, alors que tant de choses dans le monde nous séparent, Cannes nous rassemble. C’est comme si nous revenions à la maison”, a témoigné l’acteur américain entré dans l’histoire en 1974 sous les traits de Vito Corleone dans Le Parrain 2 – rôle qui lui a valu l’oscar du meilleur second rôle. “Il est des visages qui se substituent au septième art et des répliques qui marquent la cinéphilie à jamais”, souligne le communiqué du Festival.