Hip-hop : le phénomène né dans le Bronx qui a conquis le monde
Deux musées new-yorkais célèbrent cinquante ans de ce style musical, de sa naissance dans le Bronx à son statut actuel de mastodonte planétaire.
Avant que le hip-hop ne devienne un phénomène planétaire, c’était déjà un mode de vie pour toute une communauté qui forgeait ses propres modes d’expression. Dès ses origines dans le Bronx en 1973, le hip-hop est le fruit de la vision innovante de jeunes de couleur qui produisent un art inspiré de leur quotidien. Depuis, le genre s’est répandu dans le monde entier et son impact sur nombre d’aspects de la culture globalisée ne se dément pas.
L’essence du hip-hop réside dans l’accent mis sur une individualité sans compromis. C’est peut-être la raison pour laquelle il a si vite collé avec la mode. C’est à travers ce prisme qu’une communauté traditionnellement exclue des médias grand public en est venue à définir ses propres règles et normes sociales, à donner naissance à une forme d’expression par la mode. Aujourd’hui, cinq décennies après son éclosion, le hip-hop est toujours aussi révolutionnaire.
Deux musées profitent de cet anniversaire pour célébrer cet art multifacette. Le Museum at FIT explore pour la première fois la mode à la lumière d’un courant musical et propose jusqu’au 23 avril “Fresh, Fly and Fabulous: Fifty Years of Hip Hop Style”. Les commissaires Elena Romero et Elizabeth Way ont imaginé une exposition qui fournira aux visiteurs des perspectives sur les nombreuses incarnations du hip-hop.
Plus d’une centaine de vêtements et accessoires sont déployés, parmi lesquels des pièces de Dapper Dan, Tommy Hilfiger, Fubu, Baby Phat, Louis Vuitton, April Walker, Cross Colours, Karl Kani, 5001 Flavors and Pelle Pelle. Sont aussi montrées des pièces rendues iconiques par des célébrités passées et présentes, comme le bandeau Tommy Hilfiger et les jeans baggy d’Aaliyah ; le bob de LL Cool J ; la jupe et la veste Roberto Cavalli en denim brodé de Lil’ Kim en 2003 ; les Adidas à coque de Run DMC ; la robe Mugler vintage portée par Cardi B aux Grammys de 2019 ; et le bustier MCM personnalisé de Beyoncé.
L’exposition met en évidence la relation en constante évolution entre le hip-hop et la mode en examinant un éventail de sujets : la portée du style inédit de Dapper Dan ; l’incursion dans la haute couture et la collaboration avec les labels de designers ; les artistes hip-hop qui ont lancé leur propre marque ; et l’impact du hip-hop sur les tapis rouges.
Le Fotografiska de New York marque aussi ce cinquantenaire avec “Hip-Hop: Conscious, Unconscious”. Cette exposition qui se termine le 21 mai adopte une approche plus intimiste, capturant l’évolution du hip-hop depuis ses origines populaires jusqu’à sa percée et sa mutation en une industrie à part entière. Au fil de plus de 200 photos, l’accrochage lève le voile sur des moments fondateurs qui ont contribué à donner sa forme au genre musical tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Des thèmes comme les “quatre éléments” (le rap, le DJ, le breakdance et le graffiti), le rôle des femmes dans le hip-hop et l’état d’esprit social, économique et culturel dans le Bronx des années 1970 et 1980 sont explorés. Chaque photo raconte un volet important de l’histoire, depuis un reportage dans les rues de New York jusqu’à des images de jeunesse de musiciens au cours de block parties, des photos promotionnelles très travaillées ou des portraits contemporains expérimentaux qui reflètent les intérêts mouvants du hip-hop.
Alors que ce genre reste une source d’énergie qui touche pratiquement tous les aspects de la pop culture, ces deux expositions proposent à l’usage des nouvelles générations une approche contextualisée des pionniers qui ont permis à ce colosse de se développer, et montrent comment les artistes d’aujourd’hui contribuent à enrichir cet héritage crucial.