Hommes

Ethan P. Flynn et Melchior Giedroyc, encore underground et déjà cool

Ethan P. Flynn, qui a signé son album B-Sides & Rarities : Vol. 1 en mars dernier, et son batteur Melchior Giedroyc, sont deux talents made in England qui réussissent le tour de force d’être encore underground et déjà cool.
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Deux Londoniens vous regardent, et vous ne les connaissez probablement pas. Profitez-en, car c’est bien la première fois que leur visage apparaît autre part que sur scène ou dans les archives d’une école de musique. Ethan P. Flynn, 21 ans, est un petit prodige anglais aux cheveux longs, et Melchior Giedroyc (Melch pour les intimes), 23 ans, est son compère batteur non moins anglais, et non pas un évêque polonais du XVIe siècle (son homonyme qui, lui, a une page Wikipedia). Vous l’aurez compris, les seules informations que vous trouverez sur eux sont des pages Sound-Cloud et BandCamp et si, investigateurs dans l’âme, vous ratissez les deux pages Google disponibles, vous tomberez peut-être sur une ou deux mentions d’eux dans des articles à propos d’autres artistes. Par exemple, que Ethan a co-écrit le dernier morceau de FKA Twigs, Home With You, et que Melch est le batteur live du duo pop londonien Jockstrap. Et pourquoi si peu d’infos ? Parce qu’aujourd’hui, dans la musique, la crème de la crème de la popularité, c’est le bouche à oreille, les labels indépendants, l’absence quasi-totale de communication, pire, moins de 1000 abonnés, et tout ça, pour faire monter un mythe hérité du rock progressif anglais, porté par Brian Eno et autres prédicateurs: l’expérimental. Pas de page Wikipedia et pas de genre indiqué dans la colonne de droite. La musique d’Ethan P. Flynn n’est ni du rock, ni du rap, ni du punk, ni de la pop, c’est une sorte de mix d’influences (The Flaming Lips, Ariel Pink, Gary Numan), plus ou moins conscientes, qui sortent d’on ne sait trop où mais traînent clairement dans l’Est de Londres. Et Ethan, débarqué il y a quelques années depuis le Yorkshire du Nord, y a rencontré Melch, Londonien depuis toujours, qui est inspiré par la “noirceur adolescente” de James Blake et Frank Ocean, mais aussi par les bandes originales Disney “avant 2000”, sans oublier ses sereines influences premières, Miles Davis et Keith Jarrett. Rapidement intégré à l’essaim de la scène underground, Ethan côtoie une foule d’artistes comme Slowthai, TTY ou Black Country, New Road. Et c’est probablement cette émulsion créative qui l’a mis sur la route du label indépendant The Young Turks, de Beggars Group, ou la maison de disques qui récupère tout ce qui est bon à prendre dans les salles de concerts du Royaume-Uni. Et pour cause, le compositeur multi-instrumentiste chante d’une voix de baryton lancinant, sur une gamme d’arrangements divers de la piste 1 à 7, des textes un poil flippés qui parlent de “Today”, et disent que “Love Will Find A Way”. Remplacez “love” par “fame” et vous aurez la définition de ce qui est en train d’arriver. Si Ethan P. Flynn n’a pas encore son nom sur le site du label, et “fait son propre truc dans son coin”, la hype (concept incertain à l’appétit dévorant, ndlr) ne tardera pas à s’emparer du personnage en affublant sa musique de genres et sous-genres du type “post-experimental-dream-pop”. À suivre et à écouter, car si l’album est composé de “B-Sides”, c’est à se demander ce que seraient les A-Sides.

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