Pourquoi Mulberry a quitté Londres pour Séoul
Partir, c’est aussi le moyen de prendre son envol, de s’émanciper…
Et cela permet aussi de se poser des questions, de réaliser qu’on ne gravite pas dans un cercle fermé. Mulberry est une maison à vocation internationale, d’où la nécessité de regarder autour de soi. De mon côté, ce voyage, ces voyages me permettent de redéfinir certaines choses en terme de design. Quand je dessine, je pense aux femmes qui vivent autour de moi, à Londres, à Paris.. Voyager m’ouvre à de nouveaux horizons. Je découvre d’autres styles, d’autres attitudes… Créativement parlant, je ferai sans doute les choses différemment la saison prochaine.
Séoul doit plaire à l’architecte que vous êtes, n’est-ce pas ?
Ce mélange de classicisme et de modernisme m’impressionne. Séoul est en mouvement perpétuel. D’un quartier à un autre, d’une rue à une autre, tout change en permanence. La jeunesse, aussi, fait que les choses avancent très, très vite.
Classicisme et excentricité : c’est un peu le leitmotiv de votre collection…
On oscille entre les années 1950 et les années 1970. Le travail du chiffon, des plumes, ces grands chapeaux qui viennent signer la silhouette ou encore ces bijoux oversize… Tout cela donne à l’allure un côté plus glamour et féminin que la saison passée. Et puis, c’est un hiver très coloré. Je n’avais pas envie de travailler quelque chose de neutre ou de dramatique. Les saisons sont assez étranges aujourd’hui, beaucoup disent qu’il n’y a plus d’été ni d’hiver, alors j’ai simplement eu envie d’apporter de la fantaisie, de l’humour et de la couleur. Que la mode donne le sourire.
La femme Mulberry est-elle toujours aussi "collectionneuse" ?
Cette saison, ce penchant s’exprime par des pièces d’exception, particulières, qu’on pourrait garder dans sa garde-robe en souvenir d’une période et d’un moment. Des "collectors", en quelque sorte. Par exemple, quand je vois nos mules à pompons en plumes et à talons all over cristal, je revois ces films hitchcockiens où l’héroïne déambulait du salon à la salle de bain, en nuisette et mules… Il suffit ensuite de détourner l’objet, de se l’approprier et d’en faire un attribut personnel. La mule portée avec un jean et un t-shirt, c’est cool.
Qu’allez-vous rapporter de Séoul, Johnny Coca ?
Quelque chose que je ne trouve pas chez moi, en Europe. À chaque fois que je pars quelque part, je ramène un vêtement ou un accessoire qui me rappellera ce voyage, d’une façon ou d’une autre.