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Pourquoi il faut lire "Arnys & Moi" de Philippe Trétiack

Il faut le reconnaître, peu de gens, dans le grand public, avaient entendu parler d’Arnys, avant ce qu’il convient d’appeler  ''l’affaire Fillon''.
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L’annonce que le candidat à l’élection présidentielle s’était fait offrir trois costumes provenant des ateliers de ce tailleur de la rue de Sèvres a immédiatement rendu célèbre le nom d’Arnys. Une adresse qui, jusque là était cependant bien connue des élites françaises, lesquelles, depuis quatre-vingt-dix ans, serendaient en ces lieux comme dans un club privé,  pour gentlemen only. Arnys, l’aboutissement du périple d’une famille juive ayant fui l’Ukraine à la fin du XIXème siècle. Un grand-père œuvrant dans la chemise, deux fils élevés dans les meilleures écoles, dont l’un, suivant des études de médecine, mais qui, atteint d’une maladie, ne peut exercer son métier. Atavisme oblige, l’ex futur médecin et son frère ouvrent boutique à Saint- Germain des Prés. Le quartier se prête alors peu aux effets de mode. La mode est ailleurs, au-delà de la Seine, Rive droite.

Pourtant, talent aidant, peu à peu, les artistes de Montparnasse, les intellectuels du quartier Latin, les hommes politiques de tous bords, gens des médias et architectes, vont faire du lieu un club exclusif où l’on vient chercher cette mode aux goûts d’Angleterre et pourtant si française, ces tissus sélectionnés, choisis, coupés sur mesure, pour des résidences secondaires que l’on imagine être des châteaux ou quelques demeures patriarcales. Arnys devient mythique. S’y croisent les mandarins de l’école de médecine, Claude Sautet et Pierre Bergé, Orson Welles et Roland Barthes. La Forestière, veste si chic pour les séjours à la campagne y fait fureur. ''Arnys & Moi ?'' Mais qui est donc ce Moi ? Un Moi sans X, ni accablant ni accablé. Philippe Trétiack, écrivain, Grand Reporter trente ans durant au magazine Elle, est passé à maintes reprises devant l’échoppe de luxe, sans jamais en ouvrir la porte. Le scandale arrive et il s’intéresse à la chose, à l’histoire de ce lieu hors normes. A cette histoire fait écho la sienne. Lui aussi est issu d’une famille juive ukrainienne arrivée vers ce paradis qu’est la France à la fin du XIXème siècle. Chez lui aussi, on a donné dans la fringue. Son grand-père, sa mère. Un écho mineur. Face aux fastes d’Arnys situé à Saint-Germain des Prés, la boutique familiale du Faubourg Saint-Antoine semble bien minable. Les intellectuels du VIème arrondissement ne ressemblent guère aux prostituées du Sentier. C’est cette double sociologie, sur près d’un siècle d’histoire française, où la mode, fricote avec la nippe, que l’auteur nous raconte. Un livre savant, tendre, forcément fashion.

Arnys & Moi de Philippe Trétiack aux Editions Plein Jour

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