26, place Vendôme : l’esprit Boucheron
Boucheron occupe une place à part dans le cœur des amateurs de bijoux. La première raison est simple et évidente : le joaillier, à lui seul, résume et explique l’histoire du goût parisien. Sans entrer dans le détail, disons simplement que ses créations ont embrassé – et souvent initié - l’ensemble des courants artistiques du XXème siècle. Du XIXème aussi d’ailleurs. Le succès de la bague Quatre le prouve. La deuxième raison concerne le fait que la Maison s’est toujours attelée à exalter la liberté de la femme. Et ce n’est pas un slogan creux. Pièces légères et souples, colliers sans fermoir, espièglerie des broches animalières, inventivité des matériaux et des dessins : les bons de commande confirment que de nombreuses clientes achetaient elles-mêmes leurs bijoux chez Boucheron. Etaient-elles ce qu’on appelait à l’époque des cocottes ou des demi-mondaines ? Peu importe, l’histoire retiendra qu’elles étaient avant tout des femmes indépendantes, pleinement déterminées à exercer leur singularité, sans attendre l’autorisation de personne.
Les amateurs de bijoux aiment également Boucheron pour une autre raison : le 26, place Vendôme. Un lieu mythique. La boutique la plus lumineuse de la place. La première aussi. C’est en effet Boucheron qui a mis en orbite la Place Vendôme. Avant cette boutique, tout se passait sous les arcades du Palais Royal, dans le tumulte des grands boulevards, ou, plus rare, dans les vastes boutiques de la toute nouvelle rue de la Paix conçue comme un prolongement du quartier de l’Opéra. Fréderic Boucheron, en choisissant de s’installer au cœur de l’Hôtel de Nocé, a initié un mouvement qui a permis à la Place Vendôme de devenir l’épicentre mondiale de la haute joaillerie. Cet hôtel particulier a retrouvé son lustre et son éclat, après 18 mois de travaux. Visite guidée.
Exposition plein sud
Le 26 place Vendôme, c’est d’abord un lieu de lumière. Si Frédéric Boucheron s’installe dans l’Hôtel de Nocé en 1893, c’est pour l’emplacement idéal du bâtiment, exposé plein sud. C’est encore aujourd’hui la seule maison de joaillerie de la Place Vendôme à être baignée par les rayons du soleil, du matin au soir. C’était d’ailleurs l’un des objets premiers de cette restauration : faire rayonner les différents niveaux en suppriment les surfaces inutiles pour permettre à la lumière extérieure de briller de tout son éclat.
Colonne Vertébrale
Boucheron a pris le temps nécessaire pour exalter les atouts exceptionnels d’un bâtiment élevé en 1717. Deux ans et demi de préparation pour ce chantier qui aura duré, lui, près de 18 mois. Le résultat : un hôtel particulier exceptionnel, un lieu d’émotion où se conjuguent somptuosité et expérience joaillière d’un nouveau genre : ce n’est pas une simple boutique, c’est la colonne vertébrale de Boucheron : 4 étages où se nichent le vaste éventail de savoir-faire de la maison.
Volumes originels
Retrouver les volumes originels, comprendre leurs modifications au fil des siècles. Michel Goutal, architecte en chef des Monuments historiques a effeuillé 300 ans d’histoire pour redonner au lieu son lustre d’antan. Pour ce faire, il s’est entouré des meilleurs artisans français, les représentants des plus beaux métiers d’art de l’architecture.
Hauteur sous plafond
Finis les entresols, les faux-plafonds, les cloisons diverses : la boutique a retrouvé ses sept mètres de hauteur sous plafond et ses panneaux de noyer sculpté. Les boiseries ont L’escalier d’honneur a retrouvé sa noblesse et distribue désormais tous les étages
Papiers peints chinois
L’éclat renouvelé de la Maison a nécessité la présence d’ateliers spécialisés possédant des savoir-faire rares particulièrement appréciés dans les restaurations de bâtiments historiques. Impossible de tous les citer, entre l’Atelier Del Boca pour les plafonds et les plâtres, l’Atelier Mériguet-Carrère pour la restauration des peintures du salon chinois, Delisle pour les luminaires et les lustres ou encore Béatrice Racine qui est intervenue pour la restauration des papiers peints chinois du XVIIIe siècle, redécouverts dans la bibliothèque de l’appartement.
D’hier et de demain
La décoration a été confiée à Pierre-Yves Rochon. Pour exalter l’esprit de famille qui caractérise le lieu, l’architecte d’intérieur français de renommée internationale a mélangé styles et époques, le mobilier contemporain côtoie des objets chinés à Saint-Ouen. Comme si les quatre générations de Boucheron ayant vécu ici avaient apposé leur essence particulière pour mieux fortifier le caractère de la Maison. Plus qu’une adresse somptuaire, le 26 Vendôme est un lieu de vie avant tout.
Habiller l’espace
Nombre d'artisans et métiers d'art ont signé les pièces habillant l'espace : l'artisan miroitier italien Arte Venezia, à la manufacture Zuber pour les papiers peints en passant par la maison Lalique pour certains luminaires…
La vie circule
Une expérience inoubliable, une maison véritablement ouverte : ici, la vie circule entre les salons – salons des Fiancés, salons des Créations - qui gravitent au rez-de-chaussée autour d’une verrière conçue comme un jardin d’hiver. Un spot idéal pour prendre le thé en attendant de choisir son bijou. Le salon des Lumières, éclairé par un lustre somptueux, n’a jamais aussi bien mérité son nom. L’escalier d’honneur mène aux salons plus intimes, réservés aux meilleurs amis de la Maison.
Confidentiel
On retrouve avec plaisir le salon Chinois qui est certainement le salon le plus confidentiel de la Boutique, du moins le plus singulier de la boutique. Il est, comme son nom l’indique, inspiré de la mode asiatique qui a balayé l'Europe à la fin du XIXe siècle. Il attestait avec force l’attrait de la Maison Boucheron pour les horizons exotiques et luxueux. La dimension et les moulures qui ornent ses panneaux ont été faits à la mesure de la pièce. Le « vernis Martin » rouge carmin qui la recouvre, renforce cette atmosphère secrète et confidentielle très prisée à l’époque. Le Salon comportait en effet deux vitrines, dont l’une dissimule encore aujourd'hui une porte dérobée. Idéal pour échapper aux regards indiscrets.
Une heure, une nuit
Nec plus ultra : le deuxième étage de l'Hôtel de Nocé abrite un appartement réservé à ses meilleurs clients. Un appartement, avec bibliothèque, vaste salle à manger, chambre et salle de bains. Pour la décoration, Pierre-Yves Rochon a jeté son dévolu sur une table conçue par Franck Chartrain, une œuvre de l’artiste plumassière Émilie Moutard-Martin, un canapé de Noé Duchaufour-Lawrence, des papiers peints de la maison Pierre Frey. Le tapis de la salle à manger est une création de la maison Tai Ping.
Baignoire avec vue
Salle de bains réserve une surprise de taille : une baignoire offrant une vue plongeante sur la colonne de la place Vendôme, avec en arrière-plan le sommet de la Tour Eiffel. Se reposer, prendre un verre, passer la nuit : le 26 place Vendôme est décidément une véritable maison de famille. N’y manque plus que les ronrons de Wladimir, le somptueux chat noir de Gerard Boucheron qui vivait ici comme chez lui, entre pierres, parures et caresses des clientes. Notre petit doigt nous dit qu’un heureux félin pourrait lui succéder bientôt : un confortable coussin garnissant un luxueux panier n’attend que lui.