Anya Taylor-Joy : "J’aime à croire que je suis badass"
Photographie par Piczo
Réalisation : Monika Tatalovic
Interview par Elsa Ferreira
Tu es dans un taxi, en voyage entre Miami et Londres. C’est une vie à cent à l'heure !
Je vais ensuite à Barcelone, puis en Argentine le jour d’après. C’est un peu intense mais je me sens très chanceuse et heureuse. Je vais passer trois semaines en Argentine, sans mon téléphone, pieds nus et à faire du cheval. J’ai hâte !
Ton premier rôle, pour lequel tu viens de recevoir un prix, était complexe, tant au niveau du jeu que des textes. Est-ce que tu sens que ça devient plus facile ?
Depuis que j’ai travaillé avec Night, je joue différemment, avec empathie. Je ne dirais pas que cela rend le jeu plus facile mais ça le rend plus grati ant : je préfère ressentir pour mon personnage que pour moi, pleurer parce qu’il est bouleversé et non pas parce que je le suis. C’est vraiment cathartique.
Ta carrière démarre à toute vitesse. Ça te fait peur ?
Je ne m’autorise pas à y penser. Si j’avais peur, je serais submergée et je ne pourrais pas faire ce que je fais aujourd’hui. L’audition pour Morgan était vraiment très effrayante. On m’a fait voler de l’autre côté de l’océan, envoyée directement au maquillage, on m’a complètement blanchi le visage, sans sourcils, Et on m’a dit : “Joue comment Morgan se sent dans sa chambre. Go !” À cette époque, je n’avais fait que The Witch, je ne croyais pas que j’allais travailler à nouveau. C’était tellement effrayant, mais je l’ai fait. Et j’ai eu le boulot.
Et maintenant, où vis-tu ?
Nulle part ! Je vais de tournage en tournage.
Tu as joué dans le dernier clip de Skrillex. C’était comment ?
C’était tellement marrant, je me suis amusée comme jamais. J’ai toujours voulu faire un clip, je ne savais pas qu’ils mettaient la musique si fort sur le plateau !
Tu le connaissais ?
Oui, c’est à lui que j’ai donné mon premier baiser. J’avais 14 ans, c’était dans une maison de campagne en Angleterre, sur un trampoline. J’étais vraiment nerveuse, je me disais “ j’ai 14 ans et je n’ai jamais embrassé personne !” Et puis c’est arrivé et je me suis dit “Ok, c’était un bon premier baiser, je peux en être heureuse”.
Tu as commencé ta carrière dans la mode. Pourtant, tu dis de toi que tu es un tomboy, un garçon manqué. Pour toi, les vêtements, ce sont des costumes ?
Pour les séances photo, c’est presque comme pour un film, j’incarne un personnage, j’imagine la fille qui porterait ces vêtements. Quant au tapis rouge, au début j’étais très mal à l’aise. Je ne savais pas comment lier la personne que je suis, qui porte des trucs pour flâner et s’en fiche un peu, avec le fait de porter ces magnifiques vêtements. Et puis je me suis un peu détendue et j’ai découvert Gucci, Alexander McQueen. J’ai commencé à voir les vêtements comme des œuvres d’art et je me sens désormais privilégiée de les porter. J’ai une paire de mocassins Alexander McQueen qui est tellement chouette, c’est Noël dans des chaussures et à chaque fois que je les porte ça me rend heureuse !
Des rumeurs disent qu’on t’a proposé un rôle dans X-Men...
J’adorerais le faire car j’aime cet univers et toutes les personnes impliquées dans le projet. Mais je ne peux pas vraiment en parler...
Tu as des rôles plutôt cool, dangereux, étranges. Crois-tu que ça colle à ta personnalité ?
J’aime à croire que je suis badass ! Je n’aime pas être submergée mais j’aime me lancer des défis et si quelque chose me fait peur, je le fais.
Tu es très indépendante. Tu vis seule depuis que tu as 16 ans...
Oui, à 16 ans j’ai quitté l’école. Mes parents et moi avons une relation basée sur la confiance. Cela m’a appris à prendre soin de moi, à être responsable et ça me sert beaucoup pour la vie que je mène aujourd’hui. À 14 ans je suis allée à New York toute seule. J’ai toujours eu ce sentiment que je serais chez moi dans cette ville.
Tu as joué Morgan, un robot intelligent que l’on doit supprimer. Ce sont des sujets qui t’intéressent, le futur dystopique, l’humain cyborg ?
Bien sûr. La technologie avance tellement vite, je pense que nous devrions tous nous intéresser à ce que nous pouvons faire, à ce qui est moralement et éthiquement bon ou mauvais.
Instagram comme extension de la vie, tu en penses quoi ? Au début j’étais réticente, je ne comprenais pas. Et puis j’ai commencé à voyager et je prends désormais une image par jour pour savoir où je suis. Je sais que ça paraît fou mais ça m’enracine. J’espère que les gens ne s’ennuient pas devant les trucs ridicules que je poste.
Ton compte est plutôt chouette. Tu as quelqu’un qui s’en occupe ?
Non, c’est juste moi, et ce qu’il se passe dans ma tête.