Femmes

Chez Charlotte de Fayet, la femme derrière Molli

Sans elle, la maison Molli aurait disparu. Rencontre au cœur de saint-Germain-des-Prés avec Charlotte de Fayet, qui a fait du légendaire point mousse pour bébé un indispensable de la garde-robe féminine.
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Photographie par François Coquerel

Charlotte de Fayet. Elle porte un top fin et une jupe en maille jacquard Molli.

Tout commence à la naissance de son second enfant, lorsque Charlotte de Fayet se rend dans une boutique Molli pour échanger un cadeau. La vendeuse l’informe que la marque vit ses dernières heures. Visionnaire et convaincue du potentiel de la maison, elle décide de la racheter. Nous sommes en 2015. Une fois la ligne pour bébé reliftée, l’idée lui vient d’étendre le savoir-faire unique de la griffe, jusque-là destiné aux tout-petits, à une ligne de prêt-à-porter complète pour femmes. “Je me suis rendu compte qu’à ses débuts, en 1886, Molli était une fabrique de sous-vêtements en maille fine pour adulte et que ce n’est que dans les années 1950 que la marque s’était spécialisée dans l’enfant.” Perfectionniste, l’entrepreneure se plonge dans les archives de la maison, passe des heures dans les ateliers de fabrication pour se familiariser avec les techniques et rouages de la maille et suit même une formation de filature à l’Institut français de la mode. Elle compose ainsi une première collection faite de pièces intemporelles et raffinées. Des indispensables basiques mais ultra-désirables qui ont très vite tapé dans l’œil : Sofia Coppola, Léa Seydoux ou encore Natalia Vodianova sont devenues des adeptes de la maison. “Le but était de créer des pièces que je désirais et que je ne trouvais pas dans le commerce. Molli n’est pas une marque de mode. Elle vient simplement compléter la garde-robe de femmes qui aiment s’habiller et qui cherchent avant tout le confort et la facilité.”

Charlotte de Fayet. Elle porte un top fin et une jupe en maille jacquard Molli.
"Le but était de créer des pièces que je désirais et que je ne trouvais pas dans le commerce. Molli n'est pas une marque de mode. Elle vient simplement compléter la garde-robe de femmes qui aiment s'habiller et qui cherchent avant tout le confort et la facilité" Charlotte de Fayet
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Vue de son salon mansardé.
Charlotte en top à petit col et pantalon ample taille haute Molli.
Bouquins et photographies ornent son salon.
Dans le couloir, papier peint Fornasetti.
Dans le couloir, papier peint Fornasetti.

Luxe discret revisité

Ni complètement rétro ni trop pointue, Molli est à l’image de sa créatrice. Tout en préservant l’identité singulière de la marque, Charlotte n’hésite pas à la chahuter. Faussement classique, chaque pièce est twistée de détails délicats – un boutonnage particulier, une certaine longueur de manche ou un col festonné – qui créent la surprise. Cet hiver, la marque innove avec des manches gonflantes aux poignets, des détails zippés et de nouveaux coloris bois de rose, amarante, biscuit, magenta et bordeaux. Intransigeante sur la qualité, Molli n’utilise que de la pure laine vierge de moutons élevés uniquement pour leur laine. “C’est la longueur de laine qui est déterminante. Plus elle est longue, moins elle peluche”, explique la jeune experte qui fabrique sa maille dans les meilleurs ateliers de France et d’Italie.
À Paris, elle travaille avec une petite équipe de quatre personnes. “Mes bureaux se situent dans le 8e arrondissement. Je m’y rends tous les matins après avoir déposé mes enfants, Alma (7 ans) et Félix (4 ans), à l’école.” Née à Paris, Charlotte a baigné dans l’univers du luxe – sa mère était attachée de presse pour les maisons Manuel Canovas, Porthault ou Castelbajac. Après une école de commerce, où elle se spécialise en marketing, elle rejoint le groupe Danone et commence à travailler pour Évian, puis elle s’envole à Buenos Aires. “J’y ai vécu deux ans et c’est là que j’ai donné naissance à ma fille aînée. Sur place, j’ai collaboré à un projet artistique et social autour de la photographie afin d’aider les enfants défavorisés.” À son retour, elle intègre L’Oréal, au département marketing de Kiehl’s et de Shu Uemura. “J’y ai appris les règles d’or du détail et du merchandising, notamment la formule ‘retail is detail’.” À l’arrivée de son second enfant, Charlotte choisit de monter son propre business. La possibilité de relancer Molli tombe à point nommé. Sa devise ? “Aime et ce que tu veux, fais-le.” Aujourd’hui, la marque comprend deux boutiques parisiennes, un corner au Bon Marché, un e-shop et différents points de vente très sélectifs à l’étranger. Son rêve est d’avoir une dizaine de boutiques en propre de par le monde, mais avant cela elle voudrait ouvrir une troisième boutique parisienne, qui serait son flagship. “J’adore passer mes journées dans mes boutiques. Satisfaire les clientes me procure un véritable plaisir.”

