Lee Wood : "l'homme n'est pas tendance, il est seulement bien habillé"
Oui, il est toujours baraqué, roule des mécaniques sur le podium en aluminium, et vaut un bon 8/10 sur l'échelle de la virilité. Mais l'homme Dirk Bikkembergs de l'automne-hiver 2017/18 s'est transformé tout en restant fidèle à ses racines. Un vestiaire radical, pur, aux coupes franches et au magnétisme inné, qui reprend les origines belges du fondateur tout en les adaptant à l'homme urbain qu'est le customer-type de la maison. Et plus qu'une vocation moderniste, c'est un manifeste de l'homme contemporain que nous livre Lee Wood, le talentueux directeur artistique tout juste propulsé à la tête du label belge. Rencontre.
Vous avez dit que votre travail était de "repositionner le style de la marque de façon à la rendre très reconnaissable ». Qu’est-ce que Dirk Bikkembergs aujourd’hui?
Dirk Bikkembergs est une marque homme qui promeut la masculinité dans la mode. Je me sentais le devoir de ramener la marque à cet essentiel qu’est la virilité, en créant une collection forte axée sur l’ADN même de Dirk Bikkembergs.
Les influences sportswear fétiches du fondateur sont moins évidentes dans le dernier défilé. Quelle est la nouvelle direction que vous voulez donner aux collections homme?
La marque a toujours eu un lien privilégié avec le sport, Dirk lui-même était un pionnier du genre. Beaucoup d’autres designers ont ensuite suivi le mouvement. Mais les origines du label remontent encore beaucoup plus loin. Au commencement, l’esthétique était beaucoup plus rigoureuse, sartoriale et factuelle, avec des codes très marqués. Cette période était très importante dans mon travail d’inspiration, je la trouve beaucoup plus compatible avec la mode actuelle et l’homme urbain. Je voulais ressusciter ce moment, rendre les vêtements forts et masculins à nouveau. Ce qui ne veut pas dire que j’ai mis le sportswear de côté : il est présent par touches, par un détail par ci par là, mais ils sont plus subtils et sophistiqués qu’auparavant.
La personne que vous rapprocheriez le plus à cette collection?
J’aimerais que la collection touche un public plus averti, cultivé, au courant des tendances. Des hommes qui s’intéressent au design, à l’art, qui vivent de manière moderne. Des personnes qui comprennent l’importance des volumes et des proportions, le rendu sur leur corps. Il y a un plaisir personnel dans la mode que les hommes ont perdu il y a longtemps. Je veux leur ramener ce désir de porter des vêtements bien taillés, qui leur vont. Qu’ils deviennent plus masculins, authentiques et plus forts.
Votre plus gros dilemme pour l’automne-hiver 2017/18?
C’est amusant, je n’ai eu absolument aucun dilemme. Je savais exactement ce que je voulais et à quoi ça devait ressembler. J’étais euphorique avant le show, tout le monde n’arrêtait pas de me demander si j’étais nerveux, mais je ne l’étais pas du tout. Je me sentais bien, juste. Après 6 mois de dur labeur, tout était comme je l’avais imaginé. Le dilemme est maintenant de savoir ce que je vais faire ensuite !
Dans la mode masculine, est-il plus question de mode ou de style?
Le style, définitivement. Je n’aime pas penser que l’homme est tendance, mais plutôt qu’il est bien habillé. La collection jongle avec les pièces classiques : pardessus, vestes croisées, etc… Mais twistées de nouvelles proportions et de matières innovantes pour les rendre plus sexy. Un homme de style est un homme que vous remarquez parce qu’il est bien dans ses vêtements, peu importe ce qu’il porte.
Vous avez travaillé 16 ans pour Versace. Comment s’acclimate-t-on à Milan lorsqu’on est britannique?
L’Italie est un très beau pays plein d’histoire. C’est compliqué de ne pas y être inspiré. Géographiquement, le pays est très riche. J’aime beaucoup la nature, être dehors. Et ne parlons pas de la gastronomie et de la météo qui sont assurément meilleurs que dans mon pays natal !
Un petit teasing sur les inspirations de votre prochaine collection homme?
Hmmm… c’est un voyage vers l’inconnu, et je vois beaucoup de poussière !