Oui, perdre la tête, c'est chic
Le monde dans lequel nous vivons en 2018 est peuplé d'individus au bord de la sortie de route. Le contexte économique et politique va d'ailleurs également dans ce sens. Alors lorsque l'un des plus grands visionnaires mode du moment, comprenez Alessandro Michele, légitime la démence sur le défilé automne-hiver 2018 /19 de Gucci, faut-il se réjouir ? Bien entendu. Car légitimer le tragique, esthétiser le crime et le désordre, est une réaction normale de la scène créative à l'encontre d'un développement social peu engageant. A l'heure où la question de l'avenir se pose de plus en plus - le pétrole tombera de son piédestal, et tout le lobbying qui l'entoure, d'ici 30 ans -, les artistes, libres penseurs, traduisent ce sentiment d'insécurité par une prose presque effrayante, définition même de leur état d'esprit.
Au même moment, c'est également la chanteuse Janelle Monae qui dévoile la couverture de son nouvel album, Dirty Computer, où sa tête gît clairement au sol, entre ses deux longues jambes gansées de latex rouge. Un ultime pied de nez à la cash-machine qu'est devenue l'interprétation musicale, ou une simple envie (gore) de provoquer en mettant en scène sa propre décapitation? Comme à la veille de la Révolution Française, le monde cherche une manière de mettre la population en alerte, soit en s'echappant dans un univers fantastique pour fuir les problèmes, soit en devenant plus que jamais engagé dans la cause en question. Dans tous les cas, une chose est sûre : le changement risque de prendre effet maintenant.