Comment Andy je t'aime euphorise la pop française
Photographie : Ronald Bellugeon
Vous souvenez-vous de la première chanson que vous ayez chantée ?
"Banana Split" de Lio. Un jour, en maternelle, je suis monté sur une petite scène dans la cour de récréation et là, j'ai chanté devant tous mes copains en imitant Lio.
À quel moment avez-vous eu envie de vivre de la musique ?
Très tôt, à sept ans, quand j'ai commencé à prendre des cours de chant et de théâtre. J'ai immédiatement senti que je me sentais bien sur scène ; que c'était là que je m'épanouirais. Il faudrait qu'un jour je sois, que je vive sur du "plancher".
Vous partagez votre temps entre la musique et le jeu d'acteur...
Je mène les deux de front. Je ne trouve pas ça contraignant, j'ai oublié depuis longtemps l'idée des weekends et des vacances scolaires... L'un nourrit l'autre, forcément. Ma vie est faite de mise en scène. Quoiqu'il y ait une mini schizophrénie, légère, entre la musique et le cinéma.
C'est-à-dire ?
En musique, je fais de la pop euphorisante. Il faut que ce soit chouette, facile, efficace. Au cinéma, je suis dans une dynamique beaucoup plus sibylline de nouvelle garde... C'est loin d'être aussi léger. J'envisage la musique comme un lâcher-prise, une récréation.
Pourquoi Andy je t'aime ?
Parce que j'aime Andy. Andy, c'est l'homme que j'aime. Ce nom m'est venu avant même de faire la musique. Andy est une muse : pas seulement la mienne, celle de plein de gens. Pour moi, c'était du gâchis de vivre avec une muse et de ne rien en faire.
À quel courant, quels artistes vous affiliez-vous ?
Je convoque tellement de fantômes avec moi dans le studio. Mais je ne me dis jamais : "Tiens, je vais faire du Elie & Jacno ; tiens, je vais faire du Jeanne Mas". Je fonctionne par onomatopées et par images, "un piano Polnareff", "une nappe Christophe"... Tout à coup, je parle d'Alizée, tout à coup, de Mika, ça va dans tous les sens. Avec le temps, je pense découvrir moi-même ce qui, au fond, m'a vraiment inspiré.
Pour le clip de "Andy m'aimes-tu ?", vous vous êtes appuyé sur l'oeuvre de Francesco Alberoni...
Le Choc amoureux ! Ce sociologue a étudié l'amour toute sa vie. Selon lui, la rencontre amoureuse applique le même schéma que la révolution collective. Sauf que ça se passe à deux. Avec le metteur en scène Thomas Jolly, nous avons imaginé un clip qui serait l'étayement de ce concept, avec une Marie-Agnès Gillot en Marianne libérant le peuple...
Si vous pouviez voyager dans le temps, je vous retrouverais...
... dans les années 1960. Je naîtrais au tout début des Trente Glorieuses, pour être encore jeune dans les années 1980. C'était une décennie très riche culturellement, avec tous ces ponts entre le Brésil, le Japon... Quand on revoit les micro-trottoirs de l'époque, les gens avaient du vocabulaire. On ne se refusait pas l'intelligence.
Et si vous pouviez vous réincarner en quelque chose ?
Un chat. Mais un chat dans une bonne famille, hein ?!