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Labubu, la peluche culte qui fait craquer les filles de la mode

Mélange de doudou régressif, de pièces ultra-collector et de tenues fluffy à souhait, Labubu est devenu l’obsession mode inattendue de la Gen Z. Décryptage d’un phénomène aussi mignon que viral.

Si vous avez traîné un tant soit peu sur les réseaux ou flâné dans un centre-ville récemment, vous les avez sûrement déjà croisés : ces petites créatures au sourire espiègle, aux dents pointues et aux grenouillères colorées, accrochées à des sacs à main, des sacs à dos ou des tote bags. Leur look peut inspirer la tendresse, la perplexité ou carrément l’obsession — parfois les trois à la fois — mais une chose est sûre : les Labubu sont en train d’envahir la planète mode.

À première vue, rien ne relie vraiment l’univers du jouet à celui du luxe ou du style. Et pourtant, ces adorables petits monstres ont conquis les trendsetters comme les célébrités. Rihanna, par exemple, a été vue flanquée d’un Labubu Lychee Berry duveteux suspendu à son cabas Louis Vuitton monogrammé. Dua Lipa, elle, a associé un Sesame Bean gris et un Dada Labubu rose à son Hermès Birkin ultra chic. Lisa des Blackpink ne cache pas sa passion pour ces créatures : unboxings en duo avec Rosé, selfies avec ses sacs griffés ornés de Labubu… tout y passe dans ses stories. Même Emma Roberts partage son Labubu journey avec ses 20 millions d’abonnés sur Instagram.

Ces drôles de chérubins à tête de peluche n’étaient sans doute pas les accessoires vedettes qu’on imaginait pour l’été 2025… et pourtant, ils s’imposent comme les mascottes les plus convoitées du moment. Alors, simple mignonnerie ou phénomène plus profond ? On a plongé tête la première dans le terrier de lapin (oui, on ose le jeu de mots) pour décrypter cette passion virale. Où se procurer un Labubu ? Pourquoi tout le monde en veut un ? Et surtout, qu’est-ce que ça dit de la mode d’aujourd’hui ? Découverte du phénomène.

Lisa via Instagram stories @lalalalisa_m

Les origines des poupées Labubu

L’univers de Labubu voit le jour en 2015 sous le crayon de l’artiste hongkongais Kasing Lung. Inspiré par les contes et la mythologie nordique, Lung imagine un monde peuplé de créatures appelées "Monstres", figures magiques aux contours flous, mi-ange mi-démon. Au centre de ce bestiaire onirique : Labubu, la star incontestée. Avec ses oreilles de lapin, ses dents dentelées et son regard mi-malin mi-attendrissant, ce petit personnage duveteux "a bon cœur et veut toujours aider, mais finit souvent par faire des bêtises malgré lui", explique Pop Mart, l’entreprise chinoise qui détient aujourd’hui la licence de la franchise. Autant dire qu’on s’identifie pas mal.

Chaque Labubu se présente dans une version différente selon les éditions (drops) ultra limitées, et porte une grenouillère pelucheuse assortie à l’univers du moment — une banane, un ours, une étoile de mer... Le twist ? Ils sont vendus en blind boxes (boîtes surprises), ce qui ajoute une touche de suspense à l’achat. On les trouve dans les boutiques Pop Mart, sur quelques plateformes certifiées ou chez des revendeurs triés sur le volet.

Vous avez un petit goût de déjà-vu ? C’est normal. Labubu s’inscrit dans cette vague de jouets "kawaii" pour adultes qui cartonnent depuis quelques années. Sonny Angels, Smiskis, Crybabys, Beanie Babies, Squishmallows… La tendance est claire : le jouet régressif est le nouveau luxe émotionnel. Depuis la mi-2024, les Labubu montent en puissance, et à présent, ce petit monstre au look de peluche est en passe de devenir une icône pop à part entière. En témoignent son omniprésence sur les réseaux sociaux, ses apparitions dans les bras des stars… et bien sûr, ses ruptures de stock régulières.

Dua Lipa et Emma Roberts via Instagram stories @dualipa, @emmaroberts

Ils sont (presque) toujours en rupture : où acheter des Labubus et quand espérer un restock ?

Avec leur look à la fois espiègle et attachant (on s’y reconnaît un peu, non ?), les Labubus sont devenus l’un des objets de collection les plus convoités par la Gen Z, disparaissant systématiquement en quelques minutes à chaque nouvelle sortie. Acheter directement sur le site de Pop Mart ? Mission quasi impossible. Les reventes ont donc explosé, notamment sur des plateformes comme eBay, où les prix dépassent souvent le double du tarif d’origine.

Chez StockX, géant de la revente, la série Labubu The Monsters: Big Into Energy a même battu tous les records : c’est la sortie la plus performante de l’histoire de la plateforme pour un produit non lié aux sneakers, surpassant même le lancement de la PlayStation 5. Rien que ça.

Ce pic d’intérêt a naturellement fait grimper les prix sur le marché secondaire, mais a aussi entraîné une vague de contrefaçons et de copies. Certaines sont vendues en toute transparence comme des alternatives à petit prix, tandis que d’autres sont carrément proposées comme des originaux – avec, parfois, des résultats trompeusement convaincants. Résultat : ce petit jouet enfantin est devenu un véritable symbole de statut, entre exclusivité, nostalgie et capital cool bien dosé.

