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G-Star met du bio dans son indigo

Bien que, ou parce que, faisant partie de l’industrie du denim, l’une des plus polluantes, la marque hollandaise G-Star a depuis longtemps inscrit le respect de l’environnement dans ses valeurs. Et bien lui a pris d’engager une certaine Frouke Bruinsma, dont la fibre écolo fait des merveilles. Entretien.
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Directrice du développement durable au sein de la marque G-Star depuis 2006, Frouke Bruinsma, affiche un militantisme contagieux et un engagement exemplaire. Rencontre.

L’Officiel Hommes: L’entreprise G-Star est depuis 2006 reconnue pour son engagement précurseur en matière de développement durable. Pouvez-vous nous rappeler comment tout a commencé ?

Frouke Bruinsma : Nous avons créé notre “Corporate Responsibility Department” il y a treize ans, persuadés que la mode responsable devait être placée au cœur du business de l’entreprise. Après avoir commencé par le volet social – le respect des conditions de travail de nos fournisseurs –, nous sommes passés à des considérations plus techniques: matériaux, procédés de fabrication, gestion logistique, boutiques, quartiers généraux... Et depuis, nous n’avons eu de cesse de faire grandir l’entreprise autour de ces valeurs, qui sont ici un moteur plutôt qu’un obstacle.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples concrets de ce qui a été fait en la matière chez G-Star ?

Concrètement, un code de bonne conduite a été établi avec nos fournisseurs, puis une fondation, la GSRD, créée en 2007 afin de soutenir l’éducation et l’entrepreneuriat des pays et communautés où nos produits sont fabriqués. Ensuite, au fil du temps, des collections capsules organiques ont vu le jour, comme en 2013 la collection “Renewed Denim” qui recyclait 20% de déchets denim, ou en 2014 la “RAW for the Oceans” qui valorisait les déchets plastiques retirés des océans. Et l’an dernier, “Our Most Sustainable Jeans Ever” qui combinait la production d’indigo le plus propre jamais atteint, avec des techniques de délavage responsable et un coton 100% bio. Cette dernière collection est un peu notre pièce maîtresse, car elle résume à elle seule tout l’effort entrepris. Elle a d’ailleurs été récompensée par un “Gold Level Certification” du Cradle to Cradle (recyclage permanent, ndlr), la marque de certification la plus exigeante au monde. Depuis 2017, G-Star est également la première marque de denim à collaborer avec le chimiste Archroma, pour la production d’une collection de jeans “EarthColors” au délavage éco-conscient réalisé à base de plantes et non de pétrole.

Avez-vous chez G-Star une équipe dédiée au sujet ?

Un bureau de huit personnes y travaille au quotidien. Il est composé d’experts sociaux et environnementaux, d’experts locaux dans nos pays de production basés à Shanghai et au Bangladesh, et d’un expert en économie circulaire. Chacun d’entre eux travaille étroitement avec le reste des employés, c’est une dynamique globale.

En tant qu’acteur-clé, quel constat global dressez-vous aujourd’hui?

On a bien vu, lors du dernier Fashion Summit de Copenhague organisé mi-mai par le Global Fashion Agenda, dont G-Star est partenaire, qu’il y a aujourd’hui une réelle volonté d’agir en synergie face à l’urgence. Un changement fondamental s’impose pour cette quatrième révolution industrielle. L’avenir y sera circulaire, responsable et transparent, ce seront les nouveaux standards. Et ça, c’est un réel bond en avant.

Pharrell Williams, “tête chercheuse” créative pour G-Star RAW, a-t-il contribué à cette dynamique interne?

Bien sûr. Notre longue collaboration a commencé avec le lancement de “RAW for the Oceans”, fondée sur le recyclage du plastique des océans. Non seulement il est aussi impliqué que nous dans le développement durable, mais il a une aura incroyable, qui lui permet de diffuser notre message à grande échelle, et auprès des bonnes personnes. C’est un atout essentiel.

Qu’en est-il de la jeune génération, avec des porte-parole comme votre ambassadeur le rappeur et acteur Jaden Smith?

Les études montrent une conscience et une implication importante des millenials pour le respect de la planète, ce n’est plus un secret pour personne. Cela fait partie de leur quotidien, de leur style de vie, et on constate par exemple qu’ils sont nombreux à demander l’origine d’un vêtement lors de l’acte d’achat. C’est Pharell Williams qui nous a présenté Jaden, et ce dernier avait vraiment en tête “d’inventer” le jean le plus éco-responsable de la planète. Il nous a vraiment poussé dans cette direction, et nous avons beaucoup appris de lui !

Quelques chiffres encourageants pour conclure ?

En 2017, 57,3% de nos produits étaient éco-responsables, et 69,8% de nos cotons étaient bio. Si l’objectif d’atteindre les 100% d’ici à 2020 est dans toutes les têtes ici, une chose est sûre, c’est que nous atteindrons le zéro produits chimiques.

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