Interview Laure Ambroise
Photographie Carlotta Kohl
L’OFFICIEL: Vous avez étudié le théâtre et la peinture dès votre plus je une âge, être pluridisciplinaire est une seconde nature chez vous?
REBECCA DAYAN: En effet, j’ai toujours fait plusieurs chose sen même temps. Mais, en tant qu’actrice, il y a beaucoup de moments où l’on ne tourne pas et où l’on doit trouver d’autres moyens de s’exprimer. J’écris donc des courts-métrages. Et j’ai récemment produit un documentaire, Born Free, réalisé par mon amie Paula Goldstein, sur le thème de l’inégalité face à l’accouchement aux États-Unis.
L'O: En plus de produire des documentaires, écrire des scénarios, être actrice avez-vous d’autres cordes à votre arc?
RD: Je dessine toujours, mais je le fais plus pour moi.
L'O: Vous êtes née à Saint-Paul-de-Vence, mais votre vie se dé roule depuis longtemps à New York. Comptez-vous y rester indéfiniment?
RD: Non, je ne compte pas y rester indéfiniment, même si j’aime rais garder un pied ici. New York est la ville où je me suis sentie la plus libre, c’est pour cette raison que j’y suis restée. Mais é le ver une famille ici me paraît compliqué. J’aime être plus proche de la nature et, finalement, je me dis que vivre non loin de la Méditerranée ne serait pas mal.
L'O: Comment est née votre passion pour le cinéma?
RD: C’est sans doute ma mère, avec qui je regardais beaucoup de films, qui m’a donné cette passion. Quand j’avais 14 ans, elle m’a montré After Hours de Martin Scorsese, et je ne peux expliquer pourquoi mais c’est ce film en particulier qui a éveillé quelque chose en moi pour le cinéma.
LO: Les rôles se sont-ils enchaînés rapidement?
RD: Non, cela a été long et laborieux. Ça a commencé par deux rôles dans la foulée, puis il y a eu une période creuse. Après, j’ai rencontré pas mal de jeunes réalisateurs et producteurs avec qui j’ai travaillé. Ma carrière, c’est un schéma classique fait de castings et de rendez-vous, et de la volonté de me débrouiller un peu par moi-même, trouver des projets sur lesquels travailler en m’impliquant au tout début du processus.
L'O: Quel est le film qui a marqué un tournant dans votre carrière?
RD: Celui-ci. Halston marque pour moi un grand changement,pour le rôle que j’y interprète et par l’ampleur du projet, ce qui est vraiment excitant!
L'O: Vous y incarnez Elsa Peretti quia marqué l’histoire de la joaillerie avec sa collaboration pour Tiffany. Parlez-nous de votre personnage...
RD: Je connaissais évidemment ses bijoux, sa collaboration avec Tiffany, ses photos d’Helmut Newton mais je n’avais aucune idée de son parcours, de sa vie personnelle, et ce fut passionnant de découvrir qui elle était véritablement. Elsa Perreti était une femme ne faisait pas de compromis, qui a toujours fait ce qu’elle voulait faire, envers et contre tous. Elle était issue d’une grande famille italienne et avait 20 ans en 1960... J’imagine que sa famille attendait d’elle une vie assez traditionnelle. Laisser tout cela derrière elle pour devenir designer démontre une vraie force de caractère. Son père, qui n’a pas accepté son choix, lui a coupé les vivres, et elle est partie étudier à Barcelone. C’est à ce moment-là qu’elle est devenue mannequin. Puis elle est partie tenter sa chance à New York. À cette époque, s’inventer une nouvelle vie en tant que femme était encore plus un challenge qu’aujourd’hui. Elsa était une vraie iconoclaste.