Kendrick Lamar est le nouvel ambassadeur de Chanel

Chanel accueille Kendrick Lamar parmi ses ambassadeurs, inaugurant une nouvelle ère pour sa ligne de lunettes, à travers une campagne capturée par le regard affûté de Karim Sadli. Une annonce qui, loin d’être anodine, marque la rencontre d’un esprit rebelle avec l’intemporalité d’une icône de la mode.

Drapé d’un manteau noir structuré et affublé de lunettes de soleil Chanel aux lignes sculpturales, Kendrick Lamar devient le vecteur d’un dialogue entre héritage et modernité, entre rigueur couture et liberté créative. "Chanel a une histoire intemporelle, et c’est quelque chose qui me parle profondément", confie-t-il. "Puisqu’ils ne conçoivent pas de vêtements pour les hommes, il était évident que ce serait à travers les lunettes."

Cette collaboration n’est pas née du hasard. En 2023 déjà, le rappeur foulait les marches du Met Gala dans une pièce sur mesure, une veste en cuir matelassé imaginée par Virginie Viard. Quelques mois plus tard, Chanel faisait appel à lui et à son complice créatif Dave Free pour concevoir le décor du défilé Haute Couture de janvier 2024. Résultat : un médaillon Chanel monumental illuminé trônait au centre de la scène, sublimé par un court-métrage poétique intitulé The Button.

Loin d’être une simple association de nom, ce partenariat incarne une vision partagée : celle de l’artisanat comme forme d’expression, de la précision comme langage universel. "J’ai passé une semaine à Paris avec leurs équipes, à plonger dans l’histoire de la Maison, à visiter les ateliers, à comprendre le passage de l’idée à l’objet", raconte Kendrick Lamar. "Voir ces mains habiles concrétiser une vision, c’est quelque chose qui me parle."

À 37 ans, Kendrick Lamar rejoint un cercle restreint d’hommes ayant prêté leur aura à Chanel — Timothée Chalamet, Pharrell Williams, G-Dragon — tout en s’en démarquant. Son esthétique, teintée de contrastes entre poésie urbaine et conscience sociale, entre provocation et introspection, insuffle à la Maison une tension contemporaine, presque subversive, mais toujours maîtrisée.

C’est dans ce contexte, alors que l’industrie du luxe cherche à séduire de nouveaux regards face au ralentissement économique mondial, que Chanel mise sur l’accessoire le plus versatile de sa gamme : la lunette. Élégantes, accessibles, distribuées au-delà du cercle restreint des boutiques Chanel, elles deviennent un passeport pour l’allure, un point d’entrée vers l’univers de la Maison. Bruno Pavlovsky, président de la mode chez Chanel, le résume ainsi : "Plus qu’un simple accessoire, la lunette incarne une part de l’allure Chanel."

En prêtant son regard — au sens propre comme au figuré — à Chanel, Kendrick Lamar signe plus qu’un contrat d’image. Il écrit un nouveau chapitre d’un récit où le luxe n’est plus figé, mais vibrant, ancré dans son temps. Et si Chanel, d’ordinaire si précautionneuse, choisit aujourd’hui un poète du bitume pour parler d’élégance, c’est peut-être parce que la vraie modernité ne tient pas au bruit, mais à la précision du geste.