Au cœur de l'agence créative Maybe
Quel est le point commun entre Versace, Louis Vuitton, Jacquemus, Coperni, Miu Miu et Hermès ? Maybe, l’agence créative des directeurs artistiques Charles Levai et Kevin Tekinel, qui collabore avec les plus beaux noms du luxe et de la mode.
Si un duo maîtrise l’art de collaborer, c’est bien celui qui se cache derrière l’agence Maybe fondée en 2019 par Charles Levai, qui a fait ses classes chez le directeur artistique Thomas Lenthal à Paris pendant quatre ans, et Kevin Tekinel, ex- associé du directeur de création Giovanni Bianco, fondateur de l’agence Studio65 à New York, durant sept ans.
D’amis de longue date, Charles et Kevin sont passés à associés et ont fondé leur agence créative qui propose une approche stratégique et pluridisciplinaire aux marques, avec un talent certain pour la vidéo et le monde digital. Ce qui les rend différents de leurs concurrents? “Nous ne sommes pas une grande agence, chaque réalisation est du sur-mesure, mais surtout nous avons beaucoup d’affinités avec les personnes avec qui nous travaillons qui sont plutôt jeunes, et nous pensons que cela se ressent.” S’adaptant toujours aux projets, ils ont l’habitude de conjuguer liberté et contraintes commerciales, que ce soit pour le magazine L’Uomo Vogue ou d’autres marques. “Nous n’avons pas envie que notre patte prédomine, il est toujours question d’adaptation.” Finalement, le point de départ derrière l’agence Maybe, c’est l’amour de la mode. Comme l’explique Kevin Tekinel, “nous sommes fans de mode, et être directeurs créatifs est un moyen de collaborer avec elle. Plus que les arts plastiques ou le graphisme, c’est la mode qui nous a donné envie de faire ce métier”. Fans de mode, ils le sont depuis leur plus tendre enfance. Pour Charles Levai, cela renvoie à l’époque de John Galliano chez Dior, de Tom Ford chez Gucci, puis de Hedi Slimane pour Dior Homme. “Mes parents m’avaient acheté pour mes 11 ans le livre de Tom Ford réalisé par Thomas Lenthal. J’ai toujours été très lié à l’image autant qu’aux vêtements.” Pour Kevin Tekinel, ce sont d’abord les images de cinéma qui ont attiré son regard, avec les films de Fellini comme 8 1/2. Et puis il y a eu son premier stage sur le film Le Diable s’habille en Prada, parfait lien entre le cinéma et la mode. Plus qu’un hasard, une destinée presque toute tracée. Plus tard, Charles s’inscrira aux Arts-décoratifs à Paris, et Kevin choisira une école de cinéma à New York. Au sein de leur agence Maybe, ils ne se sont pas définis des rôles précis, “on aime croiser nos regards. Notre métier est basé sur l ’ idée même de collaboration, avec des photographes, des stylistes, des coiffeurs, des maquilleurs, et bien évidemment des designers”. Concernant leur esthétique, ils la décrivent “assez référencée sans être calquée. Nous aimons mélanger les styles, apprécions autant les photographes des années 50 que ceux de la fin des années 40 ou l’esthétique des années 90, période de notre adolescence”. Chaque projet réalisé est un choix qui les anime vraiment. Et pour eux, il est aussi intéressant de travailler avec des maisons prestigieuses qu’avec de jeunes créateurs. Il y a toujours quelque chose à apprendre, quelqu’un à découvrir, des contraintes différentes à gérer.
Maybe a été fondée quelques mois avant le début de la pandémie, et déjà ils observent un changement. “Dans le style, les marques veulent revenir à quelque chose de désirable, de sexy. Et dans la façon de communiquer, elles veulent être plus singulières. Fini l’époque confortable où on réalisait cinq images et une vidéo pour une campagne publicitaire, le tout signé par un des grands noms de la photographie. Aujourd’hui, nous devons réaliser beaucoup plus d’images et imaginer une campagne print, une campagne Tik Tok, une campagne Instagram. Les marques de mode veulent créer la surprise, ne pas travailler avec la même équipe que leurs concurrents, s’associer à des personnalités inattendues. Le luxe est désormais prêt à travailler avec de jeunes talents.” La mode est donc en totale mutation du point de vue de son image, mais qu’en est-il de sa créativité? Charles et Kevin se disent intéressés de découvrir la première collection de Phoebe Philo pour sa marque éponyme, le travail de Matthieu Blazy chez Bottega Veneta et très excités par l’arrivée de GMBH chez Trussardi.