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Cyril Benzaquen : " Pour cette reconquête de mon titre, j'ai renoué avec les fondamentaux"

A la veille du combat qui l'opposera à l'Italien Jacopo Tarantino au Palais des Sports Marcel Cerdan de Levallois-Perret, celui qui est devenu en quelques annnées l'ambassadeur privilégié du kick boxing se confie à l'Officiel.

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©Tara Levy

Quel est votre état d'esprit à la veille de ce combat, et quels en sont les enjeux sportifs majeurs au regard de votre palmarès déjà conséquent?

Je l’appréhende différemment des précédents, après avoir pris un virage dans ma carrière. J’ai perdu mon titre l’an dernier, et c’est donc la première fois -à part en 2015 à l’âge de 24 ans- que je vais faire un championnat du monde de kick boxing sans mon titre; je ne suis donc plus dans l’optique de défense de mon titre de champion du monde mais dans une logique de reconquête. Il y a une évolution significative dans mon mindset, je me mets ainsi l’objectif de gagner par KO. J'ai traversé une phase de remise en question et j’ai eu besoin de faire le vide, je suis parti seul dix jours histoire de marquer une vraie pause et de me recentrer sur moi-même et mes objectifs, de revenir sur mes blocages, de faire un état des lieux en me focalisant sur l'avenir. Je suis aussi accompagné par une personne très proche, avec laquelle j'ai travaillé durant des années pour ma préparation; ce combat marque pour moi un retour aux fondamentaux. 

Vous produisez vous-même l'évènement. Comment conciliez-vous cet aspect business avec votre cap sportif?

La partie gestion d'évènements est en effet assez prenante en termes de stress, et ce même quand on délègue: il faut gérer la partie médiatique avec le diffuseur, le côte commercial avec les sponsors, la billeterie VIP, il y a une multitudes d’aspects à prendre en compte. Mais dès mes études, j'ai pris l'habitude d'avoir deux casquettes, en conciliant la vie universitaire avec mes entrainements, je me suis construit comme ca et cela a été précieux pour la suite de mon parcours.


Avez-vous une routine spécifique à l'approche de votre combat?

J’ai une bonne alimentation et une hygiène de vie assez stricte en général, et je veille d'autant plus à être en forme deux mois avant mon combat. Mais l’an dernier, je me suis imposé énormement de restrictions sans gagner mon combat pour autant, j'ai donc décidé de privilegier mon bien être mental, sans me focaliser sur les détails à l'extrême et me priver à outrance.


A ce propos, on assiste à une vraie libération de la parole des athlètes sur le sujet de la santé mentale, certains évoquant désormais des périodes de dépression y compris quand ils étaient au sommet. Est ce aussi le cas dans le secteur de la boxe?

Il y a en effet une libération de la parole, les sportifs s'ouvrent sur leurs moments de faiblesse et de down. On a cette image du champion invincible et qui se blinde en permanence, alors qu'il est un être humain comme tout le monde. Je trouve cette évolution et ces prises de parole salutaires, même si ces sujets demeurent encore très tabous dans la boxe, un milieu viril où on nous apprend à cacher nos émotions durant les combats. La carapace psychologique qu’on se crée dans le ring, il est difficile de la retirer ensuite! Je me considère comme quelqu’un de sensible, et c’est pourtant quelque chose que les gens ne percoivent pas toujours.


On assiste à un changement de regard sur les sports de combat, longtemps jugés infréquentables et ayant souffert d’une image sulfureuse. Quel regard portez-vous sur cette évolution?

Il y a une vraie démocratisation des sports de combat en particulier grâce au MMA et à l’UFC, grosse machine Américaine qui a permis de mettre l’accent sur la discipline sportive plutôt que sur les individualités qui y existaient. Il y a certes pu y avoir des délinquants ou des voyous qui gravitaient dans ces disciplines là, car c’était un sport populaire pratiqué dans des zones défavorisées. Du fait de cette démocratisation, les sports de combat s'ouvrent désormais à une plus grande diversité de profils et ce phénomene s’atténue naturellement. La violence supposée du sport de contact est moins perçue comme de l’agressivité, on prend conscience de la dimension sportive, notamment grâce aux sportifs qui soignent leur discours et leur image hors ring via les réseaux sociaux avec des profils cool qui tranchent avec l’image qu’on peut se faire de la boxe.

En dehors du cap majeur que représente votre combat, quels sont vos projets dans les prochains mois?

L’ouverture de ma salle de sport, un projet que j'ai en tête depuis plusieurs années mais qui a mis du temps à se mettre en place et à se concrétiser. Elle sera située dans le 17ème arrondissement de Paris,  c'est une fois de plus une histoire de rencontre et de complémentarité avec mes partenaires. Outre les cours dispensés par des professeurs, il sera possible d’y pratiquer des coachings que j'encadrerai, c’est une aventure entrepreneuriale ultra stimulante. Lors de mon combat, je vais aussi proposer pour la première fois du merchandising imaginé avec la marque sportswear Sweet Pants, avec plusieurs modèles unisexe concus en excusivité. C'était important pour moi de garder un lien avec la mode et le vêtement, même si il ne s'agit pas d'une collaboration avec une grande maison comme j'ai pu le faire dans le passé.

https://www.instagram.com/cyrilbenzaquen

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©Tara Levy

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