International Watch Review

Wilhelm Schmid - A.Lange & Söhne : « Nous séduisons une clientèle de plus en plus jeune »

Alors que A.Lange & Söhne fête des 175 ans cette année, son CEO Wilhelm Schmid s’entretient avec nous sur l’essence d’une manufacture de prestige qui séduit non seulement les collectionneurs historique, mais aussi une jeune clientèle ouverte sur le monde.
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En ce qui concerne les garde-temps, les chiffres sont souvent plus éloquents que les adjectifs. Les récentes ventes aux enchères en ligne organisées par les maisons Sotheby’s et Philips l’ont prouvé. La vive prédilection des collectionneurs pour A.Lange & Söhne s’est manifestée avec éclat : connue sous le nom de « Yellow Jacket », une montre en or jaune et cadran noir Datograph de 2009 (Réf.403.041) a pulvérisé son estimation initiale, s’envolant à 165 000 euros sous le marteau de Phillips à Genève le 8 novembre, tandis que deux jours plus tôt, une Lange 1 en or jaune (Ref.101.001), qui est habituellement considérée comme la montre « porte d’entrée » dans l’univers de la manufacture, était adjugée pour 47 090 euros, triplant ainsi son estimation haute initiale.

Ce constant engouement n’est pas le fruit du hasard mais la récompense d’une stratégie mettant à l’honneur la virtuosité de savoir-faire rares et l’élégance discrète et précise d’une signature qui ne s’endort jamais sur ses lauriers, sans pour autant céder à la facilité ni aux compromissions. Cette signature se dévoile à un rythme mesuré : une toute petite poignée de nouveautés chaque année. 6000 pièces par an. En 2020, A.Lange & Sohne – qui fête pourtant son 175eme anniversaire - a ainsi présenté en tout et pour tout deux nouveautés seulement lors de l’édition virtuelle du salon Watches & Wonders au printemps, suivi en septembre dernier au salon Watches & WOnders China, qui s’est tenu à Shanghai, de trois pièces commémoratives, appartenant à la collection 1815 (année de naissance du fondateur). Pour mieux comprendre ce paradigme, Wilhelm Schmid, CEO de la prestigieuse manufacture allemande a accepté de répondre à nos questions.

Comment reconnaître instantanément un garde-temps A.Lange & Sohne ?

Nos garde-temps, que se soient en termes de produits ou de calibres, sont réputés pour être facilement reconnaissables. Même sans logo distinctif, une montre A. Lange & Söhne peut toujours être identifiée. Cela est dû à une combinaison de caractéristiques subtiles telles que la solidité du boîtier, la large ouverture du cadran, la courbure spéciale des cornes, la forme typique des aiguilles et enfin - et surtout – l’aspect gravé de la typographie. Du côté du mouvement fini à la main, notre style se reflète dans des éléments techniques emblématique comme la platine trois-quarts (inventée des 1864 par Ferdinand Adolph Lange et réintroduite dans les montres Lange & Söhne apres 1990, ndlr) , les chatons en or vissés, ou le coq de balancier gravé à la main. Et du point de vue esthétique, des décorations raffinées, exécutées avec un soin extrême.

D’un point de vue plus général, qu’est ce qui constitue l’essence de l’industrie horlogere saxonne ?

La haute horlogerie saxonne constitue, malgré sa petite taille, un joli contre-pôle de ce qui se fait à Genève et dans la Vallée du Joux. Il y a 175 ans, Ferdinand Adolph Lange, le fondateur de notre manufacture, a créé une approche unique et un style – notre ADN si vous préférez – qui a survécu aux rigueurs des décennies suivantes. Cette approche a servi de ligne directrice lors de la résurrection de A.Lange & Söhne en 1990 par Walter Lange. SI vous venez à Glashütte aujourd’hui, vous trouverez une douzaine de compagnies horlogères différentes : elles se chevauchent peu et couvrent toute la bande passante du secteur, de l’entrée de gamme à la haute horlogerie.

L’arrêt cette année de la production en raison du confinement vous a t’il beaucoup fait souffrir ?

