Clara Luciani : "J’ai l’impression d’être un jeu de société"
Quand tout a commencé pour vous ?
À l’âge de 11 ans, lorsque j’ai reçu ma première guitare. J'ai grandi dans une famille très modeste mais où la musique était au centre de tout. Mon père jouait de la guitare et de la basse sans arrêt, il y avait beaucoup de disques à la maison… C'est donc très naturellement que je me suis mise à écrire des chansons, pas très bonnes d’ailleurs, et dans un anglais très approximatif ! À 19 ans, j’ai rencontré Marlon du groupe La Femme, qui m’encouragée à chanter pour de bon. Il m’a fallu plusieurs projets et une éprouvante rupture sentimentale pour que je me lance en solo…
Et des bonnes fées ?
Oui ! Une fois partie tenter ma chance à Paris, j’ai enchaîné les petits boulots. J’étais vendeuse quand Raphaël m’a appelée pour l’accompagner sur scène. Ça a été ma première grosse tournée. Ensuite, j’ai écrit un mail à Benjamin Biolay où je lui présentais mes chansons. Il a fini par me répondre et m’a proposé ses premières parties. Quand on reçoit bénédiction de quelqu’un qu’on admire, c’est très motivant !
Quelles sont les figures tutélaires qui ont accompagné vos débuts ?
P.J. Harvey, Björk, Patti Smith, Nico et le Velvet Underground. Quant à ma propre musique, je me situe à mi-chemin entre la chanson et le rock, les deux familles dont je me sens le plus proche.
Comment est né votre premier album ?
D’un processus de reconstruction. Suite à un premier EP qui exprimait ma douleur, Sainte Victoire raconte la reconquête de soi, le courage, le goût pour la vie – pour le rire aussi, même si ça s’entend peu ! Il me ressemble davantage.
Pour l’avoir baptisé Sainte-Victoire ?
D’abord, le mot “victoire” est l’un des plus forts et optimistes de la langue française. C’est aussi l’endroit d’où je viens. J’ai des souvenirs très forts de mes parents, ma sœur et moi chantant dans la voiture en roulant dans les collines aixoises…
La Grenade est l’hymne girl power de 2018… Votre public est-il avant tout féminin ?
Sans doute, même si je reçois des messages d’hommes qui me disent qu’en m’écoutant ils remettent en question leurs idées préconçues sur les femmes. Alors que j’avais peur de ne toucher que des jeunes, des messieurs de 60 ans m’écrivent, on m’envoie également des vidéos d’enfants de 3 ans qui dansent sur mes chansons… Bref, j’ai l’impression d’être un jeu de société de 7 à 77 ans et j’adore ça !
Sur scène comme à la ville, vous cultivez un look à la fois boyish et féminin. Quel est votre rapport à la mode ?
Décomplexé ! Je ne suis pas les tendances, je ne regarde jamais ce qu’il faut mettre ou pas. C’est le vêtement seul et l’intemporalité d’un style qui m’intéressent.
Quelles sont les pièces fétiches de votre dressing ?
Mes babies vernies à brides Carel, que j’ai en rouge et en noir, mes mocassins Gucci et mes pantalons noirs taille haute, que je possède en plusieurs exemplaires pour ma tournée. Ils allongent la silhouette, la théâtralisent, bref, ils me donnent confiance pour me lancer sur scène !
Vous avez été invitée par Intimissimi au défilé de Vérone aux côtés de… Sarah Jessica Parker, la nouvelle égérie de la marque !
J’en ai pris plein les mirettes ! Vérone, c’est la ville de Roméo et Juliette, et, même si je lutte contre mon romantisme, il me reprend toujours en Italie ! J’étais aussi ravie de voir Sarah Jessica Parker qui sera à mes yeux toujours Carrie Bradshaw : enfant, je ne loupais pas un seul épisode de Sex and The City.
En quoi les créations Intimissimi vous parlent-elle ?
Dans mes chansons, je prône le fait que l’on peut être femme de mille façons. C’est également ce qu’expriment les pièces d’Intimissimi : de la culotte en coton hyper confortable à la lingerie sous influence Marie-Antoinette, on ose tout. On peut aussi mixer des pièces : j’adore décaler leurs pyjamas kimonos fleuris avec un jean.
Une icône ?
Françoise Hardy. Elle a été très inspirante pour moi, par sa façon blanche de chanter, son rapport à la nostalgie et à sa timidité. Je suis aussi fan de son allure, classique mais aussi avant-gardiste, comme l’a montré sa fameuse robe Paco Rabanne.
Bientôt, vous monterez sur la scène de l’Olympia. Le trac ?
Totalement. Mais j’ai fait pas moins de neuf premières parties à l’Olympia et, à chaque fois, je rêvais que mon nom brille en lettres rouges sur la façade ! Ça va être aussi impressionnant qu’émouvant, je crois…