© Getty Images
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Comment Labubu est devenu populaire... et pourquoi les adultes ne peuvent s'empêcher d'acheter des jouets

Première explication, et non des moindres : la nostalgie. La majorité des collectionneurs de Labubu ont grandi à la fin des années 90 et au début des années 2000, une époque où l'imagerie kawaii et les anime orientaux comme Hello Kitty, Dragon Ball Z ou Pokémon s'imposaient dans les médias. Longtemps considérées comme des animations enfantines, ces franchises ont pourtant construit des communautés de fans fidèles… qui ont grandi sans jamais vraiment décrocher. Aujourd’hui, cette génération nostalgique a un revenu disponible – et elle est prête à le dépenser pour des objets qui ravivent ses souvenirs d’enfance et offrent une échappatoire bienvenue au quotidien. Résultat ? Des adultes qui achètent des peluches avec fierté, pour ajouter une touche de douceur, de personnalité et de réconfort à leur quotidien.

Ce phénomène, souvent surnommé le mouvement kidult, a poussé des marques comme Pop Mart, Mighty Jaxx ou Bandai Namco à créer des jouets pensés spécifiquement pour les millennials et la Gen Z. Et dans cet univers, Labubu brille comme une star.

Au-delà du simple attachement affectif, le phénomène Labubu est aussi une redoutable machine commerciale. Entre le frisson du mystère, la dopamine du déballage et la rareté des éditions, tout est conçu pour générer une boucle addictive. L’ouverture de la petite boîte illustrée – simple, rapide, mais intensément satisfaisante – fait appel à l’enfant intérieur de chacun. Et si vous tombez sur une édition ultra-limitée ? Jackpot. Ce format "boîte aveugle" a d’ailleurs propulsé les ventes de jouets à des sommets, en générant des milliards de dollars de chiffre d'affaires, porté par l’explosion de vidéos d’unboxing sur TikTok et Instagram. Les créateurs achètent, déballent, partagent… et influencent des milliers de fans à faire pareil. Plus la rareté est grande, plus le désir grimpe – un cercle vicieux parfaitement calibré.

© Pop Mart

La valeur de Labubu va-t-elle augmenter ?

Il y a aussi quelque chose de profondément humain derrière cette vague de collection : le sentiment d'appartenance. Qu’il s’agisse de vinyles rares, de voitures de collection, de boîtes d’allumettes vintage ou de jouets mignons et kitsch, il existe toujours une communauté – quelque part sur internet – prête à partager votre passion, aussi unique soit-elle. Les fans de Labubu ne font pas exception. Autour de ces petites créatures, des communautés engagées se sont formées, qu’il s’agisse de forums en ligne, de groupes Discord, de Reddit, ou de meet-ups IRL. On y échange des figurines, on s’entraide pour dénicher un modèle rare, on partage des infos sur les prochaines sorties, et surtout, on se retrouve entre passionnés, dans un monde où l’isolement social est parfois la norme. Mieux encore, certains membres partagent des astuces pour sauter sur un réassort avant qu’il ne disparaisse, ou mettent en garde contre les contrefaçons et les doublons à éviter. C’est un écosystème solidaire, où la passion passe avant la compétition.

Mais au-delà de la rareté ou du marketing malin, il y a une raison plus profonde à cet attachement : l’anthropomorphisme. Ce mot savant désigne le fait de prêter des caractéristiques humaines à des objets ou à des animaux. Et les Labubus en sont le parfait exemple. Dans leurs différentes séries, ils font du yoga, partent en camping, fêtent Noël, vont à la plage, vivent des émotions, portent des déguisements absurdes – bref, ils vivent comme nous. Cette humanisation crée un lien émotionnel fort, voire un sentiment d’intimité. Pour beaucoup de collectionneurs, ces figurines ne sont pas de simples objets : ce sont des compagnons, presque comme un groupe d’amis imaginaires version adulte.

Ce mécanisme psychologique – couplé à une stratégie de storytelling toujours plus poussée – est la formule magique qui propulse ces jouets vers le succès. Et quand l’attachement est réel, les fans ne s’arrêtent pas aux figurines : coques de téléphone à oreilles de lapin, pinces à cheveux duveteuses, coques d’AirPods customisées, vêtements, posters… L’univers Labubu se décline à l’infini, devenant une extension du soi. Et ça, les marques l’ont bien compris.

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Maintenant que vous savez tout, à vous de voir si vous voulez embarquer dans l’univers déjanté de Labubu. Peut-être que Rihanna, Dua Lipa ou Lisa des BLACKPINK suffiront à vous convaincre. Peut-être que ce sera la promesse d’une communauté fun et bienveillante, ou simplement le plaisir de collectionner quelque chose de mignon et réconfortant.

Dans tous les cas, la prochaine fois que vous croiserez l’un de ces petits monstres duveteux suspendu à un Le City de Balenciaga, un Intrecciato de Bottega ou même un Birkin, posez-vous la vraie question : qui est la vraie star ? Le sac… ou le Labubu ?

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