Wim Wenders, enfin de retour ?
Des hauts et quelques bas : autrefois enfant chéri des cinéphiles, le réalisateur allemand revient à Cannes avec deux films.
Il était impossible de ne pas être stupéfait par la puissance poétique de ses films : L’Ami Américain (1977), Paris, Texas (1984, Palme d'Or), Les Ailes du désir (1987) portaient en eux une singularité, une délicatesse, une intelligence fascinantes. A mi-chemin entre un esprit très européen et un fantasme d’Amérique, son cinéma jetait un pont entre la Nouvelle Vague et l’âge d’or hollywoodien, la poésie en action et la narration romanesque. Il évident que Wenders aimait profondément le cinéma, ce geste fragile de filmer le monde, l’ambition folle de capter ses vibrations secrètes, de donner corps à ses palpitations intimes. Oui, il était impossible de ne pas l’aimer en retour, cette œuvre qui disait avec force que le cinéma était un art total. Devant sa caméra, les acteurs - Peter Falk, Bruno Ganz, Harry Dean Stanton, Dean Stockwell, Dennis Hopper -, et les actrices - Nastassja Kinski, Solveig Dommartin - étaient comme sublimé-es. Plus bancals, mais pas moins touchants, ses films des années 90 et 2000 rencontrèrent moins l’adhésion critique de leurs prédécesseurs. Nul doute que leur auteur en souffrit. Il fallut le documentaire Buena Vista Social Club, en 1999, consacré à des musiciens cubains oubliés de tous, sauf de Ry Cooder, le musicien qui avait signé les musiques de Paris, Texas et The End of Violence, pour remettre le cinéaste sur les rails d’une carrière relancée - ironiquement, à l’image de celle des musiciens de son sujet, revenus de nulle part, filmés alors qu’ils partaient à la conquête du monde…Il multiplia les projets, naviguant entre documentaires (souvent formidables, tel PINA, captant au plus près la chorégraphes captant au plus près la chorégraphe Pina Bausch en pleine création) et fictions. De lui, on attend toujours qu’il retrouve les sommets conquis autrefois. Il présente cette année à Cannes un documentaire sur l’artiste Anselm Kiefer et Perfect Days, un intriguant projet tourné au Japon avec des acteurs locaux. Pour tout ce qu’il nous a offert, il serait juste de lui accorder encore du crédit et demeurer toujours attentif à son travail.