Industry Trends

"Gucci Manifesto", décryptage d'un coup de maître

La sortie de la collection “Gucci Manifesto” marque un sommet en matière de marketing. Il n’y avait guère que cette machine de guerre italienne pour oser une telle comm’, au-delà de seulement pouvoir. Mais jusqu’où ira donc la marque délirante ?
person human stage clothing apparel festival crowd

Connaissez-vous beaucoup de maisons de mode qui peuvent se vanter de célébrer la sortie d’une collection par le lancement d’une autre collection off qui lui réponde en clin d’œil ? Et sans même prendre en compte des considérations financières, mais plutôt des considérations stratégiques. La marque Gucci nous a habitués ces dernières années à mener la danse en matière de tactique créative et de méthodes de communication originales, moteur d’une industrie du luxe qui doit de plus en plus imposer une image forte, patrimoniale, culturelle, artis- tique et surtout visionnaire pour se maintenir à flots. Gucci fait donc figure d’autorité dans ce domaine depuis 2015, et doit cette gloire au tandem à succès Alessandro Michele, le directeur de création, et Marco Bizzarri, le président. Et si le premier déborde d’idées, le second sait comment les faire passer. “Le cœur de notre stratégie, explique Marco Bizzarri, c’est la créativité. Alessandro a créé une nouvelle demande pour un nouveau luxe. Et la culture est au cœur de notre modèle, qui ne peut donc pas être copié.” Passer la barre des dix milliards d’euros de chiffre d’affaires, même sans date butoir, exige de se donner tous les moyens afin de tenir un tel rythme de croissance sans faiblir.

Avec la sortie fin juillet de la collection “Gucci Manifesto”, c’est une nouvelle démonstration de marketing offensif qui s’est imposée. En vente en même temps que la collection du podium automne-hiver 2019/2020, cette capsule très spéciale “a pour vocation de synthétiser le message” lancé lors de la première collection, en éditant trois produits, tous imprimés des fameux masques fantasmagoriques et slogans “The mask as a cut between visible and invisible” vus au défilé.

LA FAMEUSE “EXPÉRIENCE CLIENT”

Tee-shirts, sweat-shirts et hoodies, dont certains édités en exclusivité pour la vente en ligne sur le site de la marque, ont leur propre packaging, boîte noire codée de rouge pour le e-shop, de blanc pour les boutiques. Autant dire des collectors à destination de la grande communauté maison. L’application Gucci (une référence dans son domaine, dispo- nible sur App Store) y consacre même une section, permettant d’essayer virtuellement les masques en réalité augmentée et de s’immortaliser avec ces filtres ultratendance en selfies photos et vidéos. Gucci met donc en œuvre la fameuse “expérience client”, dont la jeune généra- tion raffole. Et comme si cela ne suffisait pas, la collection “Gucci Manifesto” s’expose en ville comme autant d’œuvres d’art, de Milan à New York en passant par Mexico ou Hongkong, dans le cadre des “Art Wall Series” lancées par Gucci en mai 2017 (des espaces publicitaires de 176 m2 mis régulièrement à la disposition d’artistes contemporains invités par la marque, tels que Marina Abramovic ou Ignasi Monreal). Les codes du luxe 2018 ont pris un coup de vieux.

“Gucci Manifesto” s’affiche sur les murs de Hongkong, dans le cadre des “Art Wall Series” de la marque.

Recommandé pour vous