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A la rencontre de la star de la série évènement It’s A Sin

Éblouissant – dans tous les sens du terme, tant son talent irradie chacune de ses scènes d'un éclat singulier -, dans la mini-série It’s A Sin, Omari Douglas, 27 ans, est appelé à une grande carrière. Cette fresque bouleversante, signée Russell T.Davies, le créateur de Queer as Folk, mêlant gracieusement les dimensions intimes et politiques de l’apparition du sida dans le Londres des années 80, fera date. Cet entretien sera publié fin mars dans le numéro 71 de L’Officiel Hommes.
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Où vous trouvez-vous en ce moment ?

Je partage mon temps entre Wolverhampton, où j’ai grandi, chez ma mère, et Londres.

Comment est née votre vocation ?

J’ai commencé à envisager sérieusement à être acteur, quand j’avais 14 ou 15 ans. L’art a toujours fait partie de ma vie, aussi loin que je m’en souvienne. J’étais sensible à toutes ses formes, la musique, la télévision, la danse, le cinéma. A onze ans, j’ai pu bénéficier de formidables cours de musique, j’ai participé à des groupes, à des chorales, à des spectacles d’écoles…J’étais cependant un peu effrayé à l’idée de me consacrer pleinement à une carrière artistique, j’étais un peu intello, disons. J’ai suivi un cursus classique, j’étudiais l’allemand, la littérature anglaise, tout en continuant à étudier l’art dramatique, la danse et la musique. J’allais voir beaucoup de pièces, je me plongeais dans les programmes, en aspirant à y figurer un jour. Plusieurs personnes autour de moi se lançaient comme comédiens, et ils m’ont inspiré à faire de même. Finalement, j’ai auditionné pour entrer dans une école de théâtre à Londres, l’Arts Educational Schools, pour laquelle j’ai obtenu une bourse. Mon éducation, c’était vraiment les comédies musicales, qui réunissaient tout ce que j’aimais. J’ai eu la chance de participer à beaucoup d’entre elles, de faire des tournées. Ma carrière a pris un autre tour lorsque j’ai rencontré des metteurs en scène qui m’ont encouragé à aller plus loin. Mon agent m’a fait lire le script de It’s a Sin, et le reste appartient à l’histoire !

Quelles ont été vos premières réactions en lisant le scénario ?

Wow ! Je n’avais pu lire que les deux premiers épisodes, mais ce qui m’a marqué c’était l’amitié unissant les personnages, leur vitalité, leurs ambitions. Roscoe fait montre d’une telle détermination à assumer qui il est, il m’a fait une forte impression.

Connaissiez-vous le travail de Russell T.Davies ?

Je savais qu’il avait travaillé sur Doctor Who, même si je ne suis pas un fan de science-fiction, je savais que c’était un phénomène culturel. J’ai été plus marqué par Cucumber, qui a été diffusé en 2015, alors que j’étais à l’école de théâtre. J’avais cinq ou six ans à l’époque de Queer as Folk, et je me souviens surtout de son caractère un peu scandaleux. Pour avoir eu la chance de travailler avec lui, je comprends à quel point son écriture est incroyable, sa vision de la vie tellement précise. J’ai une chance incroyable de faire partie de son œuvre.

Avez-vous besoin de vous retrouver dans un rôle ?

C’est assez instinctif. Roscoe, en l’occurrence, je le comprenais, mais certains traits de son caractère m’entraînaient loin de ma zone de confort. C’était libérateur. Il se moque de ce qu’on pense de lui, il est comme un champ magnétique. Cette volonté de s’affirmer sans aucun filtre, je la trouvais admirable, mais un peu loin de moi. J’avais un rapport plus timide au monde. On a tourné pendant quatre mois, mais très vite, je me suis senti à l’aise dans sa peau.

Est-ce que chaque rôle a un impact sur votre personnalité ?

Totalement. En particulier avec It’s a Sin, où vous vous retrouvez dans un contexte authentique, qui relate une expérience profonde et vous relie à d’autres réalités, vous vous sentez connecté à elles, à des souvenirs, à d’autres personnes. La voix de Roscoe est tellement forte que vivre dans son espace m’a ouvert une porte vers d’autres aspects de ma personnalité, qui peut-être m’effrayaient. J’en ai beaucoup appris.

Vous pouvez me parler des photos accrochées à votre mur ?

Il y a un portrait de Grace Jones, que j’admire : elle est innovatrice, avec un cachet transatlantique, un peu Jamaïquaine (comme moi), un peu Anglaise, un peu Américaine, je l’ai vue en concert, c’était génial. Il y a aussi une affiche de la tournée de Robyn, que j’ai aussi vue vers 2018 je crois, c’est un souvenir incroyable, l’ambiance dans la salle était dingue, l’on sentait de l’amour autour de soi. Il y a une affiche de Chorus Line, ma comédie musicale préférée, une photo de Prince, que j’adore, une autre de Kate Moss avec Naomi Campbell, qui est un modèle pour moi, un poster des Spice Girls, qui m’ont ménagé un chemin vers la culture queer, je les ai vues deux fois en concert en 2019 ! Il y a aussi une photo de Malik Sidibé, un artiste malien que je trouve formidable, et des images prises lors d’un concert de Solange au Guggenheim.

Vous sentiez-vous, en faisant cette série, investie d’une mission ?

Oui. Russell voulait qu’on s’amuse sur le plateau, qu’on soit dignes de ceux et celles qui ont traversé cette époque, fidèles à la joie qui les animait, au plaisir qu’ils prenaient. Qu’on honore cet aspect de leur vie. Quand vous pensez à ces années, votre esprit a tendance à se focaliser le drame et à oublier tout le reste. Cette série est spéciale, elle montre le mouvement de balancier entre la tragédie et la joie, et vous ne pouvez pas comprendre l’impact de la tragédie sans d’abord montrer la joie. Ces personnages ne sont pas des martyrs, ce sont des gens ordinaires, certains très jeunes, qui se découvrent et s’amusent.

J’en ai encore plus conscience du sentiment de devoir que vous évoquez depuis que la série est diffusée, je reçois des messages de partout dans le monde.

Vous partagez quelques scènes avec Stephen Fry, une icône culturelle en Angleterre et une icône gay…

Il est extraordinaire ! Un puits de science, j’en restais béat. Sa générosité rendait le travail avec lui très facile. C’est une âme magnifique.

Avec It’s a Sin, I May Destroy You ou Lovecraft Country, la télévision semble s’engager dans des projets avec un propos sérieux…Cela vous paraît essentiel ?

Tout le monde veut que ses projets aient du sens. Mais toute forme d’art, même légère, a de l’importance. L’universalité tient au besoin de se divertir. Mais les shows évoqués ont permis de changer de paradigme, d’ouvrir un dialogue social et culturel. C’est la force de ce médium.

Quels sont vos projets ?

J’en ai plusieurs…Je peux seulement vous parler de la campagne Simone Rocha pour H&M à laquelle je viens de participer, j’ai adoré pouvoir découvrir le monde la mode.

Que peut-on vous souhaitez ?

Que tout ce qui m’arrive puisse continuer !  

It’s a Sin. Une série de Russell T.Davies. Diffusée en exclusivité sur CANAL+ les lundis 22 et 29 mars à 21H00 et disponible en intégralité sur myCANAL dès le premier jour.

 

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La bande-annonce de It's A Sin

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