Que nous réserve la 52e édition d’Art Cologne ?
L’OFFICIEL ART : Art Cologne (1967) est une foire pionnière, dans le sillage de laquelle sera fondé Art Basel : comment se positionne-t-elle aujourd’hui, au regard de la multiplication de grandes foires internationales ? Quelle est, à vos yeux, son identité ?
DANIEL HUG : A bien des égards, Art Cologne a su rester fidèle à elle-même, en ne cessant jamais de refléter l’activité du marché de l’art allemand et mondial dans une perspective allemande. Depuis mon arrivée, mon rôle a d’emblée consisté à ajuster cet angle aussi finement que possible, en veillant à préserver la pertinence d’Art Cologne et en suivant de nouvelles pistes tout en restant attentif aux intentions premières des fondateurs, Rudolf Zwirner et Hein Stünke.
A la direction de la Foire depuis 2008, vous avez initié plusieurs changements : réduction du nombre d’exposants, collaboration avec Nada, partenariat avec ABC Berlin et la première édition (tenue en septembre 2017) d’Art Berlin : quel est l’esprit de l’édition 2018 ?
Nous avons changé beaucoup de choses à Art Cologne cette année, plus encore que ces dernières années – par exemple, notre catalogue imprimé traditionnel sera remplacé par un magazine, Kunstmesse, consacré à la foire et à la ville de Cologne. Nous l’avons adressé à tous nos VIP le mois dernier, et les visiteurs peuvent se le procurer durant la foire. Nous avons également créé un nouveau catalogue en ligne, plus dynamique, qui permet de proposer pour chaque galerie un plus grand nombre d’images d’artistes. Nous avons aussi entièrement repensé le plan de l’étage du milieu : le centre en est désormais occupé par un grand hall entouré par la plupart des grandes galeries prenant part à la foire. Nous avons eu cette année bien plus de demandes de la part de galeries de haut niveau, qui voulaient toutes, bien sûr, occuper le premier rang de l’ancien espace. Il a donc fallu imaginer le moyen de disposer autant de grandes galeries que possible à cet emplacement de choix. Ce hall déplace l’épicentre de la foire : le premier rang et la zone d’entrée comptent moins, désormais, que le centre du grand hall. Nous accueillons aussi plusieurs expositions spéciales, y compris, pour la deuxième fois, un projet ambitieux confié à une jeune artiste germano-polonaise, Zuzanna Czebatul. Le collectif Zadik (Central Archive of the Art Trade), qui propose une exposition sur les galeries de Cologne dans les années 1990, avec Daniel Buchholz, Gisela Capitän, Christian Nagel et Max Hetzler, parmi bien d’autres. Par ailleurs, la section Modernité et Après-guerre a été renforcée, notamment avec la Galerie Lelong (Paris) qui présente une exposition personnelle de l’artiste rhénan Konrad Klapheck. La foire se renouvelle sans cesse, et je dirais que cette année elle se modernise un peu tout en continuant à faire vivre ses traditions.
Comment votre expérience en tant que galeriste (RX Gallery, Daniel Hug Gallery) éclaire-t-elle votre mission ?
Elle a une influence considérable sur mon travail pour Art Cologne. Elle m’a appris ce qui compte vraiment pour une galerie qui participe à la foire : ce dont elle a besoin, ce qu’elle attend de la foire.
Parmi les galeries de l’édition 2018 : David Zwirner, Hauser + Wirth, Lisson, Thaddaeus Ropac, White Cube, Kamel Mennour, Pearl Lam, Sprüth Magers, Michael Werner, Gisela Capitain, Karsten Greve, Daniel Buchholz, Max Hetzler, Konrad Fischer, Eigen + Art, Nagel Draxler... : les galeries de qualité mais de taille modeste ont-elles leur place ?
Art Cologne accueille les plus grandes galeries, mais aussi les galeries de taille moyenne et les galeries émergentes. Tout le spectre est représenté, et d’ailleurs la majorité des exposants est constituée de galeries de taille moyenne (entre 10 et 20 ans d’existence). Nous avons aussi de nombreuses galeries très respectées qui ne sont pas toujours très connues sur le marché international, mais jouent un rôle essentiel. Je pense notamment à l’une de mes préférées, Häusler Contemporary, avec des artistes comme David Reed, James Turrell, Gary Kuehn ou Michel Venezia ; c’est l’une des galeries les plus intelligentes et les plus intéressantes du moment, car elle se soucie moins du marché que du discours artistique. Il en existe d’autres – à Paris, par exemple, la galerie Jocelyn Wolff, avec des artistes comme Miriam Cahn, Isa Melsheimer et Franz Erhard Walther, ou la galerie Laurent Godin avec des artistes comme Wang Du, Peter Buggenhout et Paul Czerlitzki. Ce sont des galeries comme celles-là qui rendent le monde de l’art intéressant, et même qui le définissent, en prenant des risques que des structures plus importantes ne peuvent ou ne veulent pas prendre. Il faudrait aussi mentionner Crèvecœur, dans le secteur Neumarkt qui, pour sa première participation à Art Cologne, propose un programme splendide.
Art Cologne 2018
du 19 au 22 avril
Koelnmesse GmbH, Messeplatz 1,
50679 Cologne.
www.artcologne.de