Pourquoi il faut naviguer sur le site de la Fondation d'entreprise Ricard
L’OFFICIEL ART : Qu’est-ce qui vous a motivé à créer TextWork, plateforme éditoriale originale, qui n’a pas d’équivalent en France ?
COLETTE BARBIER : J’ai beaucoup échangé avec Pierre Denan, fondateur de la revue 20/27 qui, pour des raisons financières a dû interrompre la parution. Par ailleurs, Jean-Max Colard me faisait part de son regret de ne pas voir mieux diffusés des textes de très bons auteurs consacrés à la scène française. L’idée a cheminé dans mon esprit de pouvoir, un jour, commander des textes à des auteurs étrangers et les mettre en circulation, le plus largement possible, en français et en anglais. C’est vraiment cela qui nous a incités à entreprendre ce projet, inscrit dans notre désir de pousser plus loin notre accompagnement des artistes de la scène française.
Vous avez, sur ce point, bénéficié du soutien financier du Ministère de la Culture.
Le Ministère connaît les projets que nous menons depuis longtemps et nous a accordé sa participation financière, mais nous restons totalement autonomes quant à la teneur du contenu. Par ailleurs, nos interlocuteurs du Ministère ont été, me semble-t-il, sensibles au fait que nous travaillons toujours en interaction avec les autres. Dès leur validation, j’ai pensé à m’entourer, comme à mon habitude, de commissaires, afin de créer un petit comité dont les membres sont issus d’univers différents. Ainsi, nous réunissons Thomas Boutoux, lien fort avec des auteurs étrangers via sa maison d’édition Paraguay Press ; Mélanie Bouteloup, directrice de la Villa Vassilieff et de Bétonsalon, en contact soutenu avec l’étranger, et Marie Canet, spécialisée dans l’image en mouvement. Sans se connaître au préalable, ces trois personnes ont rapidement trouvé un terrain d’entente, au cours de réunions très conviviales.
Comment procédez-vous, avec ce comité consultatif, à la sélection des artistes ?
Nous sélectionnons des artistes avec lesquels, pour 80% d’entre eux, nous avons déjà travaillé à la Fondation, mais nous faisons également des exceptions pour des artistes plus confirmés et/ou vraiment établis, qui auraient eux aussi besoin d’un texte critique en anglais. Ainsi, à ce jour, Eva Barto, Emmanuelle Lainé et, tout dernièrement, Laura Lamiel bénéficient d’un texte. Et, prochainement, Pauline Curnier Jardin, Laurent Montaron et Alain Séchas. Nous nous focalisons exclusivement sur la scène française, donc plus celle-ci est large et diversifiée, plus elle nous intéresse.
Ces textes sont riches et longs, comment sont-ils constitués ?
Il ne s’agit pas là de journalisme, mais d’un dispositif éditorial qui nous permet de mettre à disposition un outil assez simple à lire et utiliser. Nous demandons aux auteurs un texte global entre 20 000 et 25 000 signes sur le travail de l’artiste, à moins que l’auteur ou l’artiste nous démontre qu’il serait mieux d’écrire sur un travail précis. Il s’agit d’une sorte de bibliothèque d’informations constitué de textes et de visuels qui, nous l’espérons, va se compléter au fil du temps. Les textes sont systématiquement diffusés en français et en anglais, et dans la langue de l’auteur. Nous organisons systématiquement une ou deux visites communes afin qu’auteur et artiste se rencontrent réellement et non virtuellement.
Quels sont, à terme, vos objectifs ?
Tous les textes sont libres de droits : les artistes, les auteurs, mais aussi la presse peuvent les reprendre librement dans le cadre d’un catalogue, d’un magazine... Six textes sont déjà prévus, nous espérons mettre en place une douzaine de textes d’ici la fin 2018, et adopter un rythme d’environ cinq à sept textes par an. Nous ne voulons pas brûler les étapes, nous souhaitons identifier les bons auteurs et que ces travaux aient du sens. Ainsi, Jean-Charles Hue – que nous avons montré en 2007 à la Fondation – va bénéficier d’un texte. Nous apprécions beaucoup son travail, mais il est davantage reconnu dans le monde du cinéma que dans l’univers de l’art. Nous avons pensé qu’il était important de demander à un critique d’art de travailler sur son œuvre. Nous avons donc favorisé une rencontre afin que son travail soit restitué au champ de l’art auquel il appartient. Je souhaite également mettre en place des partenariats à l’étranger afin que ces textes soient accueillis par d’autres plateformes.
textwork.fondationricard.art
Fondation d’entreprise Ricard,
12, rue Boissy d’Anglas, 75008 Paris.
A voir actuellement
“Fabien Giraud et Raphaël Siboni”,
une proposition de Mihnea Mircan,
jusqu’au 7 juillet.
fondation-entreprise-ricard.com