Stephen Graham est-il le meilleur comédien du moment ?
Menée sobrement, Time, mini-série sur la culpabilité et la rédemption, met en lumière un acteur extraordinaire.
Mark Cobden (Sean Bean), un soir d’ébriété renverse et tue un homme. Il accepte, non sans dolorisme sulpicien expiatoire, sa peine. Cet enseignant découvre la prison - une comme mille autres sans doute, où se côtoient petites frappes nerveuses, pauvres types que le mauvais sort a déposé là, malfrats pas vraiment repentis. Notre connaissance assez limitée du système carcéral en général et britannique en particulier nous interdit de jurer que la description de leur quotidien est ultra-réaliste, mais elle ressemble d’assez près à l’idée que l’on s’en fait. Une vie en tension perpétuelle et simultanément atonale, infantilisante et brutale. (Les anglophones apprécieront la variété des accents anglais, un régal…) Dans cet univers se détache la figure d’un surveillant, Eric McNally, moins obtus que les autres, mais pas moins rigoureux et soucieux des règles. Hélas, sans dévoiler la nature de ce ressort, il a un point faible, dont certains détenus ont eu vent. Cet environnement n’étant guère favorable aux êtres vulnérables, ils ne vont pas se priver d’user et d’abuser de sa situation. Dans le rôle de McNally, Stephen Graham aimante le regard, phagocyte le récit. Masse fragile, doué d’une richesse expressive unique et d’un génie pour les nuances infimes, les vibrations imperceptibles de l’épiderme et les palpitations du regard, Stephen Graham, découvert dans Line of Duty, mais surtout l’extraordinaire The Virtues (à voir absolument), et bientôt dans la saison 6 de Peaky Blinders, est renversant.
Une mini-série en quatre épisodes. Créée par Jimmy McGovern. Avec Sean Bean, Stephen Graham et Siobhan Finneran. Diffusion sur Canal + les 29 et 30 novembre. En intégralité sur myCanal dès le 29 novembre.