Dubaï ultime à l'Atlantis The Royal
On pensait que l’émirat avait livré toutes ses extravagances. Erreur. Atlantis relève le défi avec une nouvelle adresse qui élève d’un cran sa flamboyance. Gagné, l’hôtel The Royal ne désemplit pas.
D’art et d’éclats. L’Atlantis The Royal déploie sa sidérante silhouette tout au bout du fameux palmier, la création qui donna à Dubaï ses lettres d’audace. A coup de remblais, de sable et de béton, l’arbre-roi des oasis plaque sa silhouette sur les eaux du golfe Persique et déploie ses ramures en courbes élégantes, semées de résidences cossues. Mais au royaume de l’or noir, l’imaginaire ne saurait connaitre de frontière, l’art encore moins. Alors, les architectes (Khon Pedersen Fox) ont suggéré d’étonner, de flamber encore. Dès l’arrivée, œil rond garanti devant l’empilement de 46 parallélépipèdes au look de conteneurs. Sur 500 mètres de long et 185 m de haut (43 étages) leur disposition ne relève évidemment pas de l’académie portuaire mais d’une esthétique de l’équilibre qui signe avec brio le faîte du palmier. Le tout, sous les éclats d’un éternel été. Chapeau, Maestro !
D’eau et de feu. A l’intérieur, le gigantisme (795 chambres et suites) en jette. Les murs vitrés retiennent des cascades bleutées qui jouent avec une flamme impatiente. Au centre de l’atrium, Splash !, la sculpture géante figure une grappe de gouttes d’eau qui éclaboussent le sol de marbre. Cinq tonnes d’acier chromé, 11,50 mètres de hauteur… Plus loin, à l’instar d’une avenue des mille et une folies, les boutiques de luxe et les galeries d’art alignent leurs trésors, Louis Vuitton en tête. Le malletier cosigne cette dédicace hôtelière d’avant-garde en installant plusieurs poupées géantes harnachées de la maroquinerie maison. Dehors, le spectacle continue. Entre bâtiment et plage (2 kilomètres de long), un bassin en forme de coquille Saint-Jacques assure le spectacle, une fois l’heure. La musique des Chariots de feu (Vangelis) rythme jets d’eau, spirales et tourbillons entre les flammes qui jaillissent. De nuit, la scénographie se pare de couleurs, pourpre, bleu, rouge, or... Oui, wahou !
D’or et de marbre. Le show s’admire depuis la terrasse des chambres, vue grand écran en prime. Le regard porte loin, très loin, jusque sur le bouquet de gratte-ciel qui compose l’une des skylines de Dubaï, après avoir volé sur les feuilles du palmier et leurs palais de millionnaires. Une table et deux fauteuils assurent l’agrément de cette loge suspendue sur les couleurs du jour, bleu en matinée, blanc lorsque le soleil frappe fort, or et mystère quand la nuit berce la ville. Sans surprise, l’habitation vibre à l’unisson : moquette céleste, marbre et mobilier chic, lit XXL, bureau et salle de bains pour star (douche pluie et baignoire). Clin d’œil taquin à la frime locale, les objets de toilette mis à disposition, rasoir, peigne, brosse à dents, sont couleur or… Une trouvaille, tout le monde en parle, pas un hôte qui ne les pique. Bonne nouvelle, c’est cadeau.
Bling et blog. Dès sa conception, Atlantis The Royal a vu grand. Les travaux ont duré six ans et coûté environ 1,5 milliard de dollars, un record pour 795 chambres. Inauguré par un concert de Beyoncé (Queen B aurait empoché 24 millions de dollars…), l’hôtel s’impose désormais au carrefour du bling occidental et des très chics traditions arabiques. Les tenants de l’argent facile adorent la compréhension des banquiers de l’émirat et les Dubaïotes s’avouent fans de ces extraversions tombées du ciel. Les uns et les autres se croisent dans une joyeuse cacophonie des genres : casquette logotée d’un créateur de SoHo contre carré Hermès, tatouage ici, henné là-bas, robe filet sur string d’un côté, abaya noire de l’autre, blog en direct pour elle, pause prière pour lui… Mixité acceptée, regards glissés, complicité assumée.
