Amanda Sthers dévoile sa toute première exposition, "Le lendemain, tout a changé"
L’écrivaine sort de son cadre et dévoile sa toute première exposition à la Galerie 75 Faubourg, « Le lendemain, tout a changé », un exercice inédit souvent drôle, parfois déchirant.
Il y a une quinzaine d’années, Amanda Sthers tombe, aux puces, sur une photo assez ancienne, le portrait d’une jeune femme, anonyme, abandonné dans une boîte près de poupées cassées. Elle semble lui faire signe, alors elle l’achète, et de retour chez elle, lui invente un autre destin à travers l'écriture d'une lettre imaginaire qui lui serait adressée. C’est ainsi que commence une longue aventure, de brocantes en vide greniers, ou l’écrivaine recueille de faibles indices - des dates au dos des photos, des prénoms, des lieux - pour raconter des histoires, d’enfants, de familles, de couples qui se marient, d’autres qui ont du mal à faire semblant devant l’objectif, créant alors un monde fantasque. Parfois, elle leur associe des objets - un cintre, une broche, un carnet - ou crée un lien avec d’autres photographies. « Il y a dans cet exercice tout ce que ma vie d’artiste m’a amenée à faire, » commente-elle, à quelques minutes du vernissage. « Ça mêle l’empathie, l’imagination, l’observation, l’esthétisme, la capacité à croquer une histoire en quelques phrases. »
Tous les personnages ne sont pas des gentils, certainement pas ceux sur les photos datées de la seconde guerre mondiale, mais Amanda Sthers les rend attachants, invite au pardon. C’est parfois écrit en italien, on en trouve même un en allemand, beaucoup en anglais, la majorité en français. Au lieu d’être des fantômes sans nom dans la poussière, ils deviennent, une fois passés entre les mains de l’écrivaine, les héros d’un instant de vie. « Il fallait que la photo m’appelle. Je ne me suis pas forcée. Tout est inventé, mais j’aimerais tellement que quelqu’un me dise ‘incroyable, c’est mon arrière grand-père sur la photo! »
Alors qu’elle imagine son travail orner seulement les murs de sa maison à Marseille, son amie Katy Wellesley Wesley, qui travaille dans des galeries à Londres, l’autorise à penser qu’elle était en fait en train des créer des œuvres d’art, destinées à être vues. S’en suit une soudaine boulimie et Amanda n’arrive plus à s’arrêter, créant ansi plus de 130 oeuvres. Puis la curatrice Laura Serani tombe amoureuse du projet, et c’est ainsi que ce secret si bien gardé toutes ces années devient public, à l’occasion d’une exposition tout au long de ce mois de décembre. « Tout est à vendre, mais dans le fond j’espère tout récupérer », plaisante l’artiste, très attachée à ce projet. « Je comprends enfin les peintres qui ont du mal à se séparer de leurs toiles! »
Exposition du 2 au 23 décembre 2022, du lundi au vendredi de 10h à 19h, www.galerie75faubourg.com