L’Overlap Reality, nouveau jouet de la Fashion Tech ?
L'univers enchanté de Christian Louboutin, réalisé par SkyBoy.
Repérée pour la première fois (dans l’univers mode et luxe) à Noël dernier aux Galeries Lafayette, où la vidéo en ligne de leur « expérience immersive » a été la plus regardée de l’histoire du grand magasin (plus de 500.000 vues), la société SkyBoy vient de faire sensation lors de la dernière fashion-week parisienne à la présentation Christian Louboutin. François-Xavier Goemaere, l’un des deux cofondateurs, analyse à froid cet engouement.
En quoi consiste cette dernière réalisation pour Christian Louboutin ?
François-Xavier Goemaere : Il s’agissait de permettre au visiteur « d’engager une expérience » avec la mise en scène du lieu, la Grande Serre du Jardin des Plantes, et la présentation de la collection. De « réenchanter l’espace », afin de donner libre cours à l’imaginaire de chacun. Nous avons travaillé avec un collectif d’artistes barcelonais. En terme de visuel et de narration, personne n’avait fait ça avant.
Comment résumer la technologie SkyBoy ?
C’est une technologie vidéo inédite baptisée Réalité Superposée, Overlap Reality en anglais. Une expérience immersive exceptionnelle, entre réalité augmentée et réalité virtuelle. Elle calibre le virtuel sur le réel en augmentant l’environnement à 360°, et permet au spectateur de vivre une expérience à partir de son smartphone, via une app dédiée.
Qu’est-ce que cela apporte de plus au visiteur ?
SkyBoy fait partie de cette nouvelle génération d’expériences de marques, invitant à sortir de chez soi pour consommer du contenu et de l’expérience engageante. Avec une qualité cinématographique bien supérieure à celle de la réalité augmentée, qui a ses limites techniques. L’illusion d’être plongé au coeur d’une histoire, avec cette impression d’être en train de la filmer soi-même, fait toute la différence.
Et à la marque ?
L’époque est à l’image animée et au story-telling. Offrir aux marques la possibilité d’avoir un nouveau vecteur de communication autour d’un produit, d’un évènement, répond à une vraie demande. Toutes cherchent à augmenter leur ROI (ndlr. retour sur investissements), et le taux d’engagement de leurs clients. C’est un call-to-action de plus. Et la viralité de telles expériences est extraordinaire.
"Comme l’a très bien résumé notre client LVMH, nous sommes les seuls à proposer une réalité augmentée Premium."
Concrètement, comment ça marche ?
SkyBoy gère différentes étapes, à commencer par celle de la production : un scénario est établi, une vidéo tournée à 360°, géo-localisée par coordonnées GPS et calibrée sur l’environnement réel. La technologie est ensuite hébergée sur une application dédiée ou page Web mobile, qui se déclenche au long de l’itinéraire à des points précis et se superpose au centimètre près au paysage, à partir de l'app ou du navigateur de n'importe quel smartphone. Le spectateur se retrouve alors en immersion totale, pour vivre une expérience unique.
Comment expliquez-vous un tel engouement pour votre technologie, en à peine trois ans ?
Comme l’a très bien résumé notre client LVMH, nous sommes les seuls à proposer une réalité augmentée Premium, largement à la hauteur de leurs attentes. Nous sommes l’arrière-boutique sur laquelle ils peuvent se reposer.
Groupe LVMH qui vous soutient dans l’aventure ?
SkyBoy fait partie de La Maison des Start-Ups, le programme d’incubateurs de LVMH à Station F. Nous rempilons pour une deuxième année, car les projets sont nombreux sur l’année à venir et ils ont voulu nous garder encore un peu.
Quels sont ces projets dans les tiroirs ?
Beaucoup de patrimonial, pour la RATP, la SNCF, les Maisons et Caves de Champagne classées à l’Unesco, L’Opéra de Paris. On va disrupter l’audio-guide ! Mais aussi beaucoup de projets dans le retail et le luxe.
L’international vous courtise-t-il déjà ?
Complètement. 2019 a été pour SkyBoy l’année de la transformation, 2020 sera celle de l’internationalisation. Hennessy en Chine, une grosse chaine de malls de luxe américaine… Nous sommes pour l’instant les seuls au monde à proposer cette technologie d’Overlap Reality, tout devrait rapidement s’accélérer.
"Le gros enjeu des semaines à venir est d’acquérir une dimension User Generated Content."
Etre détenteur d’un brevet, avoir ses entrées au dictionnaire, c’est un rêve d’enfant, non ?
Oui, il est certain que lorsqu’on rentre Réalité Superposée sur Google, et qu’il ne sort que votre société, c’est une vraie bonne façon de se démarquer de la concurrence !
Aujourd’hui, qui compose l’équipe SkyBoy ?
Nous venons de recruter au développement et au commercial, nous sommes huit, contre quatre à l’origine du projet, dont Vincent Burgevin, réalisateur et cofondateur. Nous avons tous des profils et parcours très différents, de la réalisation au développeur de solutions, en passant par la production et le business-development. Lorsque nous avons commencé à deux en 2013, c’était en side project. C’est en 2016 seulement que nous avons lancé notre start-up, nous ne connaissions rien à cet univers, mais avons levé des fonds assez vite et trouver nos premiers clients.
Comment avez-vous financé l’entreprise ?
La levée de fonds, auprès d’Investessor, s’est faite rapidement mais tranquillement, et nous allons doucement vers une série A pour la fin 2019. Nous ne sommes pas pressés et savons que le million d’Euros nous suffira pour l’instant.
A quoi serviront les prochains investissements ?
Sans aucun doute à nous améliorer technologiquement. Optimiser les software, développer les supports… Nous avons une roadmap précise sur les 2 prochaines années. Le gros enjeu des semaines à venir est d’acquérir une dimension User Generated Content, afin de pouvoir proposer aux marques clientes de créer elles-mêmes leurs propres contenus, et de les personnaliser, grâce à un service clé en main en mode SAS. Nous allons également permettre au consommateur d’importer directement un QR Code qu’ils n’auront qu’à flasher sur un event, plutôt que de passer par l’App.
A quelle haute-technologie souhaiteriez-vous à l’avenir vous associer ?
Sans hésitation celle de l’intelligence artificielle, très lourde et que nous ne souhaitons pas développer en interne. Mais l’intégrer, au service de la data par exemple, nous intéresse.
Video Courtesy of Christian Louboutin