"My beautiful Boy" et les films sous psychotropes : de la came à Oscars
Un duel d'acteurs addictif
Thimothée Chalamet ne cesse de mettre le feu aux poudres. Que ce soit avec ses choix de rôles pertinents ou sa présumée love story avec Lily Rose Depp. Dans My Beautiful Boy de Felix Van Groeningen (La Merditude des Choses), il casse l'image un peu lisse de joli dandy à bouclettes qu'il affiche sur red carpet pour incarner Nicolas, un jeune homme à qui l'on prédit un bel avenir : beau, sportif, intellingent et bien parti pour se démarquer à l'Université. Sauf que son père, David (Steve Carell) découvre que son filston chéri se drogue depuis ses 12 ans en cachette. Il faut s'attendre à un duel au sommet et très émotionnel entre Carell qui a prouvé qu'il excellait en dehors du registre comique dans l'immense Foxcatcher (2014) et l'éphèbe torturé et romantique de Call Me By Your Name (2018). De quoi devenir encore plus accro de Chalamet et rêver d'un Oscar.
Un choc de réalisme
Darren Aronofsky est le roi des mises en scènes hallucinées. Dans Requiem For A Dream, on a l'impression de ressentir exactement ce qui se passe dans le corps et la tête de Harry Goldfarb (Jared Leto) qui incarne un junkie plus vrai que nature. Son quotidien ? Un « very bad trip » avec sa petite amie Marion (Jennifer Connelly) et un ami qui vire au cauchemar. Un vrai film générationnel sur les méfaits de la drogue à classer quelque part entre The Doom Generation, Trainspotting, Las Vegas Parano et Drugstore Cowboy.
Une errance culte
Avant le film, il y évidemment le livre mythique que tout le monde refusa d'abord de publier. Paru en 1979, il narre une histoire vraie de Christiane Felscherinow à la fin des années 1970 en Allemagne qui effraya et fascina toute une génération de jeunes filles dans les années 80. Pour être tendance et s'échapper de sa morne vie d'adolescente, Christiane se drogue puis se prostitue afin de se payer ses doses d'héroïne dans un cycle infernal. Le best-seller est devenu un film puissant et dur, magnifié par la bande-son de David Bowie qui lui aussi s'adonna aux addictions dans Berlin.
Une histoire d'amour suflureuse
Si on dit « drogue » et Al Pacino, on pense d'abord à Scarface. Pourtant un autre film mérite d'être vu ou revu. Réalisé par Jerry Schatzberg et adapté d'un livre de James Mills par Joan Didion et John Gregory Dunne, ce long métrage nous plonge dans le quotidien d'un bande d'héroïnomanes dans la Big Apple loin de la coolitude hippie. Parmi ces jeunes camés, se trouvent Bobby (Al Pacino qui a failli se faire voler le rôle par Jim Morrison des Doors) et Helen (Kitty Winn) aussi accros à l'amour qu'aux substances illicites. "Love is the drug" chantait Roxy Music...
Une échappée métaphysique, cruelle et poétique
Sans doute l'un des meilleurs films d'Abel Ferrara qui pourtant aura cumulé les chefs-d'oeuvre, à commencer par L'Ange de la Vengeance avec la regretté Zoë Lund. L'alchimie tient aux acteurs formidables : Lili Taylor, hypnotique dans son mélange de sensualité et d'intellect, Christopher Walken en gourou cérébral et Annabella Sciora, mais aussi au noir et blanc somptueux et aux réflexions philosophiques profondes. Une histoire de vampires, de bien et de mal et de culpabilité qui aborde les affres de l'addiction sous toutes ses formes. On en ressort exangue mais vivifié par sa beauté.