La beauté énigmatique selon Ashi Studio
Entre passé réinventé et artisanat radical, Ashi Studio dévoile une collection à la poésie troublante.
Au commencement de cette collection, il y a l’idée d’un monde en désordre — un chaos primitif où résonnent les pas sur les pavés, où montent des voix, où tout bouge, froidement, durement. De ce tumulte naît une quête : celle de fragments épars, vestiges d’un passé effleuré dans les allées poussiéreuses des marchés aux puces parisiens. Des voiles effilochés, des tapisseries fanées, des gravures oubliées... Autant de reliques qui, rassemblées, font apparaître une silhouette : celle d’une femme intemporelle, presque spectrale, aux traits figés comme peints sur du marbre, drapée de matières lourdes et précieuses. Les formes qu’elle incarne évoquent des obsessions anciennes, un Paris révolu, la grandeur de civilisations disparues, un romantisme fané, mais toujours vibrant sous le regard du présent. Les savoir-faire familiers sont volontairement laissés de côté au profit d’un langage nouveau — matériaux hybrides, artisanats croisés, toujours dans la rigueur de la couture. À travers ces couches de récits s’esquissent les échos du travail textile de Louise Bourgeois, les allusions à la peau, à la transparence, à une forme d’animosité douce. On y devine aussi le raffinement étrange d’un cabinet de curiosités, entre exotisme et classicisme. Tout dans cette collection — la chute d’une robe, la structure d’un corset, l’éclat d’un bijou, la texture d’une plume ou d’un bois sculpté — participe à une narration plus vaste. Celle d’un monde en mutation, entre déclin et splendeur, portée par Ashi Studio comme un souffle persistant de mystère et de quête, une poursuite inlassable vers l’absolu de l’artisanat.










