PHILANTHROPIE

Ben Pundole : "La notion de luxe implique le respect de la planète"

Humaniste et workaholic au sens noble du terme, Ben Pundole constitue depuis plus de 20 ans un binôme stratégique et créatif avec Ian Schrager, père fondateur du Studio 54 et des branchés Public et EDITION hotels. Vice president of Brand Experience de ces derniers, rédacteur en chef du site A Hotel Life et activiste, Ben Pundole s’est doté d’une mission : combattre l’utilisation du plastique dans le secteur hôtelier et faire de la marque EDITION la première à porter haut l’étendard plastic-free. Rencontre.
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Vous endossez les rôles d'entrepreneur, rédacteur en chef, créatif, activiste... Racontez-nous comment votre carrière a commencé.

Ben Pundole : Ma carrière a commencé en bas de l'échelle. Lorsque j'étais étudiant à Londres, j'accordais plus d'importance à faire la fête qu'à réviser mes examens, j'ai donc dû tirer un trait sur l'université. A la place, j'ai travaillé 4 ans au Groucho Club, un club pour membres réputé à Londres. J'y étais "homme à tout faire" avant de passer barman puis manager. J'ai ensuite rejoins le Met Bar au Metropolitan Hotel dès son ouverture, en tant que manager. Beaucoup de célébrités s'y retrouvaient — j'y ai rencontré et cotoyé Madonna. J'avais 22 ou 23 ans à l'époque. Puis j'ai pris un avion pour New York afin de monter un pop-up chez Saks Fifth Avenue dans le cadre d'un évènement appelé "The British Invasion" où tous les designers britanniques, tels Stella McCartney et Alexander McQueen, prenaient leurs quartiers. J'y ai rencontré la prêtresse de la nightlife new-yorkaise Amy Sacco qui venait d'ouvrir Lot 61. En trois mois, je suis devenu general manager du club. A 24 ans, je m'installais à New York. J'ai fait cela pendant un an, puis Madonna est venue me solliciter afin de gérer un projet qu'elle souhaitait lancer avec Ian Schrager à Londres. J'étais très flatté. Finalement, le projet ne s'est pas concrétisé pour une histoire de licence, mais elle m'a tout de même présenté à Ian avec lequel j'ai travaillé de 1999 à 2011. En 2012, après une période rythmée de projets personnels et professionnels (King & Grove Hotels, le Ruschmeyer à Montauk, ndlr), nous nous sommes réunis pour lancer la marque EDITION, qui a depuis ouvert ses portes à Londres, Miami, New York, Sanya, Barcelone, Shanghai...

"Stay Plastic Free démontre qu'aujourd'hui la notion de luxe implique le respect de la planète et des autres."

Parlez-nous de votre initiative Stay Plastic Free : comment est-elle née ? Quelle a été la réponse de l'hôtellerie face à une telle campagne ?

Il y a quelques années, je suis passé par une phase de changements et de remise en question — j'ai entamé une thérapie, je me suis mis à la méditation, j'ai commencé à prendre davantage conscience de mes actions sur la planète et sur les gens en général. J'ai réalisé à quel point l'industrie hôtelière était sujette au gâchi, plus précisément au gâchi plastique. En tant qu'acteur dans ce secteur, je ne le supportais plus. Je me suis penché sur les pratiques de nos 4 hôtels existants en 2017 (Londres, Miami, New York et Sanya) — avec près de 1,2 millions de bouteilles en plastique utilisées par an, il était urgent d'agir. Après une tentative de partenariat avec une association pour la préservation des océans, j'ai décidé de lancer notre propre initiative : le projet Stay Plastic Free voyait le jour. Son but est d'élever la marque EDITION comme un standard d'éco-responsabilité et d'inspirer toute l'industrie hôtelière à suivre le mouvement. Les réactions dans le secteur sont positives, mais il demeure difficile de convaincre. Nos hôtels EDITION ont banni l'utilisation des bouteilles et pailles en plastique, et nous sommes en train de remplacer toutes les commodités par des accessoires réalisés à base de bamboo. Les emballages en plastique sont eux aussi remplacés par des packagings en papier. C'est un défi continu qui concerne les clés électroniques de chambre (ou keycards), les flacons de gels douche et shampoings dorénavant constitués de plastique recyclé — mais même le plastique recyclé ne représente pas une solution sur le long terme puiqu'il ne peut être utilisé qu'à hauteur de 6 fois. Nous ne cessons d'explorer davantage de solutions, et je suis heureux de constater que certaines villes comme Shanghai et Los Angeles ont fini par interdir les pailles en plastique. La chaîne EDITION faisant partie du groupe hôtelier Marriott, il est positif de voir nos actions se répercuter sur les 7,000 hôtels du groupe à travers le monde. Le mois dernier, les pailles en plastique y étaient supprimées et nous les encourageons à continuer en ce sens. Grâce à mon activité parallèle non-lucrative de fondateur et rédacteur-en-chef du site A Hotel Life, nous sensibilisons et accompagnons d'autres hôtels autour du globe. Nous travaillons aussi avec une organisation nommée NEACO qui nous aide à réfléchir à d'autres alternatives au plastique, ainsi qu'avec Project Zero, une association militant pour la protection des océans (et qui compte de nombreux ambassadeurs tels Georgia May Jagger, Derek Blasberg, Poppy Delevingne,..., ndlr).

Vos conseils pour contribuer à la préservation de l'environnement à plus petite échelle ?

La voix de chacun d'entre nous est importante et il est urgent de la faire entendre. A chaque fois que vous voyagez et que vous découvrez des bouteilles en plastique dans votre chambre d'hôtel, appelez la réception et demandez à les faire enlever et remplacer par des carafes d'eau. Cette action est rapide, simple et ne coûte rien. Si nous sommes assez nombreux à faire pression, les hôtels finiront par comprendre et changer leur mode de fonctionnement.

 

Propos recueillis à The Bodrum EDITION

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