French Riviera

Mark Evans, KNIFE EDGE

Son travail se situe quelque part entre la peinture, la photographie et la sculpture. Rencontre avec un artiste toujours sur le fil…

Mark Evans, KNIFE EDGE

L’Officiel : Vous préparez votre première exposition, “Knife Edge”, à la galerie G&M Design à Monaco. Parlez-nous de ce travail…

MARK EVANS : Il représente la dernière décennie de ma pratique en studio. Toutes les pièces ont nécessité plusieurs milliers d’heures de travail, chacune a été finement gravée, ciselée, rasée et sculptée dans la surface du cuir. Cette expo rassemble une variété de thèmes et de récits.

L’O : Pourquoi ce titre, “Knife Edge” ?

ME : Parce que je sculpte le cuir au dixième de millimètre près, c’est pour cette raison que mon travail apparaît hyper-réel à l’œil. Parfois mes gravures apparaissent même plus vraies que des photos car il y a une vie et une âme aux entailles que je fais avec ma lame. Pour atteindre ce niveau de détail, j’utilise des scalpels de chirurgien et des couteaux tranchants comme des rasoirs. Il n’y a aucune marge d’erreur : une mauvaise coupe, une marque trop profonde et la pièce entière peut se trouver ruinée. C’est comme marcher sur une corde raide, sans harnais, comme Philippe Petit l’a fait entre les Twin Towers à New York. Un peintre peut corriger ses erreurs, un artiste travaillant au crayon ou au fusain peut effacer et recommencer. Je n’ai pas ce luxe. Il me faut donc une concentration extrême et autant de patience pour créer mes œuvres. Mon travail est fait sur le fil du rasoir, au sens propre comme au figuré.

L’O : Ce travail de gravure sur cuir, tout à fait unique, produit des “microsculptures”. Comment avez-vous développé cette technique ?

ME : Elle est née d’un pur accident ! Ou de la providence divine… À l’hiver 2000, j’ai essayé de nettoyer une tache de sang sur une nouvelle veste en cuir que je venais de recevoir à Noël. J’ai gratté le sang sur la surface du cuir, et ça a été l’étincelle ! Cette minuscule tache a soudainement  provoqué mon propre “Eureka” d’Archimède, comme si une explosion s’était produite dans mon esprit. J’ai vu d’un coup un monde de possibilités ! Je me suis enfermé dans mon studio les années qui ont suivi et me suis concentré sur le développement de cette toute nouvelle technique. Je vivais à la fois en artiste et en scientifique fou, essayant de perfectionner le processus que j’avais accidentellement découvert. Cela fait vingt ans maintenant, deux décennies de recherche, de raffinement, de développement du travail et de la technique.

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L’O : Le travail de la peau animale a un aspect très organique, quelle est votre relation avec les animaux et comment choisissez-vous les peaux ?

ME : Oui, il y a quelque chose de très “réel” dans mon travail. Quelque chose de viscéral et de beau. Le cuir que j’utilise provient essentiellement de Scandinavie où le bétail est bien soigné, où il a des pâturages luxuriants et aucune clôture en fil de fer barbelé pour couper ou accrocher la peau. Puis les peaux sont toutes expédiées et tannées en Italie, car les Italiens sont les meilleurs tanneurs. J’utilise généralement des cuirs aniline ou semi-aniline, pleine fleur ; tous les cuirs ne peuvent pas être gravés.

L’O : Êtes-vous un habitué de Monaco, ou est-ce votre première rencontre avec cette ville ?

ME : Je suis allé à Monaco plusieurs fois, j’ai des amis ici. Et c’est toujours bon d’y revenir.

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Mark Evans, exposition “Knife Edge” à la galerie G&M Design de Monaco,

du 24 juin au 20 août.

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