Chez Chanel, une Couture entre tradition feutrée et promesse de renouveau
La maison Chanel esquisse un luxe en suspension, en attendant le souffle de Matthieu Blazy.
Dans le silence feutré d’un salon éphémère suspendu aux hauteurs du Grand Palais, Chanel avait recréé l’illusion précieuse d’un monde à part, celui que ses clientes les plus fidèles connaissent derrière les portes closes de la rue Cambon. Le sol s’étendait en une mer de moquette blanche, les murs reflétaient l’épure dans une danse de miroirs, et de longues banquettes beiges, alanguies de coussins matelassés, invitaient à la contemplation d’un luxe discret. Ici, tout évoquait la rareté, la retenue, le privilège. Les silhouettes, inspirées des paysages hivernaux des Highlands chers à Coco, déployaient tweeds ivoire et manteaux laineux aux airs de vestes de chasse, ponctués çà et là de capes de plumes imitant la fourrure ou de flocons de cygne déposés comme un souffle sur l’épaule d’un tailleur noir. Mais plus qu’un récit construit, c’était une démonstration de savoir-faire, une galerie vivante des prouesses des ateliers de la maison — guipures délicates, tulles effilés, mousselines vaporeuses. En l’absence de vision unique, la collection semblait flotter entre tradition et attente, offrant aux initiées la liberté de recomposer à leur guise, mais laissant les autres en quête d’un cap. Pourtant, à l’ombre de cette scène tranquille, plane déjà l’impatience d’un renouveau : Matthieu Blazy, encore invisible mais attendu, promet une mue silencieuse, peut-être imminente, de l’âme même de Chanel.