Gourous et agora. Rendez-vous au 22ème étage, Cloud 22, un espace de plein air réservé aux adultes. Deux piscines, un bar pour shaker les cocktails du monde, du champagne de France et des salades italiennes, choisir entre matelas et casitas, puis danser sur la musique venue d’Ibiza et savourer la vue grandiose sur la ville. Pas trop longtemps quand même. Chacun doit garder l’œil sur son smartphone et filmer, histoire de se rassurer, je suis le plus musclé, la plus belle, le mieux tatoué, la mieux dévêtue. Tous trentenaires, ces nouveaux gourous tiennent ici l’agora de leur influence en cultivant l’envie de leurs followers. Des millions de pouces levés et de petits cœurs répondent. The Royal héberge leur triomphe planétaire.
Deux mille et dix-sept. Environ deux mille mercenaires parachutés de Russie, Bali, Inde, Ouganda, Italie, Maroc, Sri Lanka, Colombie, Moldavie… assurent en souriant l’agrément des 1 500 hôtes auxquels s’ajoutent les visiteurs locaux, abaya et jellaba, bambins déjà équipés du dernier smartphone. Ils veillent aussi à la belle tenue de dix-sept restaurants et bars, fiefs de la cuisine méditerranéenne (l’excellent Nobu by the Beach configuré comme la terrasse d’une taverne grecque), indienne, italienne, japonaise, chinoise, iranienne, mexicaine… Et que dire des douze buffets qu’abrite Gastronomy, la salle géante des petits déjeuners ? Choisir sa table et laisser faire. Une cohorte d’assistantes cajole les chafouins du petit matin. Quant aux éveillés, ils tournicotent entre le bar à œufs, la table des fruits et des jus, l’étal de la boulange, le buffet japonais, l’Indien, le rayon des fromages et de la charcuterie, celui des salades, etc. La journée débute avec brio. Le Spa, la salle de sport, les courts de tennis, le jogging en front de mer, le volley sur la plage, on verra plus tard.
Regard et départ. Vient l’heure du départ. La limousine assure le transfert jusqu’à l’aéroport. Coup d’œil sur le parking de la maison qui, aujourd’hui, accueille une rangée de Rolls et de Bentley cabriolet. Entre deux s’immisce une Lamborghini vert pomme, un Urus mauve, une SF90 XX, jaune souligné de bleu, une merveille (1 030 CV), ainsi qu’un imposant Cybertruck Tesla noir intégral (électrique, 600 CV). On savait l’émirat friand d’extrêmes. A l’Atlantis The Royal, elles touchent le ciel. On jurerait qu’il est d’or.
Repas show au FZN
Les curieux d’une expérience gastronomique hors du commun réservent leur table chez FZN, à l’hôtel Atlantis voisin. Le chef suédois désormais mondialisé Björn Frantzen (3 macarons à Singapour) y joue chaque soir sa partition pour une vingtaine de convives (réservation obligatoire), installés autour de la cuisine. Menu imposé, 500 euros les sept plats, dessert compris, vins en sus. Le premier acte se déroule dans un salon douillet. Coupe de champagne en guise de bienvenue, petits fours et présentation des ingrédients qui seront cuisinés. Puis, tel le chemin menant à l’or philosophal, les convives grimpent dans un ascenseur qui débouche sur un couloir sombre. Tout au bout, une porte s’ouvre sur une salle noire. Que commence la fête du palais pendant que la brigade danse autour des feux ! Les assiettes défilent. Choux de Bourgogne sur taco de crustacé, céleri et orange ; carpaccio de coquille Saint-Jacques, crème d’abricot fermenté, navet japonais ; langoustine, bœuf fumé et coquillages ; turbot tapissé de caviar ; pintade rôtie à l’ail des ours ; moules bleues grillées, oignons japonais, lamelle de jambon ; airelles glacées en marshmallows… Petites portions, divines émotions.
restaurantfzn.com
Pratique
Y aller. Les vols directs entre Paris et Dubaï durent 6h30. Consulter Air France (airfrance.fr) ou Emirates (emirates.com). Environ 800 euros AR aux dates les moins courues. Multiplier par quatre en classe Affaires.
Bon à savoir. Pas de visa exigé des Français. Quand il est midi en France, il est 14 heures à Dubaï.
Séjourner à l’Atlantis The Royal. Compter environ 800 euros la chambre double, petits déjeuners inclus.
atlantis.com