Olivier Theyskens : "J'ai beaucoup appris de mes erreurs passées"
Olivier Theyskens n’a pas chômé. Depuis sa première collection en 1997, alors qu’il était étudiant à Bruxelles à l’École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre, à aujourd’hui, la cadence est restée intense. Pour preuve : décollage immédiat en 1998 lorsque Madonna porte une des ses créations aux Oscars. Un an plus tard, sa collection été 1999 est classée parmi les 25 défilés de mode les plus inoubliables des années 1990. En 2002, il quitte sa griffe et la relance en 2015. Entre ces deux dates, Rochas (de 2002 à 2006), Nina Ricci (de 2006 à 200) et Theory (de 2011-2015) ont été ses terrains de jeux créatifs, et heureux. Aujourd’hui, le jeune homme à l’allure romantico nineties, chevelure longue et noire (son signe de reconnaissance), T-shirt blanc et jean gris, nous reçoit chez lui, dans son showroom, qui abrite aussi son appartement, en plein cœur du Marais. Une atmosphère concentrée, amicale, pour parler de cette expo hommage, événement rare pour une personne si jeune “le nombre d’années ne compte pas dans ce choix, dit-il, le MoMu voulait parler d’un créateur actif, dan son époque”. Et mettre en exergue ce parcours atypique qui est le sien.
Une liberté qui tient compte de l’instinct et des émotions
“On ne parle pas de liberté dans la création on parle de la recherche d’une touche de beauté. Réaliser ce que l’on souhaite qui soit en rapport à un environnement, à des envies. Évidemment, il y a sous-jacent le désir de créer quelque chose qui aura un écho, qui va plaire, questionner ou choquer. La question est le ressenti, l’émotion, l’instinct. Est-ce le bon moment, est-ce que l’alchimie est là ? Si oui, j’y vais. Si non, je patiente. La vie est faite d’imprévus, j’essaie d’être en harmonie. En ce moment je suis dans un état d’esprit entrepreneurial. C’est à contre-courant, car nous sommes comme une start-up face à des géants du luxe, mais c’est excitant.”
La séduction comme moteur de création
“Clairement, je souhaite que mon travail ait du sens. Du coup, je pense qu’effectivement il y a là une recherche d’amour. On a tous envie d’être aimé, non ? Qui ne le souhaite pas ? Et même dans mes collections plus radicales, plus dures, il y avait ce désir d’amour. Je suis prêt à donner tout de moi avec bonheur pour ne pas décevoir. Si je n’aime pas, je ne peux pas apporter de belles choses. C’est parce que j’aime les femmes et leurs corps que je peux exprimer une forme de beauté axée sur des valeurs honnêtes et positives. La quête d’amour est une chose naturelle. Et cela peut être très prononcé chez moi.”
Une approche positive de l’impermanence
“Quand je suis arrivé chez Rochas, je pensais que je m’embarquais pour vingt ans. Quelques années après, la maison a changé de propriétaires et tout s’est arrêté. On peut être un géant qui tout d’un coup se prend un gros gadin. Il ne faut jamais se dire que tout est plus solide qu’on ne croit. Je me suis parfois taraudé sur des collections en me disant si j’avais fait la bonne attribution sur la bonne fille. On peut toujours regretter. Mais aussi choisir de se dire que ce qui est fait est fait et avancer.”
"Je ne suis pas necessairement une personne sage. Je souhaite juste que les choses soient bien faites. Mais je dois aussi admettre que j'ai beaucoup appris de mes erreurs passées"