Bouquins et photographies ornent son salon.
Bouquins et photographies ornent son salon.

Épuré et convivial

Parisienne dans l’âme, Charlotte privilégie une allure décontractée et sophistiquée. Son look de prédilection mêle petit pull moulant, jupe au genou et hauts talons. Aux sacs, qu’elle n’apprécie guère, elle préfère les vêtements à poches. À l’instar de sa silhouette, son appartement parisien, niché sous les toits d’un ravissant hôtel particulier de la rue de Grenelle où vivent d’autres membres de sa famille, dégage le même esprit d’élégante simplicité. Moderne et cosy, l’atmosphère est celle d’un loft chaleureux. Les murs blancs sont tapissés d’une accumulation de photographies contemporaines et de bouquins tandis que les murs des couloirs sont recouverts du papier peint “Méditerranée” noir et blanc de Fornasetti. La table basse et le bureau sont parsemés de bibelots et de petits objets qui rappellent des souvenirs de voyage.
Avide de découvertes, elle n’hésite pas à sauter dans un avion aussi souvent qu’elle le peut. Son point de chute ? Sa maison familiale de Marrakech ; elle aime faire des randonnées et du VTT dans l’Atlas. Lorsqu’elle ne se rend pas en Italie, dans ses ateliers des Pouilles ou du nord de Rome pour développer de nouveaux points de tissage, Charlotte ne manque pas une occasion de partir en week-end pour visiter les villes européennes. “Je suis une habituée d’Orly-Sud. C’est devenu si rapide et si facile de voyager en avion avec les compagnies low-cost !” Parmi ses plus beaux voyages, Charlotte garde en mémoire le Chili, le Brésil et les États-Unis, qu’elle sillonne régulièrement car son frère vit à San Francisco. Elle revient d’ailleurs d’un sublime séjour dans l’Utah et le Montana.
 

 

 

www.molli.com

Son Saint-Germaindes-Prés

Marzo, une pizzeria conviviale (5, rue Paul-Louis-Courier).

 

Le Petit Lutetia, pour sa carte de brasserie typique (107, rue de Sèvres).

 

Jugetsudo, pour son thé matcha (95, rue de Seine).

 

La Chambre Claire, une librairie spécialisée en photo (14, rue Saint-Sulpice).

 

Barthélemy, les meilleurs fromages de Paris (51, rue de Grenelle).

 

Café Cuillier, pour l’esprit new-yorkais (68, rue de Grenelle).

 

Adriane M, elle fleurit la boutique molli du boulevard Saint-Germain (4, rue Saint-Dominique).

 

Aoyama Flower Market, un fleuriste japonais (96, rue du Bac).

 

Le Bon Marché, surtout le 2e étage, où molli vient d’arriver (24, rue de Sèvres).

 

Au Bain Marie, une boutique d’art de la table aux assiettes ravissantes (59, bd Raspail).

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