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Avec "Sympoiesis", Iris van Herpen sculpte une ode vivante à l’océan et au biodesign

La créatrice fusionne haute couture et écologie pour célébrer la beauté fragile du vivant marin.

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Crédits : Courtesy of Iris van Herpen

Un sentiment d’urgence imprègne chaque fibre de Sympoiesis, la nouvelle collection d’Iris van Herpen présentée à la Semaine de la Haute Couture de Paris le 7 juillet 2025. Depuis près de vingt ans, la créatrice œuvre dans une harmonie subtile entre le rythme organique du vivant et l’impératif technologique propre à l’humain. Dans Sympoiesis, cette interdépendance vacillante se donne à voir, à ressentir, à protéger. Pour sonder cette symbiose menacée, la créatrice plonge dans l'immensité originelle de l'océan, force vitale et mémoire mouvante, qu’elle transcrit en étoffes translucides, formes liquéfiées et silhouettes ondulantes, à l’image des marées. Inspirée par la théorie Gaïa de James Lovelock, elle évoque l’océan comme un être conscient, partie intégrante d’un réseau planétaire autorégulé, dont dépend notre propre souffle. Une danse chorégraphique du vivant s’ouvre alors, portée par la mémoire de Loie Fuller, pionnière du mouvement et muse de la créatrice, qui faisait jaillir des formes fantasmatiques d’un simple geste de soie.

Ce dialogue poétique entre nature et corps trouve une nouvelle dimension dans la performance inaugurale, en collaboration avec l’artiste lumière Nick Verstand : la danseuse, vêtue d’un tissu d’air japonais quasi invisible, devient peinture vivante, silhouette bioluminescente qui palpite dans l’espace comme une entité plus-qu’humaine. Puis, surgit une pièce inédite, littéralement vivante — une robe créée avec le biodesigner Chris Bellamy, habitée par 125 millions d’algues Pyrocystis Lunula, cultivées et soignées pendant des mois comme un fragile microcosme marin. Ici, le vêtement ne se fabrique pas : il se cultive, dans une attention symbiotique à l’écosystème qu’il incarne.

À mesure que la collection se déploie, une lumière-portal s’élève comme une promesse d’avenir, tandis que les silhouettes évoquent méduses immortelles, coraux en fermentation, ou ondulations d’un courant profond. Les fragrances marines créées par Francis Kurkdjian enveloppent chaque passage d’un souffle sensoriel, prolongeant la gestuelle de la matière par des notes aquatiques et énigmatiques. Un autre regard vivant est offert par l’artiste Casey Curran : des ailes cinétiques battent en cadence marine, reliées par une armature d’or ondoyante, inspirées de la structure intime des algues luminescentes.

Secouée par le documentaire Ocean de David Attenborough, Iris van Herpen se fait ici messagère d’espoir : les sanctuaires marins, une fois protégés, renaissent plus vite qu’on ne l’imagine. Ainsi, Sympoiesis devient un manifeste incarné, un cri silencieux en faveur d’une alliance retrouvée entre création humaine et intelligence du vivant. Les matières innovantes — comme la Brewed Protein découpée en colonies coralliennes ou la soie suspendue dans une résine ondoyante — racontent l’urgence, mais aussi la beauté encore préservée du monde sous-marin. La collection se clôt sur des chaussures sculpturales signées Rombaut, auréolées d’échos métalliques, semblables aux ondes sonores d’un monde qui cherche encore à se faire entendre. Chez Iris van Herpen, la mode ne se contente plus d’habiller : elle respire, scintille, témoigne, et appelle à la co-création d’un futur symbiotique.

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Crédits : Courtesy of Iris van Herpen

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