Nous avons appris lors de la crise financière que nous devions toujours nous attendre à l'imprévu et aux changements rapides. Dans les circonstances actuelles, ce qu’il nous a semblé juste et évident à faire était de mettre la santé et la sécurité de nos employés en tête de nos priorités. En conséquence, nous avons pris toutes les précautions nécessaires pour protéger nos horlogers de la manufacture ainsi que notre personnel dans nos bureaux et boutiques partout dans le monde. Dans nos locaux de Glashütte, par exemple, nous avons augmenté les distances entre les lieux de travail pour répondre aux exigences sanitaires officielles. Inévitablement, ce type de mesures a eu un effet sur les conditions de production. Nous avons également réfléchi à l’avenir afin de nous préparer au rebond et à la reprise. Maintenant que la situation en Chine et sur d'autres marchés asiatiques commence à se normaliser, nous sommes convaincus de pouvoir rattraper rapidement le retard.

Au salon Watches & Wonders Shanghai, vos nouveautés mettaient en avant le lien entre le passé et le présent, la tradition et la modernité, l’Orient et l’Occident : consolider ce lien avec la Chine est une priorité absolue pour A. Lange & Söhne ?

Bien avant la pandémie, nous avons constaté une prédilection croissante pour nos garde-temps en Chine. Particulièrement auprès de la jeune génération. Je suis convaincu que la Chine présente encore beaucoup de potentiel pour A. Lange & Söhne et que notre position sur le marché peut connaître une croissance durable. Mais nos montres jouissent également d'une popularité croissante dans d'autres parties du monde et nous veillerons à continuer à avoir une distribution équilibrée dans toutes les régions.

Les présentations virtuelles vont-elles remplacer les salons traditionnels ?

Le monde a radicalement changé au cours des derniers mois. Nous nous sommes rapidement adaptés à cette nouvelle situation et nous avons réussi à développer des plateformes impressionnantes pour présenter nos garde-temps en ligne. Le salon Watches & Wonders Shanghai, en septembre dernier, a de son côté présenté de nouveaux défis. Nous avions un salon physique, que nous avions préparé à distance, et nous avions un lancement numérique à l'échelle mondiale, que nous avions organisé en parallèle. Nous sommes heureux quand nous pouvons transmettre la sensation et le toucher de nos montres dans le cadre de rencontres personnelles car les lancements purement numériques ne pourront jamais remplacer complètement ces sensations. D'un autre côté, nous sommes bien conscients qu'à l'avenir, nous aurons une interconnexion plus étroite et plus sophistiquée entre monde réel et le monde numérique. Mais je suis convaincu que cela offre de grandes opportunités pour l'industrie horlogère.

Comment séduire de nouveaux clients et de nouveaux marchés quand on est réputé pour être une manufacture de « connaisseurs » ?

Les produits de la manufacture A.Lange & Söhne continuent de séduire les collectionneurs et les connaisseurs mais ils s’adressent aussi à un public beaucoup plus large – et beaucoup plus jeunes – qui a développé une connaissance profonde et qui exprime aujourd’hui un grand raffinement de gout dans le choix de ses montres. Nous essayons de rencontrer ces clients et de faire en sorte de correspondre à leurs envies. Permettez-moi d’illustrer cela avec deux exemples : l’Odysseus est objectivement une montre dédiée aux personnes ayant un style de vie actif et qui veulent une montre haut de gamme parfaitement adaptée aux sports nautiques. Pour certains, cette montre a déjà atteint le statut de « graal horloger ». Autre exemple, la nouvelle LANGE 1 TIME ZONE : avec son deuxième fuseau horaire facilement commutable, la montre accompagne avec élégance des personnes ouvertes d’esprit, qui pensent et interagissent à échelle globale, des personnes connectés au monde.

 

 

 

 

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Une Lange 1 en or jaune (Ref.101.001), qui est habituellement considérée comme la montre « porte d’entrée » dans l’univers de la manufacture, a été adjugée pour 47 090 euros, triplant ainsi son estimation haute initiale, lors d’une vente aux enchères à Genève le 6 novembre dernier.
connue sous le nom de « Yellow Jacket », une montre en or jaune et cadran noir Datograph de 2009 (Réf.403.041) a pulvérisé son estimation initiale, s’envolant à 165 000 euros sous le marteau de Phillips à Genève le 8 novembre
En Chine, en septembre dernier, A.Lange & Söhne a présenté trois nouveaux modèles en éditions limitées de sa collection 1815, réalisées en hommage au fondateur de la manufacture qui fete cette année ses 175 ans. Ces garde-temps présentent un boitier or miel, ainsi que des mouvements gravés et des cadrans originaux.
Première montre en acier fabriquée par la prestigieuse manufacture saxonne, la sportive ODYSSEUS a séduit une nouvelle génération de clients au style de vie actif.

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